Les rues de LLN
rue de la Calestienne
Calestienne
Calestienne (rue de la) [en projet, D7]
Conseil communal (/).
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème des gentilés.
Dans le nouveau quartier de la gare RER, la Commission de toponymie avait suggéré de reprendre le nom de la « voie des Hennuyers » pour la nouvelle section à construire jusqu’à la « voie du Vieux Quartier » [PV OL 10]. L’idée n’ayant pas été retenue par la Commune, elle a alors proposé « rue de la Calestienne », qui évoque une étroite bande de terre entre la Famenne et l’Ardenne, où les affleurements calcaires ont permis la naissance d’écosystèmes d’un grand intérêt en termes de biodiversité et d’une grande valeur paysagère (pelouses calcaires) [PV OL 11]… Si la Calestienne n’est pas un gentilé, elle s’intègre néanmoins dans le thème des gentilés par son intention d’évoquer une région de Wallonie.
* Calestienne. Nom d’une petite région géographique de Wallonie, située au sud de la Famenne et au nord de l’Ardenne. Dénomination assez récente de cette région ou gradin calcaire, d’une profondeur d’une dizaine de kilomètres, qui se caractérise par la présence de nombreux « tiennes », de pelouses calcaires et de grottes renommées (Couvin, Han-sur-Lesse, Rochefort, Hampteau, etc.). Terme introduit principalement par des botanistes en raison de la richesse de la végétation xérophile qui la caractérise (orchidées, genévriers, etc.), à partir d’un terme dialectal wallon calistiène, canèstéle, etc. ; celui-ci, issu de l’étymon d’origine allemande Kalkstein ‘calcaire’, désignait généralement, surtout dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, des terrains calcaires fortement pierreux où les récoltes étaient meilleures que sur les sols froids et lourds de la Famenne.
Bibliographie : J. Duvigneaud, Quelle est l’origine du mot Calestienne ?, dans Natura Mosana, t. XXVII, 1974, p. 83-85 ; J. Germain, La Calestienne à la recherche de son passé, dans De la Meuse à l’Ardenne, t. III, 1986, p. 31-48 ; Id., La Calestienne, genèse d’un régionyme, ibid., t. XVI, 1993, p. 9-14.
J. Germain
* La « calestienne » est une région géographique de Wallonie caractérisée par un sol calcaire qui est le reflet de son soubassement géologique. Il s’agit d’une bande étroite d’environ 10 kilomètres de large sur 130 kilomètres de long, allant de la région de Fourmies et Wallis-Trélon (nord de la France) aux environs d’Aywaille, en passant par Couvin, Givet, Beauraing, Han-sur-Lesse et Durbuy. Elle sépare l’Ardenne (au sud) de la Fagne (dans l’Entre-Sambre-et-Meuse) et de la Famenne (à l’est de la Meuse).
Les formations géologiques qui y affleurent relèvent du Dévonien inférieur et moyen, avec le Couvinien (appelé aujourd’hui Eifélien selon la stratigraphie internationale), le Givetien et le Frasnien. Leur âge s’étend de 397 à 370 millions d’années. Elles se situent au bord sud de ce que les géologues ont reconnu comme le « Bassin de Dinant » ou le « Synclinorium de Dinant ».
Les roches sédimentaires du soubassement géologique de cette bande sont constituées d’une alternance de calcaires, qui sont dominants, et de schistes calcareux ou à nodules calcaires (appelés aussi calc-schistes). Les formations calcaires du Frasnien contiennent des calcaires récifaux, dont la morphologie à l’époque de leur formation était en forme de dômes. La nature actuelle de ces roches résulte des transformations post-sédimentaires liées à leur enfouissement progressif sous les sédiments sus-jacents. Suite aux mouvements qui ont affecté la croûte terrestre durant l’orogenèse hercynienne, entre 340 et 290 millions d’années, ces roches ont été plissées — et aussi faillées —, ce qui est exprimé par la position plus ou moins redressée des « couches sédimentaires ». La morphologie actuelle de cette région est due à l’érosion qui l’a affectée ensuite. Elle se manifeste aujourd’hui par la présence de crêtes qui sont allongées, en se relayant parfois, faites essentiellement de calcaires séparées par des vallons.
De nombreux phénomènes karstiques (grottes, aiguigeois, résurgences, « abbanets », etc.) sont présents tout au long de cette région et essentiellement localisés dans les formations calcaires de l’Eifelien et du Givetien. Certains sites sont bien connus comme les Grottes de Neptune (ou de l’Adugeoir) à Petigny, les Grottes de Han-sur-Lesse avec le Trou de Belvaux, les Grottes de Rochefort, le Fondry des Chiens à Nismes.
Dans les formations calcaires, de nombreuses carrières ont été et/ou sont exploitées non seulement pour la production de « granulats » utilisés pour des applications diverses mais aussi à des fins marbrières. Le « marbre rouge » est à cet égard une pierre décorative appréciée depuis plusieurs siècles bien au-delà de nos frontières (à Versailles, par exemple).
Des cartes géologiques au 1/25 000e (avec notice explicative) la concernant, réalisées dans le cadre du projet en cours de révision de la carte géologique de Wallonie, sont déjà disponibles.
Le fait que le terme « calestienne » ait été défini par un forestier (L. Blondeau, 1925) est dû au caractère spécifique de la végétation qui a colonisé les versants sud des crêtes calcaires. Outre les prairies sèches (pelouses calcaires), il faut relever la présence de nombreuses plantes calcicoles rares telles que des orchidées sauvages et bien d’autres qui font le bonheur des férus de botanique. Les arbres et les arbrisseaux sont aussi typiques de cet environnement. Une grande variété d’oiseaux particuliers y ont fait leurs nids.
Bref, une région naturelle exceptionnelle à découvrir sous tous ces aspects !
Bibliographie : De la Meuse à l’Ardenne, t. XVI, 1993 (n° spécial Calestienne) ; Ministère de la Région Wallonne. Carte géologique de Wallonie, n° 57/7-8, Chimay-Couvin, n° 58/1-2, Sautour-Surice, et n° 58/3-4, Agimont-Beauraing ; C. Neuray, W. Quinet, Y. Quinif, e.a., Itinéraire de la Calestienne : 28 km à travers les paysages calcaires de l’Entre-Sambre-et-Meuse, de Couvin à Treignes (Hommes et paysage, 3), Bruxelles, 1987.
D. Laduron