Les rues de LLN
rue de l'Escaut
Escaut
Escaut (rue de l’) [abandonné]
Conseil communal du (/).
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème des cours d’eau de Wallonie.
Lors de la construction de la zone de la « rue Charlemagne », la Commission proposa de développer l’évocation de la Wallonie à travers ses cours d’eau [PV 54]. Finalement, cette thématique n’a pas été retenue et on lui a préféré celle de la construction européenne : la « rue de l’Escaut » s’est donc appelée, non « rue de la Constitution européenne », comme proposé au départ [PV OL 3], mais « rue de l’Union européenne » [PV OL 6] …
L’escaut (en néerlandais de Schelde), est un fleuve qui prend sa source à Gouy, près de Saint-Quentin, traverse la Belgique et se jette dans la Mer du Nord aux Pays-Bas (355 kilomètres). Les principales villes traversées sont Cambrai, Valenciennes, Tournai, Audenarde, Gand et Anvers. Son bassin versant est de 21 860 kilomètres carrés.
L’Escaut a été utilisé pour la navigation fluviale au moins depuis l’antiquité romaine (Tournai doit son origine à un portus romain) et a joué un rôle important dans le développement de nos régions (Flandre, Brabant et Hainaut). Après le traité de Verdun de 843, l’Escaut deviendra une frontière naturelle entre la Francie occidentale (avec un Marquisat des Flandres comme marche nord) et la Lotharingie, puis entre la France et le Saint-Empire, différenciant, de part et d’autre du fleuve, une Flandre royale et une Flandre impériale (IXe siècle-1529). Si la Bataille des Éperons d’or de 1302 marque une date importante dans les rapports tendus entre Flandre et France (ils le sont également avec l’Empire), il faudra attendre les progrès de l’unification bourguignonne et le traité de Cambrai (1529) pour que tout lien entre le Comté de Flandre soit rompu avec la France et qu’il devienne définitivement terre d’Empire… Outre son rôle économique, l’Escaut joue également un rôle culturel comme vecteur d’une architecture scaldienne, romane puis gothique, dont la cathédrale de Tournai est une brillante illustration.
Sous le Régime français, l’Escaut donna son nom à un des « neuf départements réunis ». À la suite de la bataille de Fleurus (26 juin 1794), qui provoqua la retraite des troupes coalisées contre la France (Royaume-Uni, Autriche et Hanovre), cette dernière décida de l’annexion, le 1er octobre 1795, des Pays-Bas autrichiens, des principautés de Liège et de Stavelot-Malmedy, ainsi que du duché de Bouillon. Les traités de Campo-formio (1797) et de Lunéville (1801) en confirmeront l’appartenance française. Ces nouveaux territoires furent d’emblée organisés en neuf départements ne correspondant que de loin aux anciennes principautés (l’intention était précisément de réduire les particularismes d’Ancien Régime) : l’ancien comté de Flandre fut ainsi démantelé en deux départements de la Lys et de l’Escaut. Le département de l’Escaut, dont la préfecture était Gand, comptait six arrondissements administratifs : Alost, Audenarde, Eeklo, Gand, Saint-Nicolas et Termonde. Moyennant quelques adaptations, ces neuf départements serviront de cadres aux provinces (ici, province de Flandre orientale) du Royaume des Pays-Bas (1815-1830), puis du Royaume de Belgique. Avec une nuance notable cependant : après la campagne des Dix-Jours, déclenchée le 2 août 1831 par les Pays-Bas qui refusaient de ratifier le traité des XVIII articles, le jeune État dut faire appel aux puissances pour garantir son indépendance. Le prix à payer en fut le traité des XXIV articles (1839), qui consacrait, outre le renoncement définitif au Limbourg hollandais et au Luxembourg germanique, la perte de la Flandre zélandaise (le nord de l’Escaut, de la Mer du Nord à Anvers) et le contrôle hollandais sur les bouches du fleuve.
Signalons aussi l’existence, dans les anciennes Provinces-Unies, d’un éphémère département d’Escaut-et-Meuse, avec Middelbourg comme chef-lieu et correspondant approximativement à l’ancienne province de Zélande. Créé par la République batave (1798), il retrouva son nom de département de Zélande après le coup d’État de 1801, avant de s’appeler finalement département des Bouches-de-l’Escaut (1811), après l’annexion du Royaume de Hollande par la France (9 juillet 1810).
Bibliographie : La Belgique française, sous la dir. d’H. Hasquin, Bruxelles, 1993 ; S. Dubois, La Révolution géographique en Belgique. Départementalisation, administration et représentations du territoire, de la fin du XVIIIe au début du XIXe siècle, Bruxelles, 2008 ; Géographie de la Belgique, Bruxelles, 1992 ; A. Lefebvre, Histoire d’un fleuve. L’Escaut : 400 kilomètres de villes et de traditions, Cambrai, [2000] ; R. Stuyck, De Schelde. Van bron tot monding, Tielt, 1987 ; M. Voiturier, P. Meire et J. Decreton, Escaut : fleuve sans frontière. France, Belgique, Hollande (Coll. L’esprit des lieux), Bruxelles, 2001.
L. Courtois
→ Charlemagne ; Meuse ; Union européenne.