Les rues de LLN

place de l'Escholier

rue: place de l'Escholier
canton postal: 1348
localité: Louvain-la-Neuve
description:

Escholier

Escholier (place de l’)                          E7

Conseil communal du 17 décembre 1974.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

*        Thème du passé universitaire.

La « place de l’Escholier » porte un nom archaïque qui fait allusion à l’ancienne tradition universitaire. Ce fut également le titre d’un journal des étudiants francophones de l’Université de Louvain.

*       L’histoire de L’Escholier de Louvain mériterait une étude systématique, tant en raison de sa longévité (une vingtaine d’années) qu’en raison de sa très bonne tenue intellectuelle (de nombreux professeurs ou futurs professeurs y apportèrent une contribution, parfois plus qu’épisodique). À défaut de pareille étude, cependant, force est de s’en remettre à une analyse rapide et forcément superficielle de la collection conservée à l’Université.

« Organe de la Maison des Étudiants », la feuille estudiantine commença sa carrière au cours de la Seconde Guerre mondiale, sous le titre Les Carnets de l’Escholier (avec probablement deux numéros parus en 1942 et un en 1943), puis sous l’appellation Les Cahiers de Louvain (d’après la collection universitaire, il n’y aurait eu qu’un numéro publié en avril 1945). Elle se présentait sous la forme d’une brochure au format 16 x 24 cm, très bien imprimée, malgré les circonstances, sur du papier de qualité et avec une typographie soignée. Après le conflit, le journal parut sous la même forme mensuellement sous le titre L’Escholier de Louvain et ce, à partir de décembre 1945 (d’après ce numéro 1 de la 2e année [1945-1946], quatre numéros auraient paru antérieurement…). En 1951-1952, à partir du n° 3 de février 1952, l’organe de la Maison des Étudiants s’appela simplement L’Escholier et, après avoir essayé un format plus petit pendant quelques mois (16 x 20 cm), continua de paraître mensuellement sous sa forme traditionnelle jusqu’en 1958-1959. À partir de 1961-1962 (18e année, n° 1), le journal devint bimensuel et passa au format A4, mais pour un an seulement : dès l’année suivante, il redevint mensuel, tout en conservant son format A4, et ce, jusqu’à sa disparition, au plus tôt après l’année 1962-1963, qui vit sa fusion, toujours sous le titre de L’Escholier, avec la revue étudiante Balisage.

Sur le plan institutionnel, L’Escholier se voulait simplement, comme nous l’avons dit, l’émanation de la Maison des Étudiants. Celle-ci avait été mise sur pied par l’abbé Havet durant la guerre, en donnant semble-t-il une forme plus institutionnelle au centre créé antérieurement par le chanoine Jadin. Installée d’abord au 24 de la rue des Joyeuses Entrées, elle déménagea en 1949 au 5 de la Grand-Place, dans un superbe bâtiment néo-gothique situé à côté de l’Hôtel de ville et mis gracieusement à la disposition des étudiants par la Banque nationale. Conçue comme un lieu de rassemblement et de coordination de l’ensemble des activités et organisations des étudiants francophones de l’Université, la Maison offrait une infrastructure susceptible d’accueillir les activités de ces derniers (salles de réunion et salle de lecture), leur offrait divers services (notamment en matière d’impression de cours) et hébergeait une série d’associations et de responsables du mouvement étudiant. En 1953, par exemple, y trouvaient asile l’Union générale des étudiants d’expression française (UG), le président de la Fédération wallonne des étudiants (Fédé), le directeur du Service d’impression des cours, les délégués du Cercle médical Saint-Luc, du Cercle industriel, du Cercle international et de la Route universitaire, ainsi que les principaux rédacteurs de la presse estudiantine francophone : ceux de L’Ergot, organe officiel de la Fédé regroupant les cercles régionaux wallons, de L’Avant-Garde, organe indépendant des étudiants d’expression française, et de L’Escholier, … organe de la Maison des Étudiants.

Du point de vue rédactionnel, L’Escholier se voulait la voix et le reflet des préoccupations des étudiants francophones, tout en étant ouvert, du moins à ses débuts, à la problématique wallonne, et peut être défini comme une revue universitaire d’intérêt général. Dans le premier numéro des Carnets de l’Escholier (1942), la feuille étudiante se définissait d’abord comme « un organe qui réunisse les idées, les œuvres, les aspirations des étudiants d’expression française », tout en ajoutant qu’elle ambitionnait également d’« être l’expression de la vie […] régionale, wallonne ». En janvier 1953, dans un article de mise au point sur le rôle de la Maison des Étudiants, l’abbé J. Mogenet, son directeur, insistait davantage, quant à L’Escholier, sur sa volonté d’être représentatif des étudiants d’expression française. Il le définissait par ailleurs comme un journal fait par des étudiants et traitant de tous les problèmes estudiantins : « non seulement de ceux qui concernent leurs intérêts immédiats, matériels ou autres, […], mais de tous ceux qui sont susceptibles de répondre aux questions qu’ils se posent, tant dans le domaine de la littérature que de la philosophie et de la religion, des questions sociales ou économiques, voire politiques, pour autant qu’elles soient d’actualité et qu’elles intéressent le milieu universitaire ». C’est effectivement une bonne présentation de ce que fut le journal au cours de ses vingt années d’existence.

Animé par une équipe d’étudiants qui se recrutaient eux-mêmes d’année en année, L’Escholier sut s’attacher le concours de personnalités éminentes du monde académique (Léopold Genicot, Jacques Leclercq, Léon van der Essen, Fernand Baudhuin, etc.) et susciter la collaboration d’une « élite » d’étudiants dont beaucoup s’illustreront plus tard dans la vie publique (Jean-Émile Humblet, Guy Spitaels, René Lamy, Jean Delfosse, Yves de Wasseige, etc.) ou à l’Université (Jean Ladrière, Georges Thinès, Robert Bultot, Jacques Taminiaux, René Lavendomme, Adolphe Gesché, Rudolf Rezsohazy, et bien d’autres). En ce sens il a été un terreau fertile où un grand nombre de jeunes talents ont pu trouver leurs premières racines et une pépinière de cadres pour la société d’après-guerre.

Bibliographie : G. Fransen, La Maison des étudiants, dans Louvain, mars 1950, n° 1, p. 12-21 ; J. Mogenet, Maison des étudiants, dans L’Escholier, 10e année, n° 3, janvier 1953 ; M. Clairbois, La maison des Étudiants, dans Louvain, 1962, n° 1, p. 11-15.

L. Courtois

→        Ergot.

     

Classé dans : Le Biéreau