Les rues de LLN
audtoires Socrate
Socrate
Socrate (auditoires) D5
Socrate (parking) D5
Domaine universitaire (auditoires et parking).
Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).
* Thème du patrimoine européen et universel.
* Thème des sciences humaines.
* Thème des toponymes descriptifs.
C’est finalement le nom retenu en 1995 pour désigner le futur grand auditoire des nouvelles facultés de psychologie et de philosophie, et de là, tous les auditoires du nouveau bâtiment [PV 38]. S’agissant du plus grand amphithéâtre de Louvain-la-Neuve à l’époque (675 places), L’idée de « reprendre » le terme « Aula » à la tradition louvaniste (« Grote » en « Kleine Aula ») avait été évoquée, mais a été finalement réservée pour l’actuelle « grande Aula ».
* Né d’un sculpteur et d’une sage-femme, l’Athénien Socrate (469-399 av. J.-C.) a profondément influencé l’histoire de la philosophie, bien qu’il n’ait rien écrit. Sa vie et ses préoccupations philosophiques nous sont principalement connues par les œuvres de ses contemporains Platon et Xénophon.
Vivant humblement, Socrate ne quitte guère sa cité, si ce n’est pour assumer ses devoirs de citoyen-soldat, lors de campagnes militaires durant lesquelles il s’illustre par son courage. Socrate ne craint pas non plus de s’opposer au pouvoir en place, quand des décisions injustes sont, ou risquent d’être, prises. Il refuse ainsi, en tant que prytane, la proposition — jugée illégale par certains — de mettre aux voix le jugement collectif des généraux, certes vainqueurs lors de la bataille des Arginuses (406), mais coupables de ne pas avoir veillé à ramener les corps des marins. Deux ans plus tard, il refuse de participer à un assassinat politique organisé par les trente tyrans qui gouvernent alors Athènes. Depuis 435 environ, Socrate enseigne, gratuitement, dans l’espace public, en dialoguant avec qui il rencontre, poursuivant inlassablement son but : rendre ses interlocuteurs plus sages, en leur faisant prendre conscience de leur ignorance. Cette mission, il considère l’avoir reçue du dieu, afin de stimuler les Athéniens, « comme un taon stimulerait un cheval » (Platon, Apologie de Socrate, 30e). Parmi ses disciples figurent de jeunes nobles athéniens, tels Alcibiade ou Platon. En 399, Socrate est accusé par trois de ses concitoyens d’impiété et de corruption de la jeunesse. Retenu coupable, il propose comme peine d’être nourri au Prytanée, aux frais de la cité, pour le restant de ses jours. Son ironie est mal perçue par les 501 jurés qui le condamnent à mort. L’exécution est retardée pour des raisons religieuses ; malgré les pressions de ses amis, Socrate refuse de s’évader, respectant les lois de la cité et la sentence, en buvant la ciguë.
Les dialogues qu’entame Socrate, aussi bien avec le tout-venant qu’avec des sophistes ou hommes politiques, sont à la base de sa méthode. Par le biais des questions-réponses, il amène son interlocuteur à examiner des concepts moraux fondamentaux, comme le Bien ou la Justice, à s’interroger sur ses savoirs ou ses présupposés et à en évaluer la validité. Socrate teste ainsi la cohérence logique des idées qui lui sont exposées, en les confrontant à d’autres points de vue, aussi plausibles, que son vis-à-vis est prêt à admettre. Il réussit ainsi à démontrer l’incohérence des idées de son interlocuteur. Cette pratique de l’elenchos, ou de réfutation, qualifiée de méthode socratique, permet au philosophe d’attirer l’attention sur les erreurs de raisonnement et de prouver que les individus — notamment les hommes politique — qui prétendent détenir un savoir, à propos de la gestion publique par exemple, n’en possèdent pas. Ce faisant, le but de Socrate est de rendre meilleur ses concitoyens, de les pousser à améliorer leur manière de penser et à clarifier leurs idées sur la vertu et la bonne conduite. Il en vient ainsi à « accoucher les esprits » (maïeutique), qui peuvent désormais départager les conceptions vraies de celles qui n’apparaissent qu’illusoires. La connaissance qui en est issue forme le socle de la morale socratique : il suffit de connaître le bien pour l’accomplir, tandis que le vice se ramène à l’ignorance.
Socrate est généralement considéré comme le « père de la philosophie ». Non seulement, il est le premier à ne pas se préoccuper de l’étude de la nature et à porter la réflexion philosophique exclusivement sur les « affaires humaines ». Mais il est aussi à la base d’un genre philosophique, le dialogue socratique, et d’un grand nombre d’écoles philosophiques antiques, que l’on pense à Platon, au cynisme, à l’hédonisme ou encore au stoïcisme ou à la Nouvelle Académie.
Si l’on reconnaît aujourd’hui qu’il est utopique de reconstituer précisément l’enseignement originel de Socrate – qui n’a rien écrit –, il n’en reste pas moins passionnant de se pencher sur la manière dont ce philosophe a inspiré les générations, de Platon à Hegel, Kierkegaard ou Nietzsche.
Bibliographie : L.A. Dorion, Socrate, Paris, 2004 ; A. Gomez-Lobo, Les fondements de l’éthique socratique, Lille, 1996 ; G. Vlastos, Socrate. Ironie et philosophie morale, Paris, 1994 ; F. Wolff, Socrate, Paris, 1985.
F. Van Haeperen
→ Aula ; Aula Magna.