Les rues de LLN

route de Mont-Cornillon

route de Mont-Cornillon
1348
Louvain-la-Neuve

Mont-Cornillon

Mont-Cornillon (route du)  C5-C6

Conseil communal du 16 décembre 1996.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

*    Thème du patrimoine religieux wallon.

*    Thème du patrimoine européen et universel.

La « route du Mont-Cornillon » prolonge la « route du Longchamp » du côté du quartier de Lauzelle.

*   Le Mont-Cornillon à Liège est surtout célèbre par la figure de sainte Julienne (1192/3-1258) qui a favorisé de toutes ses forces la création de la Fête-Dieu (Corpus Christi). Il ne faut cependant pas oublier que Cornillon a été occupé par deux institutions religieuses différentes, une abbaye de prémontrés sur le haut de la colline et, en bas, la léproserie où vécut Julienne. Venant à la suite d’une communauté augustinienne (1006), l’abbaye des Douze Apôtres, sur le haut, comportait en 1124 une communauté mixte, dont la partie féminine fut transférée la même année à l’hôpital de Reckheim. Trop exposée aux voleurs et aux brigands, l’abbaye norbertine se transporta en 1288 au couvent de Beaurepart (Bellus reditus), habité en dernier lieu par les chanoines réguliers de Saint-Victor. Ce couvent fut cédé aux prémontrés par l’évêque de Liège en échange de Cornillon qui devint une forteresse puis une chartreuse (1357), supprimée en 1796. Les Petites sœurs des pauvres occupent aujourd’hui cet emplacement consacré au home Saint-Joseph. Quant à l’abbaye de Beaurepart, légalement supprimée en 1796, elle fut cédée à l’évêché par Napoléon en 1809, l’ancien hôtel de l’abbé devenant la résidence de l’évêque et les autres bâtiments le séminaire diocésain.

Au XIIe siècle, la léproserie du Mont-Cornillon se composait d’une communauté religieuse masculine sous la conduite d’un prieur et d’une communauté féminine régie par une prieure. À l’âge de cinq ans, Julienne orpheline fut confiée avec sa sœur Agnès aux sœurs de Cornillon. Julienne apprit à lire la Bible et les psaumes ; elle manifesta un goût particulier pour la liturgie et l’eucharistie. Sa charité et sa clairvoyance favorisèrent sa réputation de sainteté. Vers 1210, elle eut des visions dont elle garda le secret pendant une vingtaine d’années ; elle voyait le disque de la lune avec une fraction manquante. Après bien des efforts, elle comprit la portée de ce signe : il s’agissait de l’Église à qui il manquait une fête en l’honneur du sacrement du corps et du sang du Christ. Elle s’en ouvrit à son amie Ève, recluse auprès de la collégiale Saint-Martin, et par elle, au chanoine Jean de Lausanne qui interrogea à son tour plusieurs dominicains, professeurs de théologie à Liège, et Hugues de Saint-Cher, provincial des dominicains, mais aussi Guyard, évêque de Cambrai, et Jacques Pantaléon de Troyes, archidiacre de Campine (diocèse de Liège), futur Urbain IV, qui furent tous favorables. Mais d’autres ecclésiastiques s’opposèrent à ce projet, estimant qu’une nouvelle fête était superflue. Vers 1230, Julienne devint prieure au Mont-Cornillon et entreprit de renforcer la vie religieuse de la communauté, ce qui lui valut une franche opposition. La situation resta confuse de 1238 à 1240, après la mort de l’évêque Jean d’Eppes et avant la venue du nouvel évêque Robert de Thourotte. Un nouveau prieur fut nommé au Mont-Cornillon, très proche des bourgeois de Liège désirant garder leur influence à la léproserie, et opposé à Julienne. Après un coup de force des habitants de Liège, Julienne dut s’enfuir à Saint-Martin. Le nouvel évêque Robert de Thourotte rétablit Jean comme prieur, introduisit la règle de saint Augustin et s’opposa à la mainmise des laïques. Julienne put rentrer. L’évêque institua la fête du Saint-Sacrement pour le diocèse de Liège en 1246, puis mourut quelque temps après. La venue d’un nouvel évêque, Henri de Gueldre, et les changements d’alliance compromirent à nouveau la situation de Julienne qui s’exila d’abord à Namur, puis à Fosses (territoire liégeois) où elle mourut. Finalement Jacques Pantaléon, devenu le pape Urbain IV, promulgua la fête à l’usage de l’Église universelle par la Bulle Transiturus de 1264. L’auteur de l’Office romain de la fête appelé Sacerdos n’est autre que le théologien saint Thomas d’Aquin. Quant à l’hospice de Cornillon, il fut supprimé en 1797. En 1860, l’évêque de Liège, Mgr de Montpellier, y installa une communauté de carmélites qui aujourd’hui encore y assurent le relais de la prière.

Bibliographie : J. Cottiaux et J.-P. Delville, Ève, Julienne et la Fête-Dieu à Saint-Martin, dans Saint-Martin. Mémoire de Liège, sous la dir. de M. Laffineur-Crepin, 1990, p. 31-46 ; J.-P. Delville, Vie de la vénérable Julienne de Cornillon. Édition critique et traduction française, Louvain-la-Neuve, 1999 ; R. Forgeur, Les prémontrés à Liège : les abbayes de Cornillon et de Beaurepart, dans Le grand séminaire de Liège. 1592-1992, sous la dir. de J.-P. Delville, Liège, 1992, p. 235-245 ; Fête-Dieu (1246-1996). Actes du colloque de Liège, 12-14 septembre 1996, sous la dir. de A. Haquin, Louvain-la-Neuve, 1999 ; MB, t. II, p. 218-236 ; MPr, t. II, p. 357-360 ; PMBW, t. III, p. 296 ; RTAP, t. I, p. 1603 et t. II, p. 1892-1893.

A. Haquin

              

Classé dans : Lauzelle