Les rues de LLN
rue de l'Orient-Express
Orient-Express
Orient-Express (rue de l’) [abandonné, B7-B8-C7-C8]
[en projet, C8]
Conseil communal (/).
Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).
* Thème du chemin de fer.
* Thème des grands scientifiques, inventeurs et industriels.
Dans le contexte de l’aménagement de la zone de la future gare RER de Louvain-la-Neuve, la Commission de toponymie a proposé de dédier ce nouveau quartier au thème du chemin de fer. Dans ce contexte, elle avait retenu l’idée de nommer la rue principale (piétonnière) parallèle au « boulevard de Wallonie » « rue de l’Orient-Express ». Il s’agissait d’évoquer la figure de l’homme d’affaires liégeois Georges Nagelmackers (1845-1905), fondateur de la Compagnie internationale des Wagons-lits, puis de l’Orient-Express, qui servira de modèle au Transsibérien (nom également proposé pour le quartier) [PV OL, 10]. Cette idée n’ayant pas été retenue par la Commune, la Commission a proposé « Courbe Voie », ce qui convient très bien à la configuration de la voirie, désignation qui serait également éponyme du quartier. Par ailleurs, la « rue de l’Orient-Express » serait conservée pour une rue perpendiculaire [PV OL, 11].
* Qui ne connaît le nom de ce train légendaire immortalisé par Agatha Christie (Le Crime de l’Orient-Express) et Guillaume Appolinaire (Les Onze Mille Verges) ? Ce que moins de gens savent, c’est qu’il s’agit d’un des fleurons — avec le Transsibérien — de la Compagnie internationale des Wagons-Lits fondée en 1876 par le Liégeois Georges Nagelmackers. Première réalisation de la Compagnie, le train s’appelait au départ l’Express d’Orient, avant d’être rebaptisé l’Orient-Express en 1891. Inauguré le 5 juin 1887, il reliait Paris à Constantinople via Munich, Vienne, Budapest et Bucarest. La Compagnie lança ensuite le Sud-Express (1887), entre Paris à la péninsule ibérique (Madrid et Lisbonne), le Nord-Express (1896), entre Paris et Saint-Pétersbourg via Ostende, et le Transsibérien (1898), entre Moscou et Vladivostok (qui ne sera effectivement atteinte qu’en 1906).
Georges Nagelmackers (1845-1905) appartient à une illustre famille d’industriels et de banquiers liégeois, dont on trouve déjà des traces au Moyen-Âge : au XIIIe siècle les Nagelmackers exercent le métier de cloutiers dans le Brabant néerlandais (d’où le nom, qui signifie littéralement ‘faiseur de clous’). Plus tard, on les retrouve dans la meunerie et c’est un certain Peter, fils d’un meunier du nord du Limbourg, précisément, qui fondera à Liège, en 1747, la première banque Nagelmackers, qui a longtemps fait partie du paysage financier liégeois : ce n’est qu’en 2001 que la banque « Nagelmackers 1747 » a fusionné avec la « Delta Lloyd Bank (Belgique) », alors qu’elles étaient toutes deux filiales du groupe hollandais Delta Lloyd.
Fils d’Edmond Nagelmackers et d’Eugénie-Jeanne Orban, Georges grandit dans une famille active notamment dans la houille (notamment aux charbonnages liégeois Kessales et Bonnefin) et dans la métallurgie (particulièrement dans la S.A. de Grivegnée et dans la Vieille-Montagne). Il obtient son diplôme d’ingénieur civil des arts et manufactures en 1867 à l’Université de Liège, dont les Écoles spéciales étaient alors réputées dans le monde entier. Après ses études, il ne se lance pas immédiatement dans la vie active et séjourne notamment aux États-Unis. À partir de 1872, il est très actif dans le secteur des fours à coke liégeois, mais il a d’autres ambitions. De son séjour sur le Nouveau Continent, il a retenu l’idée des wagons-lits de la célèbre Compagnie Pullman et réfléchit à un équivalent européen. Ce sont les tentatives d’implantation sur le continent de cette dernière qui le décide à agir : alors que Pullman est déjà actif en Angleterre et s’installe en Italie, il se lance dans l’aventure. Alors qu’il n’a que vingt-sept ans, il est fermement soutenu par les membres de sa famille et leurs amis (son cousin, O. Neef-Orban ; son oncle et son frère, Ernest et Jules Nagelmackers ; etc.), avant que l’entreprise ne s’internationalise de plus en plus (vers 1900, à côté des Belges Charles Delloye-Mathieu et du baron del Marmol, on y trouve tous les grands noms de la finance internationale). Lui-même, s’il reste actif en région liégeoise, est très présent sur la scène internationale, comme administrateur de diverses sociétés sidérurgiques et d’exploitation des chemins de fer en Belgique, au Grand-Duché de Luxembourg, en France, en Allemagne et dans l’Empire Ottoman.
Par la suite, la Compagnie internationale des wagons-lits connaîtra bien des évolutions conditionnées notamment par l’évolution des modes de déplacement et… les avatars politiques de l’Europe. Elle existe cependant toujours, mais davantage comme société de services ferroviaires que comme acteur du trafic international.
Bibliographie : BN, t. XXXVIII, col. 623-626 ; B. Commault, Georges Nagelmackers, un pionnier du confort sur rail, Uzès, [1966] ; J.-P. Caracalla, Le goût du voyage. De l’Orient-Express au train à grande vitesse. Histoire de la Compagnie des wagons-lits, Paris, 2001 ; Id., Les fabuleuses histoires des trains mythiques, Monaco, 2007 ; J. Des Cars et J.-P. Caracalla, L’Orient-Express. Un siècle d’aventures ferroviaires, Paris, 1984 ; G. Verbeurgt, Le temps du train. 175 ans de chemins de fer en Belgique, Leuven, 2001.
L. Courtois.
→ Courbe voie ; Transibérien.