Les rues de LLN

impasse de Picardie

rue: impasse de Picardie
canton postal: 1348
localité: Louvain-la-Neuve
description:

Picardie

Picardie (impasse de) E7

Conseil communal du 28 octobre 1975.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

* Thème des gentilés.

La Picardie n’est pas un gentilé, mais l’intention de la Commission de toponymie était bien, comme pour les noms se rattachant à ce thème, d’évoquer ici aussi les populations de Wallonie. C’est le cas également pour le « sentier du Luxembourg » et la « voie du Roman Pays ».

* Par ce nom, on a voulu rappeler qu’une partie des parlers populaires de la Wallonie, continuateurs du latin parlé apporté dans nos régions par les Romains, se rattachent à la famille des parlers picards. Le reste de la Wallonie romane est couvert par des parlers qui font partie de trois autres familles dialectales du domaine d’oïl : le wallon, le champenois et le lorrain, dont la variété parlée en Wallonie est appelée gaumais. L’extrême est de la Wallonie ressortit au domaine germanique en deux endroits : dans la zone comprise entre Martelange et Athus, dont les parlers populaires sont apparentés au luxembourgeois, variété de francique mosellan ; ils sont apparentés au francique ripuarien dans la région de Welkenraedt et dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith.

En Wallonie, on parle picard dans l’extrême est du Brabant wallon et dans la plus grande partie de la province du Hainaut. La limite entre le wallon et le picard est constituée par une ligne nord-sud allant grosso modo de Tubize à La Louvière, Beaumont et Chimay.

En France, les parlers picards couvrent une zone fort étendue comprenant les départements du Nord, du Pas-de-Calais (sauf le nord-est, qui est de dialecte flamand), de la Somme, le nord-ouest de l’Aisne (la limite suit à peu près le cours de l’Oise), la plus grande partie de l’Oise et l’extrême nord-est de la Seine-Maritime (le plateau normand entre l’Yères et la Bresles, dans la région de Gamaches).

La région française nommée Picardie, créée par la réforme administrative de 1972 et composée de trois départements, l’Aisne, l’Oise et la Somme, couvre un territoire bien plus restreint que celui de la Picardie traditionnelle.

Sous l’Ancien Régime, c’était une région aux limites peu précises, ne correspondant à aucune unité administrative. Des textes latins du xiiie siècle en rapport avec le milieu universitaire parisien fournissent les premières mentions de l’ethnique Picardus et du nom de la région Picardia. Ils attestent l’existence, au sein de l’Université de Paris, d’une « nation picarde », dont les membres se distinguaient par un langage différent de celui de la région parisienne et étaient originaires des diocèses de Beauvais, Amiens, Noyon, Arras, Thérouanne, Cambrai, Laon, Tournai et d’une partie des diocèses de Liège et d’Utrecht.

Au début du xiie siècle déjà, Picardus est employé comme surnom : 1099-1101 Wilhelmus Picardus, ± 1121 Petrus Picardi (c’est-à-dire : Pierre fils de Picard), etc. Cependant, on n’a pas encore pu l’expliquer de manière définitive ni établir s’il y a un rapport entre ce surnom et l’ethnique Picard et Picardie.

Les limites de la région considérée comme étant la Picardie ont connu de nombreuses fluctuations depuis le  Moyen-Âge, surtout au nord et à l’est. La Flandre, l’Artois, le Cambrésis, le Hainaut et le Tournaisis ont été intégrés aux Pays-Bas par Charles Quint lors du traité de Madrid en 1526. Plus tard, certaines de ces régions ont été reprises par les Français : l’Artois au traité des Pyrénées en 1659 ; Lille et le Tournaisis au traité d’Aix-la-Chapelle en 1668 ; le Hainaut méridional, c’est-à-dire le Hainaut français, la région autour de Valenciennes, Douai et Avesnes, aux traités des Pyrénées en 1659 et de Nimègue en 1678 ; le Cambrésis au traité de Nimègue en 1678. Tournai et le Tournaisis ont été incorporés dans les Pays-Bas autrichiens par le traité d’Utrecht de 1713, mais à la suite de la bataille de Fontenoy, ils ont encore fait partie de la France de 1745 à 1748.

Bibliographie : M.A. Arnould, Le Hainaut. Évolution historique d’un concept géographique, dans Le Hainaut français et belge, Bruxelles, s.d. [1969], p. 15-42 ; Atlas linguistique de la Wallonie. Tableau géographique des parlers de la Belgique romane, d’après l’enquête de Jean Haust (), Liège, depuis 1953 ; R. Dubois, Le domaine picard. Délimitation et carte systématique dressée pour servir à l’Inventaire général du « picard » et autres travaux de géographie linguistique, Arras (Archives du Pas-de-Calais)-Sus-Saint-Léger (chez l’auteur), 1957 ; F. Carton et M. Lebègue, Atlas linguistique et ethnographique du picard, Paris, depuis 1989 ; Lîmês I. Les langues régionales romanes en Wallonie. Tradition wallonne, Bruxelles, Traditions et parlers populaires Bruxelles-Wallonie, 1992 ; J.-M. Pierret, Les dialectes de la Wallonie, dans A. Goosse, La Wallonie et ses langages, dans La revue générale, 133e année, n° 5, mai 1998, p. 21-36.

→ Gaumais

J.-M. Pierret

     

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