Les rues de LLN

rue Charles de Loupoigne

rue: rue Charles de Loupoigne
canton postal: 1348
localité: Louvain-la-Neuve
description:

Loupoigne

Loupoigne (rue Charles de)                  C6-C7

Conseil communal du 16 septembre 1980.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

*   Thème des figures de nos régions.

La « rue Charles de Loupoigne » porte le nom de Charles Jacquemin, dit cousin Charles de Loupoigne, maquisard qui combattit l’envahisseur lors de la Révolution française.

*    Charles-François Jacquemin ou Jacmin naquit à Bruxelles le 14 mars 1761. Après avoir étudié la chirurgie, puis tâté du commerce de vins, il entama une carrière militaire. En 1790, il combat dans les rangs des « patriotes » puis entre dans l’armée autrichienne où, grâce à la protection de l’archiduchesse, gouvernante des Pays-Bas, il obtient un brevet d’officier. En 1792, lors de la première invasion française en Belgique, il recrute pour l’armée autrichienne. Il reste dans le pays après la seconde invasion, en 1794, et se rend suspect par ses discours et son comportement. Arrêté à plusieurs reprises, il fait de la prison mais est chaque fois libéré. Après l’annexion de la Belgique à la France (1er octobre 1795), Jacquemin prend le grade de « Commandant de l’Armée Belgique », recrute des partisans, notamment en Brabant wallon. C’est ainsi qu’avec un dénommé Lecocq, ardoisier de Villers-la-Ville, il parcourt les ducasses accompagné d’une troupe de jeunes gens de ce village et de localités voisines, Genappe, Houtain, Frasne et Loupoigne où il aurait eu de la parenté, d’où son surnom « Cousin Charles de Loupoigne » ; il exerce cette troupe d’une cinquantaine d’hommes au maniement des armes.

Le 3 janvier 1796, avec ses compagnons, il pénètre dans Genappe aux cris de « Vive l’Empereur », abat l’arbre de la Liberté, piétine la cocarde tricolore avant d’enlever 104 chevaux et un otage. Il se dirige vers Charleroi, mais à Gosselies sa troupe est dispersée. Condamné à mort en février 1797, il entre dans la clandestinité, soutenu par une opinion publique favorable aux rebelles à la présence française. Il se signale par des proclamations et, sporadiquement, apparaît à Louvain, Wavre, Geest-Gérompont et Jauche. Alors que la « guerre des Paysans » a été matée par les troupes françaises sans que l’Armée Belgique n’intervienne, début 1799, suite à une nouvelle levée de conscrits et un faux espoir d’une victoire des troupes alliées sur celles de la France, il se manifeste durant la nuit du 20 au 21 juillet dans la forêt de Soignes, fait des coups de main à Woluwe-Saint-Lambert et Woluwe-Saint-Pierre, à Boitsfort où il capture des agents municipaux, des soldats et le garde général des forêts. Mais très vite, poursuivi et sa bande mise en déroute, il s’enfuit dans des bois entre Neerijsse et Huldenberg. Dénoncé, il est surpris le 30 juillet et abattu ; sa tête est exhibée sur la Grand-Place de Bruxelles. Résistant à l’occupation française, aventurier ?

Tombé dans l’oubli au XIXe siècle, la mémoire de ce personnage connut un destin surprenant dans la première moitié du XXe. À l’initiative du baron Paul Verhaegen (voir Bibliographie ci-dessous), pour qui Charles de Loupoigne était un symbole de l’esprit d’indépendance de la nation belge, une croix de granit fut élevée en 1928 en contrebas du bois où il avait été tué, au lieudit « Klein Waver » sur la commune de Huldenberg, avec inscription en latin : « Non loin d’ici sont tombés morts pour la patrie Charles Jacqmin dit de Loupoigne et ses compagnons, le 30 juillet 1799 ». Mais, à partir de 1933, les flamingants firent de Charles (rebaptisé Charel Poenj) un héros de la résistance à l’influence française et, chaque 30 juillet, vinrent en pèlerinage au monument avec fleurs et discours. En 1941, la croix fut badigeonnée et, sur ordre de la Kommandantur, la commune d’Huldenberg dut la remettre en état. Démolie en 1944, elle fut remplacée par une autre, identique, érigée en 1949. La veille de l’inauguration, elle fut renversée par les riverains en colère. Les organisateurs se résignèrent alors à la transporter et à l’adosser à la chapelle du Kluis dans la forêt de Meerdaal.

Bibliographie : BN, t. X, p. 65-69 ; W. Gaÿ, Charles de Loupoigne, patriote belge méconnu ? Curieuses tribulations du monument commémorant la fin tragique de ce personnage énigmatique, dans Soignes-Zoniën. Bulletin trimestriel des amis de la Forêt de Soignes, 1999, n° 1, p. 10-11 ; E. Martens, Cousin Charles de Loupoigne. Dernier défendeur de l’Ancien Régime. Commandant de l’Armée Belgique, trad. par G. Janssens de Varebeke, Leuven, 1994 ; H. Pirenne, Histoire de Belgique, t. VI, Bruxelles, 1926 ; P. Verhaegen, La Belgique sous la domination française, t. I, Bruxelles, 1922.

C. Muraille

              

              

           

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