Les rues de LLN

rue du Marathon

rue: rue du Marathon
canton postal: 1348
localité: Louvain-la-Neuve
description:

Marathon

Marathon (rue du)                           D4

Conseil communal du 25 février 1975.

Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).

*       Thème du patrimoine européen et universel.

*       Thème des sports.

« Rue du Marathon » évoque la course à pied de grand fond sur route, de 42,195 kilomètres, en souvenir d’un soldat qui porta la nouvelle de la victoire en courant de la ville de Marathon, en Grèce, jusqu’à Athènes.

*    Dans la Grèce ancienne, Marathon était le nom d’une ville et d’un dème (ou circonscription administrative) de l’Attique. La cité était située à proximité de la mer, à une quarantaine de kilomètres au nord-est d’Athènes, et était entourée d’une vaste plaine fertile. D’après les témoignages archéologiques subsistants, l’occupation de la zone remonterait au néolithique. Marathon faisait partie des douze bourgs qui furent unis par le « synœcisme » de l’Attique attribué à Thésée. Mais dès avant cette unification, elle formait, avec les bourgs voisins d’Œnoé, Tricorynthos et Probalinthos, une confédération religieuse connue sous le nom de « tétrapole ».

Marathon a donné son nom à la célèbre bataille qui eut lieu sur son territoire en 490 avant J.-C., à l’occasion de la première guerre médique. Quelques années avant la bataille, Athènes avait été, avec Érétrie (Eubée), la seule parmi les cités grecques à apporter son soutien à la révolte de l’Ionie contre la domination perse. Les Athéniens avaient en effet envoyé un corps expéditionnaire qui avait incendié la ville de Sardes, capitale d’une satrapie. Mais Darius avait répliqué par la destruction de la ville de Milet en 494, et la révolte avait été matée. Non content de ses succès, Darius voulut se venger de l’incendie de Sardes et, au printemps de l’année 490, il envoya vers la Grèce une puissante flotte, qui débarqua en Eubée et prit la ville d’Érétrie. Sentant la menace qui pesait sur Athènes, Miltiade, l’un des hommes les plus influents de la cité, qui était alors stratège, fit appel aux Spartiates qui, sous prétexte d’empêchement religieux, retardèrent leur départ. Comme l’armée perse avait entre-temps débarqué dans la plaine de Marathon, les hoplites athéniens, sous le commandement de Miltiade, se lancèrent le 13 septembre dans la bataille, avec l’aide des seuls Platéens, et infligèrent une défaite cuisante à l’armée perse, qui perdit 6 400 hommes, d’après le témoignage d’Hérodote (Histoires, VI, 117), qui constitue la source principale sur ces événements. Le reste de l’armée perse reprit alors le large avec l’intention de devancer les forces athéniennes et de prendre Athènes par surprise, mais « les Athéniens se portèrent de toute la vitesse de leurs jambes à la défense de la ville ; ils arrivèrent les premiers, en avance sur les Barbares » (Hérodote, Histoires, VI, 115 ; traduction de Ph.-E. Legrand, C.U.F.).

Plutarque, 560 ans après les faits, a repris le récit des événements. Le moraliste grec s’appuie sur les écrits d’Hérodote pour les faits principaux, mais n’hésite pas à ajouter quelques belles anecdotes pour pimenter son récit. L’habile conteur raconte ainsi la superbe et tragique histoire de Philippidès. Chargé d’annoncer la victoire aux Athéniens, le guerrier parcourt d’une traite les 40 kilomètres qui séparent le champ de bataille de la ville d’Athènes et expire après avoir lancé son message.

En 1896, Pierre de Coubertin lance, à Athènes, les jeux olympiques modernes. Séduit par la course tragique de Philippidès, le linguiste français Michel Bréal propose qu’une course relie Marathon au stade panathénien. Le baron hésite devant la distance, mais se rallie à cette suggestion qui ancre davantage les jeux modernes dans l’histoire de la Grèce antique.

C’est un berger grec, Spiridon Louis, qui sera le vainqueur du premier marathon, qui réunit 24 coureurs.

Le marathon entre dans l’histoire du sport, mais ce n’est qu’en 1908, aux Jeux de Londres, que la distance de 42 kilomètres 195 mètres fut définitivement fixée. L’incongruité de la distance est due aux caprices d’une princesse anglaise qui voulut que le départ se donne sous la fenêtre de sa chambre, sur la terrasse du château de Windsor, alors que les organisateurs l’avaient situé à la grille du palais.

Quarante ans plus tard, toujours à Londres, le Nivellois Étienne Gailly devait vivre une arrivée éprouvante qui allait alimenter la légende du marathon. Arrivé le premier sur la piste de Wembley, Gailly s’arrête comme hébété devant 90 000 spectateurs qui l’encouragent en vain.

Complètement épuisé, il voit passer ses deux plus proches poursuivants et c’est en marchant et en titubant qu’il décrochera malgré tout une superbe médaille de bronze.

Si les grands marathons populaires ont sans doute démythifié l’épreuve, ils ne l’ont pas banalisée pour autant. Le marathon reste une belle aventure pour tous ceux qui en prennent le départ. Ce n’est pas par hasard si ce sont des marathoniens qui marquent le « quartier sport » de Louvain-la-Neuve. Le marathon fait partie du patrimoine sportif et symbolise l’effort et le dépassement de soi. Installée à l’entrée du quartier de Blocry, l’œuvre monumentale de Gérard Wibin est une invitation au sport. Les coureurs en mouvement entraînent les sportifs vers les piscines et le Centre sportif.

L’œuvre, intitulée Le mur du marathonien, fait référence au jargon des coureurs qui parlent de buter contre le mur lorsqu’ils connaissent une défaillance. Des marathoniens amateurs locaux ont recueilli de la terre du site grec dans un « témoin » qu’ils ont ramené à Louvain-la-Neuve après l’avoir porté en courant, sur les traces de Philippidès, de Marathon à Athènes.

Ce témoin est enfoui en dessous du Mur du marathonien.

Bibliographie : Y. Leroy et C. De Bast, La course en fête, Gamma, 1984 ; H. Lohmann, Marathon, dans Der Neue Pauly. Enzyklopädie der Antike, sous la dir. de H. Cancik et H. Schneider, t. VII, Stuttgart-Weimar, 1999, col. 844-845 ; The Oxford Classical Dictionary, sous la dir. de S. Hornblower et A. Spawforth, 3e éd., Oxford-New York, 1996, p. 921, 1145-1147 ; R. Sowerby, The Greeks. An Introduction to their Culture, Londres-New York, 1995, p. 36-39.

O. De Bruyn et Yves Leroy

→       Coubertin ; Coureur de fond ; Discobole.

Classé dans : L'Hocaille