Les rues de LLN

passage de l'Ergot

passage de l'Ergot
1348
Louvain-la-Neuve

Ergot

Ergot (passage de l’)        D6

Conseil communal (?).

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

*    Thème du passé universitaire.

Le « passage de l’Ergot » rappelle le journal étudiant L’Ergot, organe de la Fédération wallonne des Étudiants de Louvain, dont le nom lui-même avait été choisi par allusion au Coq hardi, emblème de la Wallonie.

*   L’Ergot, organe officiel de la Fédération wallonne des Étudiants de Louvain (janvier 1932-juin 1942 ; février 1949-mai 1964).

Le premier numéro de L’Ergot paraît le 20 janvier 1932, animé par Léopold Derbaix, le président de la Fédé, Marc Delforge, Jean Fosty et Élie Lanotte entre autres. La reproduction d’un ergot illustre la devise du journal : « Je suis là pour défendre et non pour attaquer ». Quant aux objectifs de l’équipe, il s’agit d’affirmer leurs « aspirations de chrétien, de Belge et de Wallon ».

La dimension culturelle est prioritaire jusqu’en 1935, quoique Amand Géradin évoque le problème wallon sur le plan économique. À partir de l’année académique 1935-1936, le journal est dirigé par une équipe dynamique sous la houlette du rédacteur en chef, Willy Bal. L’équipe s’attelle à développer la réflexion sur le problème « communautaire », sur la question wallonne et surtout elle vise l’approfondissement de la conscience wallonne. Aussi les responsables de L’Ergot s’attachent-ils à définir le régionalisme qu’ils appellent de leurs vœux. La région est une communauté concrète, faite de rapports nécessaires, fort proche de l’homme. Selon eux, le régionalisme est à la fois une défense morale, une revendication d’ordre économique et une revendication concernant les libertés administratives, soit la revendication de l’usage de compétences régionales. En outre, les dirigeants du journal s’ouvrent au Mouvement wallon, preuve en est : échos de l’Action wallonne, de la Défense wallonne, de la Wallonie nouvelle ; invitation de François Bovesse ; hommage à Jules Destrée à l’occasion de son décès ; en 1938-1939, participation au Congrès culturel wallon et compte rendu du IXe Congrès de Concentration wallonne ; entretiens avec Élie Baussart, Arille Carlier et Paul Collet.

Au point de vue d’une éventuelle réforme de l’État, la plupart des dirigeants de L’Ergot de la deuxième partie des années 1930 sont d’accord pour une décentralisation. Par contre, certains, tel Albert Hachez, la trouvent insuffisante et estiment que c’est vers un « fédéralisme plus ou moins poussé » qu’il faut s’orienter.

Il faut noter que, le changement des équipes de direction ayant généralement lieu à chaque nouvelle année académique, les préoccupations wallonnes ne se maintiennent pas toujours avec la même intensité. Toutefois, de manière globale, le souci de la Wallonie et des problèmes qui la concernent reste constant, car cette Wallonie a besoin de toutes les énergies.

L’Ergot ne reparaît pas à la rentrée académique 1942-1943. À la fin de l’année précédente, le journal avait publié une enquête de la Fédé d’où il résultait que les professeurs wallons étaient minoritaires par rapport à leurs homologues flamands et bilingues. De même, les étudiants en médecine du régime français étaient désavantagés quant aux moyens de formation professionnelle mis à leur disposition. Le recteur, Mgr Van Waeyenbergh, n’appréciant guère cette initiative, jugea le commentaire de L’Ergot « irrespectueux et même injurieux ».

Après l’intermède de Chantecler, de janvier 1946 à décembre 1948, l’Ergot reparaît en février 1949. Sauf à de rares exceptions, le journal d’après-guerre est moins engagé à propos de la Wallonie et de sa situation. La question de la présence de la section française de l’Université catholique à Louvain retient davantage l’attention des responsables.

Toutefois, quelques jalons sont à relever : au cours de l’année 1952-1953, le rédacteur en chef, Pierre Ghislain, souhaite qu’un séminaire d’économie wallonne soit créé à l’Institut des sciences économique ; en octobre 1955, L’Ergot invite les étudiants à s’informer sur les travaux du Conseil économique wallon et, en novembre, il publie une étude sur la démographie wallonne. En novembre 1959, l’un des rédacteurs relève qu’au plan démographique, des politiques différentes devraient être appliquées à la Flandre et à la Wallonie ; au niveau économique, l’ « industrie défaillante » de la Wallonie requiert des mesures de soutien, alors que la priorité est donnée à la Flandre.

L’Ergot des trois premières années de la décennie 1960 est marqué par l’engagement d’Armand Lepas, directeur puis rédacteur du journal. Il reproche à la Fédé d’ignorer les progrès de l’idée fédéraliste dans les milieux ouvriers actifs de Wallonie. Aussi, pour l’aider à se forger une opinion objective à ce sujet, à l’opposé du simplisme de la Libre Belgique, Lepas propose la création d’un séminaire d’études wallonnes auquel collaboreraient des étudiants en économie, en sociologie et en sciences politiques. En outre, il assure une information sur la situation économique wallonne : il synthétise le Rapport du Conseil économique wallon pour 1960 et 1961 ; en décembre 1960, il analyse la situation du Hainaut et s’interroge sur les moyens à mettre en œuvre pour le sauver de l’agonie ; en mai 1961, il publie une étude du directeur du Conseil économique wallon, Jean Charpentier, intitulée Économie wallonne.

L’inquiétude suscitée par le Walen buiten mobilisera dorénavant de plus en plus les dirigeants de L’Ergot.

À l’ouverture de l’année académique 1964-1965, L’Ergot a cessé d’être l’organe officiel de la Fédé wallonne ; il est devenu celui de l’Association générale des étudiants de Louvain (AGL).

Bibliographie : EMW, t. I, p. 564-572, et t. II, p. 615-623.

M. Libon

→   Coq Hardi.

              

              

Classé dans : Centre Ville