Les rues de LLN

promenade du Pays Mosan

promenade du Pays Mosan
1348
Louvain-la-Neuve

Pays Mosan

Pays Mosan (Promenade du) D6-D7

Conseil communal du 30 septembre 2005.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

* Thème des gentilés.

* Thème du patrimoine européen et universel.

* Thème du patrimoine wallon.

Ce nom désigne un sentier qui longe le centre commercial du côté de Lauzelle. Comme il conduisait à l’hôtel universitaire « Le Relais », il fut un temps question de l’appeler « chemin du Relais » [PV 41], jusqu’à ce que la fermeture de l’établissement soit évoquée… Sans être à proprement parler un gentilé, l’évocation du pays mosan s’inscrit cependant dans le prolongement des voiries proches du Centre ville qui se rattachent à ce thème (« voie des Condruziens », « voie des Hennuyers », etc.) [PV OL 3]

* L’épithète « mosan » est une construction relativement récente, fondée sur le procédé logique, assez fréquent dans la langue française, autorisant à former des adjectifs à partir de leur racine latine. Il apparaît pour la première fois dans le Guide du Voyageur en Ardenne, publié à Bruxelles, en 1856. L’auteur, qui n’est autre que l’historien Adolphe Borgnet, imagine un dialogue animé entre deux voyageurs. L’un d’entre eux, persuadé de la supériorité des attraits touristiques de la Rhénanie, prend en dérision un de ses amis en le traitant de « mosan fanatique ». L’invention du terme « mosan », que l’auteur transcrit alors prudemment en italique, se justifie par la complémentarité sonore évidente qu’il constitue par rapport à l’épithète « rhénan », dont l’usage était depuis longtemps attesté. Sous le regard de l’esthétique, l’utilisation de « meusien », strictement équivalent au point de vue sémantique, n’aurait pas présenté le même intérêt littéraire.

« Mosan » est, à présent, parfaitement intégré dans la langue française et s’applique à quantité de choses différentes. Ainsi, d’un point de vue géographique, il sera question du bassin mosan. En géologie, on évoquera les sédiments, les grès et les marbres mosans. On parlera également de faune et de flore mosane. Sous une toute autre optique, il sera fait mention du Pays mosan pour désigner les territoires baignés par la Meuse, de Givet à Maastricht. L’appellation « art mosan », enfin, est couramment utilisée pour désigner les œuvres issues des centres artistiques actifs au sein de l’ancienne principauté ecclésiastique liégeoise et dans ses environs directs durant la période médiévale.

C’est l’archéologue français Charles de Linas qui, le premier, employa le terme pour désigner les orfèvreries, les ivoires et les manuscrits qu’il avait eu le loisir d’admirer à Liège, en 1881, lors de la grande exposition d’art ancien organisée dans le cadre des festivités du cinquantenaire de l’indépendance belge. Le terme connaîtra par la suite une certaine fortune et sera appliqué aux diverses productions artistiques émanant de ce territoire, non seulement pendant l’âge d’or des XIe-XIIIe siècles, mais in extenso durant tout le Moyen-Âge. La sphère artistique mosane, dont la zone d’influence débordait amplement des limites de la principauté de Liège, englobait les villes portuaires de Verdun, Dinant, Namur, Huy, Liège et Maastricht, mais aussi Tongres, Saint-Trond, Maaseik, Susteren, Averbode, Stavelot-Malmedy et Aix-la-Chapelle. L’art mosan, lui-même issu des traditions carolingiennes et ottoniennes, ne peut donc être considéré ni comme un art wallon à proprement parler, ni bien entendu comme un art flamand, mais il les précède et les annonce tous deux avec brio et splendeur.

Bibliographie : L’art mosan. Liège et son pays à l’époque romane du XIe au XIIIe siècle, sous la dir. de B. Van den Bossche, avec la coll. de J. Barlet, Liège, 2007 ; Les arts au  Moyen-Âge, dans Histoire de la Wallonie, sous la dir. de B. Demoulin et J.-L. Kupper, Toulouse, 2004, p. 126-163 ; S. Balace, Historiographie de l’art mosan, Thèse de doctorat inédite en histoire de l’art, Université de Liège, Liège, 2009 ; Catalogue de l’exposition Rhin-Meuse, Cologne-Bruxelles, 1972 ; F. Rousseau, La Wallonie, terre romane suivi de L’art mosan, Charleroi, 1993 ; Id, La Meuse et le pays mosan. Leur importance historique avant le XIIIe siècle (Annales de la Société archéologique de Namur, t. XXXIX, Namur, 1930), réédité en 1977 ; J. Stiennon, L’art mosan, dans Wallonie, t. I, p. 231-250.

S. Balace

           

Classé dans : Lauzelle | Centre Ville