Les rues de LLN

rue Robert Goffin

rue Robert Goffin
1348
Louvain-la-Neuve

Goffin

Goffin (rue Robert)    [en réserve]

Conseil communal du (/).

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

*   Thème des figures de nos régions.

*    Thème des littérateurs wallons ou régionalistes.

*    Thème de la littérature belge de langue française.

C’est à la demande de Valmy Féaux, ancien bourgmestre d’Ottignies–Louvain-la-Neuve et par ailleurs acteur émérite de théâtre dialectal, que fut adoptée l’idée de réserver ce nom dans la thématique des littérateurs de nos régions. Originaire du Brabant wallon (Ohain) dont il a chanté la beauté, militant wallon, etc., il y a plus d’un point commun entre les deux hommes [PV OL 1].

*   Robert Goffin (1898-1984) est un Brabançon wallon qui a chanté la terre où il est né. Avocat mais aussi poète et essayiste, il a également été un grand amateur de jazz. Il se réfugie aux États-Unis pendant la guerre 1940-1945. C’est un militant wallon qui a fait redécouvrir les Wallons de l’étranger, notamment ceux de New York et de Suède.

Robert Goffin est né le 21 mai 1898 à Ohain, en Brabant wallon. Son grand-père, pharmacien, l’élève et lui communique son amour de la Wallonie ainsi que son goût pour Napoléon (il a été témoin de l’inauguration du monument à l’Aigle blessé de Waterloo en 1904) et pour Victor Hugo. Cet attachement à la Wallonie et à la France remonte à sa petite enfance. Fils de mère célibataire, il n’aura jamais honte de ses origines. Il fait ses études primaires à l’école communale d’Ohain. Destiné par sa mère, très pieuse, à la prêtrise, il commence ses humanités au Petit Séminaire de Basse-Wavre, d’où il est renvoyé en 1916 pour cause d’indiscipline. Il finit ses humanités classiques à l’Athénée de Saint-Gilles, où il a notamment Paul-Henri Spaak et Paul Delvaux comme camarades. Son premier recueil poétique, Le Rosaire des Soirs, est publié en 1918.

L’Université libre de Bruxelles, fermée pendant l’occupation, rouvre ses portes en 1919. C’est alors qu’il s’y inscrit et fréquente les cours de philosophie et lettres préparatoires au droit. C’est à cette époque qu’il rencontre entre autres Jules Romain, Henri Michaux, René Purnal, Odilon-Jean Périer et Charles Plisniers, avec lesquels il se lie d’amitié. C’est par Ernest Moerman, poète namurois, qu’il découvre le Mouvement wallon, qu’il fréquente « l’avant-garde wallonne » et fait la connaissance de l’abbé Mahieu. À l’occasion d’un voyage à Paris, en 1922, il rencontre Max Jacobs et Marc Chagall. C’est aussi à cette époque qu’il découvre le jazz, passion qui ne le quittera plus. Il en deviendra un éminent spécialiste. Il y consacre un recueil de poèmes en 1922, Jazz-Band, puis plusieurs essais dans les années 1940. Il est reçu docteur en droit en juillet 1923. En 1925, il plaide avec succès sa première affaire, en obtenant l’acquittement pour une mère infanticide. Le 15 septembre 1926, il est inscrit à la Cour d’appel de Bruxelles. En tant qu’avocat, il publie entre 1927 et 1930 plusieurs codes et manuels sur le droit financier.

Mais ses vraies passions sont le jazz, la littérature et la poésie. Il crée avec des amis une formation musicale dans laquelle il est trompettiste. Il fréquente les milieux littéraires de l’époque, dont le groupe La Lanterne sourde de Paul Vanderborght. Robert Goffin est un bon vivant, il aime la musique, la gastronomie et les femmes. Il épouse Suzanne Lagrange en 1928. Six mois après leurs noces, elle est victime d’un accident et restera handicapée jusqu’à sa mort en 1965. Il lui vouera toute sa vie une profonde tendresse et il surpassera cette mauvaise fortune en ayant une productivité débordante. Il joue de la musique et écrit sur des sujets très variés : des romans, des recueils poétiques, une sorte de guide gastronomique (Routes de la gourmandise, 1936), des essais sur les animaux, sur la poésie, sur l’histoire et sur le jazz. En 1932, il publie Aux frontières du Jazz, préfacé par Marc Orlan, première histoire musicale du jazz qui rencontrera beaucoup de succès auprès du public. Dans tous les domaines qui l’intéressent, Robert Goffin a su déployer et faire prospérer son talent aux multiples facettes.

