Les rues de LLN

Collège Jacques Leclercq

Collège Jacques Leclercq
1348
Louvain-la-Neuve

Leclercq

Leclercq (Auditoires)                       E5-E6

Leclercq (Collège Jacques)                  E5-E6

Leclercq (parking)                           E6

Domaine universitaire (auditoires, collège et parking).

Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).

*   Thème des figures de nos régions.

*      Thème des sciences humaines.

*      Thème des toponymes descriptifs.

Au départ, c’est le bâtiment de la Faculté des sciences économiques, sociales et politiques (inauguré en 1976) qui fut dénommé « Collège Jacques Leclercq ». De là le nom des auditoires qu’il abrite et du parking qui le dessert.

*    Jacques Leclercq naît à Bruxelles le 3 juin 1891 dans une famille de la haute bourgeoisie libérale. À l’âge de quinze ans, il entame des études de droit à l’Université libre de Bruxelles ; il les poursuivra, deux ans plus tard, à l’Université catholique de Louvain, d’où il sort docteur en droit en 1911. Parallèlement, il suit une formation philosophique à l’Institut supérieur de philosophie consacrée par une licence, en 1913, et un doctorat, en 1914. Entré au séminaire de Malines cette année-là, il sera ordonné prêtre trois ans plus tard.

Professeur de troisième latine au Collège Saint-Louis, à Bruxelles, de 1917 à 1921, Jacques Leclercq rejoint la Faculté de philosophie et lettres de l’Institut Saint-Louis qu’il quitte, en 1938, pour l’Institut supérieur de philosophie et la Faculté de philosophie et lettres de l’Université catholique de Louvain. Dans l’entre-temps, en novembre 1926, il fonde la Cité chrétienne, qui paraîtra jusqu’en 1940. En 1961, il est admis à l’éméritat et se retire sur les hauteurs de Liège, à l’ermitage du Caillou blanc.

Outre son œuvre intellectuelle importante et ses divers engagements pastoraux, Jacques Leclercq s’intéresse aux problèmes belges. Si, dès les années 1920, c’est la question flamande qui l’interpelle, il faut attendre 1938 pour qu’il s’exprime sur la problématique wallonne. Le Congrès doctrinal de l’ACJB qui se tient à Liège en avril lui est l’occasion d’engager les Wallons à former une « communauté populaire [...] consciente de ses destinées, de sa vocation propre, et fière de sa grandeur ». Mais s’il insiste sur l’aspect culturel de cette communauté, Jacques Leclercq tait l’aspect politique du problème, faisant fi des positions du Mouvement wallon et de certains de ses organes, telle l’Action wallonne, l’un et l’autre particulièrement actifs dans la Cité ardente.

L’arrivée de Jacques Leclercq à Louvain où il a l’occasion d’être en contact avec des étudiants wallons lui permet, sans doute, d’approfondir sa réflexion au sujet de la Wallonie. Quoi qu’il en soit, un numéro spécial de la Cité chrétienne, daté du 20 mai 1939, présente une Contribution à l’étude des problèmes wallons, d’où l’aspect politique est à nouveau absent. Dans son introduction, Jacques Leclercq estime que le « mouvement flamand est l’occasion qui fait naître la question wallonne » et « rend nécessaire que les Wallons prennent conscience de leur communauté ». Néanmoins, il poursuit : « la prise de conscience wallonne est un bien pour le pays wallon, car les Wallons ont entre eux une communauté qui les distingue » des Flamands et des Français. Aussi, l’action de la Cité chrétienne, revue « d’expression française », s’intéresse-t-elle à la « constitution d’une communauté française de Belgique, française non au sens politique, mais au sens culturel, communauté wallonne par conséquent ». Il n’est pas possible de savoir si les étudiants wallons de l’Université catholique de Louvain ont pris connaissance de ce numéro de la revue. Par contre, ce qui est sûr, tant en 1935 qu’en 1941, c’est le rejet par certains responsables de l’Ergot, l’organe officiel de la Fédé wallonne des étudiants de Louvain, de la confusion entre « Belge d’expression française » et « Wallon ».

