Les rues de LLN

place des Brabançons

place des Brabançons
1348
Louvain-la-Neuve

Brabançons

Brabançons (place des) E7

Conseil communal du 17 avril 1973.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

* Thème des gentilés.

Dans le quartier du Biéreau, toute une série de toponymes évoquent les « pays » de la Wallonie, en nommant leurs habitants. La « place des Brabançons », renvoie à la désignation, depuis le Moyen-Âge, des habitants du Brabant : du « Pays de Brabant » (« Pagus Bracbatensis »), d’abord, du « duché de Brabant », ensuite, qui s’y constitue à l’époque des principautés territoriales. C’est plutôt la notion de « pays », au sens géographique, qui est évoquée ici, tandis que la « voie du Roman Pays » (créée en octobre 1975) évoque plutôt la dimension politique et administrative ancienne. Le « boulevard du Brabant wallon » ainsi nommé en juin 2004), est lié quant à lui à l’évolution institutionnelle du pays et à la création, en 1993, de la « jeune province » de ce nom.

* Le Brabançon est considéré depuis bien avant l’indépendance de la Belgique comme un habitant de la province du Brabant. En 1963, celle-ci a été démantelée en trois arrondissements qui, en 1993, ont donné naissance à la région de Bruxelles- Capitale, à la province du Brabant flamand et à la province du Brabant wallon.

Historiquement, la province du Brabant fait partie d’un vaste territoire qui s’étend grosso modo du nord du Hainaut jusqu’au Brabant hollandais. Cette situation va perdurer jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, le duché du Brabant ayant alors une extension maximale, depuis la région de Gembloux au sud à Bois-le-Duc au nord, côtoyant ainsi la Meuse. Le régime français décide la création, par substitution au Brabant autrichien, de deux nouveaux départements, celui de la Dyle et celui des deux Nèthes ; ceux-ci donneront le jour, après 1815, aux provinces de Brabant et d’Anvers. Selon Philippe Godding, de ces anciennes entités, le Brabant wallon trouve un rôle qui lui permet d’affirmer son identité sur le plan institutionnel depuis plus de six siècles.

Parler du Brabant c’est en réalité évoquer plusieurs entités territoriales distinctes mais se superposant partiellement selon les critères pris en considération. Si on s’en tient à l’espace naturel, le Brabant coïncide au compartiment central des bas plateaux limoneux qui couvrent tout le nord de la Wallonie. Coincé entre le plateau du Hainaut à l’ouest et celui de la Hesbaye à l’Est, le plateau du Brabant a pour limite occidentale la vallée de la Senne et pour limite orientale celle de la Grande Gette. Sa frontière méridionale suit la vallée de la Sambre et au nord, il se dissèque en une série de buttes qui constituent les collines du Hageland entre Leuven et Diest.

Mais tous les auteurs ne s’accordent pas sur des limites précises. Certains ont une vue large du Brabant qui correspond alors au territoire que nous venons de définir d’autres, une vision plus restrictive qui réduit le plateau du Brabant à l’interfluve Senne-Dyle. Dans ce cas, aux critères naturels viennent se conjuguer des données relevant des caractéristiques du bâti et de l’occupation des sols. La région brabançonne est alors considérée sous l’angle agro-géographique comme une transition entre les paysages du Hainaut et ceux de la Hesbaye. Elle se subdivise en deux sous-unités : le plateau hennuyer-brabançon de Soignies à l’ouest de la Sennette et le plateau brabançon de Genappe à l’est. Ces deux entités sont mieux connues sous les vocables de Pays de Soignies et Pays de Nivelles.

Transition semble donc être l’attribut qui colle le mieux au Brabant. Transition entre le Hainaut et la Hesbaye, mais aussi transition entre les territoires sablonneux flamands et limoneux wallons.

Ce passage graduel des sables aux limons individualise un ensemble nord brabançon encore largement boisé même si l’urbanisation a largement entaillé l’ancienne forêt des Ducs de Brabant ne laissant subsister qu’un peu moins de 5 000 hectares sur les 20 000 qui existaient encore sous le règne de Charles Quint. C’est le Brabant des toponymes en « sart », en « bruyère » (« rhode » en néerlandais) qui évoquent la médiocrité du potentiel agricole comparé aux riches terres limoneuses du sud. Ici, la Dyle et ses affluents ont disséqué le plateau n’en laissant subsister qu’une série de replats réduits isolés par de petites vallées aux versants prononcés. Cette érosion a décapé la couverture de limon qui ne s’est maintenue que sur les hauteurs entrecoupant les vallées. Sur les versants, le sable sous-jacent a été mis à nu donnant naissance à des sols très perméables retenant difficilement les éléments nutritifs indispensables aux cultures. D’un point de vue agronomique c’est une région pauvre où l’agriculture se cantonnait jadis dans de petites fermettes. On en perçoit parfois encore les reliquats au sein de maisons profondément transformées au cœur des villages. La médiocrité du potentiel cultural était partiellement compensée par les ressources de l’élevage et de la forêt. En raison de leur pauvreté en éléments minéraux les sols sablonneux mis en cultures sont rapidement abandonnés. Ils sont alors recolonisés par les herbes et les arbustes de la lande. Ces zones de bruyères et de genêts sont alors exploitées comme parcours pour de nombreux troupeaux de moutons qui fourniront fumure et laine. La complexité du réseau viaire qui relie par un dédale de chemins creux les petits villages à leurs nombreux hameaux est héritée de ces temps anciens où la communauté paysanne est obligée de conditionner son effectif à la superficie de ses labours. Lorsque les champs ne peuvent alimenter un groupe plus grand, il faut le scinder et fonder un hameau avec ses propres labours. Tout autour la forêt règne, souvent jalousement protégée par les communautés monastiques qui y ont fondé leurs abbayes. L’avènement du chemin de fer puis de l’automobile va tout changer. L’agriculture de subsistance disparaît dans cette frange proche de Bruxelles ; l’artisanat s’industrialise et donnera les usines textiles et les papeteries dont les vestiges sont encore visibles en maints endroits. Le nord du Brabant entre alors dans une phase d’urbanisation intense. Proche de Bruxelles la région offre un cadre de vie de qualité pour des populations aisées qui ne veulent plus vivre en ville. Aux fermettes rénovées s’ajoutent les cohortes de nouvelles villas qui vont progressivement digérer les terres agricoles d’autrefois. Les villages s’équipent et permettent aux périurbains du Brabant de trouver à proximité de chez eux de quoi satisfaire leurs besoins essentiels.

S’il a d’abord touché le nord, le phénomène gagne aujourd’hui toutes les communes du plateau sud. Mais là, les conditions de production permettent à l’agriculture de résister. Même si elle est mise sous pression, ce qui l’oblige souvent à quitter le village, la grosse exploitation agricole brabançonne reste active. Le village lui se « résidentialise » et s’équipe en services multiples. Comme au nord, son attrait fait grimper les prix du foncier. Le front d’urbanisation progresse à l’ouest, au sud et à l’est. Au nord c’est plus complexe, c’est la Région flamande…

Bibliographie : Architecture rurale de Wallonie. Hesbaye brabançonne et pays de Hannut, sous la dir. de L.-F. Genicot, Liège, 1989 (notamment les parties géographiques dues à C. Chistians) ; C. Chistians, avec la coll. de L. Daels et A. Verhoeve, Les campagnes, dans Géographie de la Belgique, Bruxelles, 1992 p. 484-536 (p. 535-536 pour la bibliographie).

D. Belayew

Classé dans : Le Biéreau