Les rues de LLN

rue Constantin Meunier

rue: rue Constantin Meunier
canton postal: 1348
localité: Louvain-la-Neuve
description:

Meunier

Meunier (rue Constantin)                    F5-F6

Conseil communal du 9 novembre 1976.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

*       Thème des figures de nos régions.

*       Thème du patrimoine wallon.

Le quartier des Bruyères est dédié au thème des arts. Un certain nombre de désignations y évoquent les différents arts, les artistes et leurs techniques. La peinture y est ainsi évoquée à travers la « place des Peintres », mais aussi par le rappel de techniques ou d’artistes de nos régions. « Rue Constantin Meunier » (1831-1905) célèbre ce paysagiste, peintre et sculpteur bruxellois, inspiré par la vie des travailleurs et spécialement par celle des mineurs.

*    Constantin Meunier, sculpteur et peintre des réalités ouvrières, né à Etterbeek le 12 avril 1831, mort à Ixelles le 4 avril 1905.

Enfant cadet d’une famille de six enfants, il perdit son père au cours de sa petite enfance et vécut dès lors dans la gêne. Sensible, souvent mélancolique et de santé fragile, Constantin s’éveilla à l’art durant l’adolescence, notamment grâce à son frère aîné, le graveur Jean-Baptiste Meunier. Son premier contact avec la sculpture fut plutôt décevant, car dans l’atelier de Fraikin où il fut engagé jeune, il fut affecté surtout à des besognes peu créatives. Il se tourna alors vers la peinture à l’âge de vingt-deux ans et travailla dans l’atelier de Navez. Sa rencontre avec le peintre réaliste Charles De Groux (1825-1870) orienta son talent. Il fut d’abord peintre et centra sa création sur les réalités quotidiennes et laborieuses des humbles. Les peintures d’inspiration religieuse des années 1860 constituent comme une parenthèse dans son œuvre (Enterrement d’un trappiste, 1860 ; Saint Étienne, 1867). Une autre parenthèse dans sa production comprend les œuvres inspirées de l’Espagne ; en effet, en 1882-1883 il entreprend un voyage en Espagne qui inspirera son tableau Manufacture de tabac à Séville (1889). Une plongée dans la Wallonie industrielle, en compagnie notamment du littérateur Camille Lemonnier, lui révèle la réalité sociale du monde ouvrier. Il visite, entre autres, les mines du Borinage, les établissements industriels du Hainaut, les ateliers du Val-Saint-Lambert à Seraing, les usines Cockerill et se rend compte des conditions de travail. Ce sont ces visions qu’il rendra avec force dans ses œuvres picturales d’abord (Hauts fourneaux, Charbonnages sous la neige, Au Pays noir), sculpturales ensuite.

C’est que, vers 1885, Meunier s’est orienté vers la sculpture sans abandonner les pinceaux. Pendant dix ans, à partir de 1886, il va enseigner la peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Louvain tout en travaillant par pièces à son rêve sculptural qu’il concevait comme un vaste monument : Glorification du travail. Quittant l’agglomération bruxelloise (Saint-Josse, puis Schaerbeek), il vient habiter la petite ville universitaire pendant huit ans. C’est à cette époque qu’il est profondément marqué par la mort de ses deux fils survenue la même année 1894 : Karl, le jeune graveur, et Georges, le marin (Constantin avait épousé en 1862 Léocadie Gorneaux, originaire de Perpignan). Pour tenter d’échapper à sa souffrance, il quitte Louvain et revient s’installer à Bruxelles en 1894. Ayant cessé de peindre vers 1895, il est alors totalement orienté vers la sculpture. C’est à cette époque qu’il produit une série impressionnante de grandes œuvres en bronze (Le puddleur, 1886 ; Le grisou, groupe, 1888-1889) ou de taille plus réduite (Le marteleur, 1890 ; Le vieux cheval de mine, 1890 ; Le tailleur de pierres, 1898 ; Le haleur, statuette équestre, 1901).

Incontestablement Meunier est plus célèbre comme sculpteur que comme peintre. Sans doute est-il l’un et l’autre avec brio, mais on a pu dire que le tempérament du sculpteur l’emporte, même lorsqu’il manie le pinceau. Pourtant, c’est le même art accompli, la même perfection du geste, la même expression de l’humanité travailleuse et souffrante. Artiste réaliste, Meunier évite de tomber dans l’anecdote, il élimine les détails superflus, épure les formes et les expressions pour en arriver au type universel. Il dépasse ainsi le réalisme et se hisse à une sorte de classicisme universel. Toutefois, alors que sa peinture ne s’inscrivait pas dans les courants novateurs de son temps, il a bien davantage marqué et rénové la sculpture. Meunier est un tout grand nom de cet art et, d’ailleurs, Rodin lui a rendu hommage.

Rappelons, pour terminer, que c’est un profil de mineur de Constantin Meunier qui était gravé sur les anciennes pièces de cinquante centimes, puis sur les derniers billets de cinq cents francs belges, diffusés à millions d’exemplaires… C’est aussi une œuvre de Constantin Meunier qui immortalise le Forgeron wallon à Leufstabruk (Uppland, Suède), dans le parc du château de Louis de Geer, ce financier liégeois fondateur au XVIIe siècle des Valonbruk (forges wallonnes) de Suède.

Bibliographie : A. Behets, Constantin Meunier. L’homme, l’artiste et l’œuvre, Bruxelles, 1942 ; J. Destrée, Le monument du travail de Constantin Meunier, dans Wallonia, 1912, juillet-août, p. 379-406 ; DSLA, p. 744 ; L. Piérard, Constantin Meunier, Bruxelles, 1937 ; A. Thiery et E. Van Dievoet, Catalogue complet des œuvres dessinées, peintes et sculptées de Constantin Meunier, Louvain, 1909.

J. Pirotte

→       Borains ; Cockerill ; Geer ; Lemonnier ; Pays Noir ; Peintres ; Puddleur ; Val-Saint-Lambert.

Classé dans : Les Bruyères