Toutefois, des contacts suivis se nouent entre Jacques Leclercq et plusieurs étudiants wallons de la Fédé. Il ressort, de ces entretiens, la publication d’une brochure, datée d’avril 1945 et intitulée Y a-t-il une question wallonne ? Publiée par Rénovation wallonne, signée par vingt-cinq étudiants wallons membres de la Fédé mais en réalité rédigée par Jacques Leclercq, la brochure aborde clairement la dimension politique du problème. L’équipe se prononçait pour un État belge composé de « deux Sous-États, wallon et flamand », déterminant, chacun, « la forme de gouvernement qui leur conviendra ».

Désormais, Jacques Leclercq continuera de se préoccuper de la Wallonie. En mars 1945, il publie un article de soutien dans Forces Nouvelles, le périodique né à l’initiative de la famille Levaux, à Liège. L’hebdomadaire se fixe comme objectifs la formation d’une conscience wallonne, la reconstruction de la Belgique sur une base fédérale et la décléricalisation de la politique par le soutien à la formule travailliste de l’Union démocratique belge. En mai, une réunion chez Jacques Leclercq jette les bases du mouvement Rénovation wallonne dont il sera membre du Comité consultatif central. Toujours en mai, invité par l’A.P.I.A.W., il donne une conférence à Châtelet au cours de laquelle il se prononce pour le fédéralisme. Mais à partir du mois d’août, il n’aborde plus la question wallonne. Selon P. Sauvage, le motif de son silence est « la disparition du climat de liberté qui avait régné après la libération. Le cléricalisme refait surface ». Si Jacques Leclercq reprend la plume, à la demande de Témoignage chrétien, au lendemain de l’effacement du roi Léopold III en août 1950, l’article dans lequel il se prononce pour un fédéralisme basé sur la région, soit la position de Rénovation wallonne, ne sera pas publié.

L’année 1962 voit s’engager au Parlement les discussions des projets de lois linguistiques. En novembre, sous le titre État homogène ou État fédéral ?, Jacques Leclercq autorise la publication dans l’organe de Rénovation wallonne de l’interview qu’il donnait, deux ans plus tôt, au président du mouvement, Robert Royer. En janvier 1963, à l’initiative du président et du secrétaire du Grand Liège, Georges Thone et Jules André, deux militants wallons n’appartenant pas au monde catholique, et avec l’appui de Jacques Levaux, il accepte de donner son avis sur la nécessité de l’engagement des catholiques pour assurer l’avenir de la Wallonie. Il s’attache à montrer que la question wallonne est une question d’ordre politique, hors de toute considération religieuse. Il expose le projet de régionalisme fédéral de Rénovation wallonne ainsi qu’un projet de décentralisation provinciale et, surtout, il démontre que l’autonomie politique de la Wallonie serait favorable aux catholiques wallons, débarrassés de leur dépendance à l’égard des catholiques de Flandre. Tirée à 21 000 exemplaires, la brochure fut généralement très bien accueillie, y compris dans les milieux extérieurs à la sphère catholique.

Si Jacques Leclercq publie encore quelques articles sur la problématique wallonne, à partir de 1966, c’est le problème du Walen buiten qui retient toute son attention.

Jacques Leclercq s’est éteint à Beaufays, dans son ermitage du Caillou blanc, le 16 juillet 1971.

Bibliographie : EMW, t. II, p. 930-932 ; P. Sauvage, La Cité chrétienne (1926-1940), Paris-Gembloux, 1987 ; Id., Les catholiques et la question wallonne. Jacques Leclercq (Écrits politiques wallons, n° 2), Charleroi, 1988.

M. Libon

Classé dans : Centre Ville