Les rues de LLN

parvis Saint-François

parvis Saint-François
1348
Louvain-la-Neuve

Saint-François

Saint-François (parvis) E5

Conseil communal du 3 septembre 2002.

Toponyme créé (toponyme descriptif).

* Thème du folklore et des traditions populaires de Wallonie.

Désigne naturellement l’espace situé devant l’Église Saint-François [PV 53].

* Saint italien, surnommé « Il Poverello » (le petit pauvre), fondateur de l’ordre mendiant des Frères mineurs ou franciscains. Né en 1181 (ou 1182) à Assise en Italie centrale (Prov. de Pérouse, Ombrie), François est le fils de Pietro Bernardone, un riche marchand de draps. Ce nom « Francesco » (c’est-à-dire le Français) lui vient de la sympathie que nourrissait pour la France son père qui fréquentait les foires de Champagne. Après une jeunesse insouciante, il rompt en 1206 avec sa famille et une existence mondaine et commence une vie simple d’errance et de prédication, qu’il veut proche de l’Évangile. Attirés par son message et sa personnalité, quelques compagnons le rejoignent et vivent avec lui en confrérie. Il les appelle « frères mineurs », c’est-à-dire petits, vivant de simplicité et de pauvreté évangélique. Les frères doivent gagner leur nourriture en travaillant, notamment dans les fermes, sans accepter d’argent. Des disciples de plus en plus nombreux affluent et, à contrecœur, François est contraint en 1217 de donner un début d’organisation à ce qui deviendra l’Ordre des franciscains. Il entreprend un voyage en Égypte sur les pas des croisés (cinquième croisade), est rempli d’horreurs devant les massacres et rêve de convertir le sultan (1219). Ayant abandonné la direction de son ordre, il en rédige pourtant en 1221 la première règle (Regula prima), suivie en 1223 d’une mouture plus juridique. Il se retire dans son ermitage d’Assise en 1224 et, affaibli par la maladie, meurt en 1226. Il a écrit quelques prières, des poèmes où se manifeste sa proximité avec la nature et avec Dieu (Cantique du frère soleil, Cantique des créatures). Sa vie simple a inspiré des récits légendaires pleins de charme (les Fioretti, recueil anonyme du XIVe siècle).

François d’Assise et le mouvement qu’il met en route s’inscrivent dans un courant chrétien de réaction contre l’évolution de l’Église institutionnelle de ce temps et pour un retour à un christianisme plus évangélique. Il a été précédé dans cette voie par d’autres, notamment le mystique italien du XIIe siècle Joachim de Flore (Gioacchino da Fiore, 1202) ou le Lyonnais Pierre Vaudès (ou Valdo, après 1206), tous deux prêchant un retour à la pauvreté évangélique. Dans le cas de François d’Assise, le mouvement de contestation prophétique perdit de sa radicalité lorsque les franciscains furent officiellement reconnus comme un ordre religieux au sein de l’Église. L’Ordre des Frères mineurs fut en effet approuvé par le pape Honorius III en 1223. Prédicateurs mendiants et itinérants à l’origine, les Franciscains furent peu à peu amenés à adopter une vie plus conforme aux normes des autres ordres religieux (vie conventuelle, études). Par la suite, différents mouvements de réforme amenèrent la scission en branches distinctes, actuellement au nombre de trois principales : les Frères mineurs, les Conventuels qui se séparèrent en 1517 et les Capucins nés d’une réforme de l’ordre en 1526. Pour les femmes, François collabora avec Claire d’Assise (Chiara Offreduccio, 1253) pour fonder en 1213 un pendant féminin : l’Ordre des pauvres dames ou Clarisses. Sa fête est célébrée le 4 octobre.

Mieux que beaucoup d’autres, Ernest Renan a décrit le côté fascinant du personnage : « Après Jésus, le Poverello est l’homme qui a eu le sentiment le plus vif de sa relation filiale avec le Père céleste. Sa vie est une perpétuelle ivresse d’amour divin. Son œil, clair et profond comme celui de l’enfant, a vu les derniers secrets, ces choses que Dieu cache aux prudents et révèle aux petits. Ce qui le distingue en son siècle et dans tous les siècles, ce qui fait sa haute singularité, c’est d’avoir, avec une foi et un amour sans bornes, entrepris l’accomplissement du programme de Galilée. Il ne dédaigne rien ; il aime tout ; il a une larme et une joie pour tout ; une fleur le jette dans le ravissement ; il ne voit dans la nature que des frères et des sœurs ; tout a pour lui un sens et une beauté. On connaît ce cantique admirable qu’il appela lui-même le Chant des créatures, le plus beau morceau de poésie religieuse depuis les Évangiles. On peut dire que, depuis Jésus, François d’Assise a été le seul parfait chrétien ».

Grâce à sa personnalité attachante et à sa simplicité, François d’Assise est un des saints les plus populaires du monde chrétien. Il est considéré, vu ses origines familiales et la robe de bure que portaient les franciscains, comme le patron des fabricants de draps et des matelassiers. Par ailleurs, sa proximité avec la nature et sa bonté envers les animaux lui ont fait jouer un rôle dans le mouvement scout catholique, puisqu’il fut choisi comme patron des louveteaux. Toute une littérature à l’usage des jeunes (biographies, prières, contes) et une iconographie propre au louvetisme (images, dessins au pochoir, objets divers) ont alors fleuri à partir du milieu des années 1920. Dans ce contexte, l’épisode du loup de Gubbio, tiré des Fioretti, fut souvent mis en scène comme symbole d’une fraternité avec la nature et pour signifier la sublimation des instincts ravageurs désormais mis au service du bien.

En Wallonie, le nom François est très répandu (Françwès). Un dérivé enfantin liégeois de ce nom a donné naissance à une marionnette emblématique de l’esprit populaire liégeois : Tchantchès. Dans les rues de Louvain-la-Neuve, le « clos Tchantchès » rappelle ce personnage populaire. François d’Assise a été choisi comme patron de la paroisse et de l’église de Louvain-la-Neuve, dont la première pierre fut posée le 26 mars 1983 et dont les plans ont été dessinés par l’architecte wallon Jean Cosse.

Bibliographie : L’almanach des vieux Ardennais. Traditions et saints de l’automne, Bastogne, 1997, p. 112-116 ; A. Colignon, Dictionnaire des saints et des cultes de Wallonie. Histoire et folklore, Liège, 2003, p. 191-192 ; J. Cosse, Église Saint-François d’Assise à Louvain-la-Neuve (extrait du Bulletin de l’Académie royale de Belgique. Classe des Beaux-Arts, 1987, n° 10-11, Gembloux, 1987, p. 331-368 ; Th. Desbonnets et D. Vorreux, Saint François d’Assise. Documents, écrits et premières biographies, Paris, 1968 ; O. Englebert, Vie de saint François d’Assise, 3e éd., Paris, 1982 ; C. Frugoni, Saint François d’Assise. La vie d’un homme, Paris, 1997 ; E. Renan, Nouvelles études d’histoire religieuse, Paris, 1884 ; Th. Scaillet, De Mowgli à saint François. Pour une histoire « catholique » du Livre de la jungle ?, dans Rêves de chrétienté. Réalités du monde. Imaginaires catholiques, sous la dir. de L. vanYpersele, Paris-Louvain-la-Neuve, 2001, p. 315-337.

J. Pirotte

* Église ; Tchantchès.

              

              

     

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