Il publie en 1938 Chère espionne !, roman de l’amitié franco-belge, dédicacé « à tous nos amis de Belgique qui luttent pour la France éternelle ». Un an plus tard, en 1939, il crée l’hebdomadaire Alerte, contre la neutralité en politique et pour une alliance avec la France. Il rédige aussi pour le périodique du Cercle des étudiants wallons de l’Université libre de Bruxelles La Faluche, un article à propos de La Grandeur de la France.

En raison de ses idées ainsi que ses critiques envers Léon Degrelle et les nazis, il se voit contraint d’émigrer aux États-Unis en mai 1940. Il fui vers le Sud jusqu’au Portugal où il embarque vers New York. Il reste exilé cinq ans et y demeure très actif. Il crée La Voix de France, gazette pro-gaulliste, écrit des romans (la plupart de romans d’aventures et un roman sur la résistance en Belgique) et plusieurs ouvrages consacrés au jazz. Grâce à l’intervention de Paul-Henri Spaak, il devient « interprète des service belges de la propagande ». Il a pour mission de promouvoir la Belgique et faire connaître l’attitude du roi en tant que commandant de l’armée. En effet, dès le début de la question royale, il prend la défense de Léopold III. Il rédige, en novembre 1940, puis publie Le roi des Belges a-t-il trahi ?. Même s’il avait adhéré à l’idée d’une union avec la France, il essaye d’expliquer le comportement du roi afin éviter que le trouble ne se répande parmi le peuple belge. Son argument est que « le roi a été trahi par De Man » en juillet 1940 ; si Léopold III n’a pas suivi le gouvernement et est resté au pays, c’était parce qu’il voulait partager le sort de ses soldats. Dans le cadre de cette propagande belge, il se déplace à travers tous les États-Unis pour donner des conférences en anglais sur la guerre et la résistance en Europe. Il publie alors la première édition d’un livre sur les Wallons fondateurs de New York (qui sera réédité en Belgique en 1970), est nommé citoyen d’honneur de la Nouvelle-Orléans et enseigne l’histoire du jazz à la New School for Social Research de New York.

Il revient en Belgique en 1945 et y retrouve sa toge, mais sans renoncer à aucune de ses passion : l’écriture et le jazz. Il écrit principalement de la poésie, mais aussi des conférences, des articles de presse, des romans et des essais. Il est édité aux États-Unis et ses livres sont traduits en plusieurs langues. Il écrit même les sous-titres en français du film Autant en emporte le vent. C’est à l’époque qu’il rencontre, entre autres, Paul Éluard, Jean Cocteau et Aragon, avec lesquels il se lie d’amitié. Il est fait membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises le 18 avril 1953, où il y reprend le fauteuil de Charles Plisnier. Il est également nommé président du PEN Club de Belgique en 1954, puis vice-président du PEN Club international. C’est à ce titre qu’il visitera tous les continents dans les années 1950 et 1960. En tant que Président du groupe du Conseil des communes d’Europe du Mouvement fédéraliste européen, (1970), il fait campagne pour l’élection directe du Parlement européen. Membre de la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie avant la Seconde Guerre mondiale, il sera de 1973 à 1980 un des administrateurs de l’Institut Jules Destrée, où il a publié Les Wallons fondateurs de New York (1970), Souvenirs à bout portant. Poésie. Barreau. Jazz (1979) et Souvenirs avant l’adieu (1980). Il y dédie un poème à sa terre natale, le Brabant wallon, où il rappelle son attachement à la culture wallonne et à la France. Cet attachement est présent d’ailleurs à travers toute son œuvre, il ne se montre cependant jamais nationaliste ou chauvin. Il décède à Ohain, village de sa naissance, le 27 juin 1984, âgé de 86 ans.

Bibliographie : A. Bosquet, Robert Goffin (coll. Poètes d’aujourd’hui), Paris, 1966 ; EMW, t. II, p. 734-735 ; A. J.-M. Horremans, Robert Goffin, le poète au sang qui chante (coll. Figures de Wallonie), Charleroi, 1976 ; J.-P. de Nola, Robert Goffin, poète, Paris, 1973.

S. Lemaître

→    Jessé de Forest ; Michaux ; Plisniers.

Classé dans : Lauzelle