Les rues de LLN

place Louis Hennepin

place Louis Hennepin
1348
Louvain-la-Neuve

Hennepin

Hennepin (place Louis)      [en réserve, E5-F5]]

Conseil communal du 17 mai 1977.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

*        Thème des figures de nos régions.

La « place Louis Hennepin », qui n’est pas construite (elle était initialement prévue en contrebas du « Fond du Maître de Flémalle »), porte un nom qui célèbre ce missionnaire récollet et explorateur connu.

*          Missionnaire et explorateur dans le Nouveau Monde, Louis Hennepin a suscité pas mal de controverses en raison sans doute du caractère du personnage lui-même. Né à Ath en 1626 (et non en 1640 comme on l’a souvent écrit), il porta le prénom d’Antoine jusqu’à son entrée en religion. Il était l’aîné des enfants du boucher athois Gaspard Hennepin. En 1643, il entre chez les récollets (ordre religieux issu d’une réforme des franciscains) au couvent de Béthune. Les hasards militaires firent qu’en 1645, Béthune devint française, situation qui fut confirmée en 1659 par le traité des Pyrénées. Le récollet Louis Hennepin fut affecté aux armées de Louis XIV, dont il soigna les blessés, notamment au siège de Maastricht en 1673. En 1675, il fut envoyé au Canada et exerça un ministère dans la région de Québec.

Il fut désigné pour suivre l’explorateur Robert Cavelier de la Salle dans ses expéditions. C’est ainsi qu’il sillonna la région des grands lacs américains. Il accompagna deux membres de l’expédition qui partirent en février 1680 et descendirent le cours de l’Illinois jusqu’au Mississippi. Faits tous trois prisonniers des Sioux, ils furent amenés vers le Nord, dans les parages de ce qui deviendra bien plus tard Minneapolis. Assez libre de ses mouvements, Hennepin découvrit, sur le cours supérieur du Mississippi, des chutes auxquelles il donna son nom de baptême (chutes Saint-Antoine). Libéré grâce à l’aventurier du Luth (Duluth), il rentra au Canada puis en France. De retour à Paris vers novembre 1681, il y publia en 1683 une relation de ses voyages, Description de la Louisiane, nouvellement découverte au sud-ouest de la Nouvelle France. Cette description vivante, qui traite du cours supérieur du Mississippi, connut un grand succès et fut traduite en plusieurs langues. L’accusation de plagiat qui fut formulée en 1941 à l’encontre de ce livre ne tient pas vraiment : celui-ci est en fait un remaniement par Hennepin d’un rapport qu’il avait lui-même rédigé en collaboration avec un certain abbé Bernou.

Hennepin fut ensuite gardien (supérieur) du couvent de Renty (Artois) et vécut une époque de relations conflictuelles avec ses supérieurs, sans que l’on puisse préciser l’origine de ces difficultés. Suite à ces problèmes, il dut s’éloigner et quitter la France. Il vint à Gosselies puis à Utrecht. Dans cette ville, il publia en 1698 un traité polémique contre la hiérarchie catholique d’Utrecht qu’il accusait de tendances jansénistes : La morale pratique du jansénisme ou appel comme d’abus à notre souverain Seigneur le pape Innocent XII. Il s’agit d’une œuvre médisante écrite dans un esprit de vengeance contre des responsables ecclésiastiques, qui lui refusaient le droit de s’immiscer dans leurs affaires.

À Utrecht, il publia encore deux versions remaniées de la relation de son voyage sur le Mississippi : Nouvelle découverte d’un très grand pays situé dans l’Amérique (1697) et Nouveau voyage d’un païs plus grand que l’Europe… (1698). Ces deux volumes, plusieurs fois réédités et traduits, connurent un immense succès. Ils posent cependant un problème à la critique, qui n’a été résolu que depuis quelques décennies, grâce surtout aux travaux d’Armand Louant. Outre le récit historiquement intéressant de son voyage sur le cours supérieur du Mississippi, Hennepin y prétend faussement avoir fait le voyage de découverte du cours moyen et inférieur du fleuve jusqu’à son embouchure dans le golfe du Mexique, deux années donc avant le voyage du Français Cavelier de La Salle en 1681-1682. La critique interne comme l’examen rigoureux de la documentation actuellement à la disposition des chercheurs prouvent la fantaisie de l’affirmation de cette seconde découverte. En fait, ces deux œuvres auraient été composées par le vindicatif récollet dans le but de se venger de la France dont il avait été banni. Par la relation de sa prétendue découverte du Mississippi inférieur, il voulait éveiller l’intérêt des Anglais et les inciter à s’installer dans ces régions avant la France. Acculé par les conséquences de ses mensonges et de ses intrigues, Hennepin dut quitter les Provinces-Unies ; il s’embarqua pour l’Italie en 1698 et fit une longue escale à Cadix. Des documents attestent sa présence à Rome de la fin 1699 à 1701. On perd ensuite sa trace.

Bibliographie : DHGE, t. XXIII, col. 1027-1029 ; A. Louant, Le cas du P. Louis Hennepin, récollet, missionnaire de la Louisiane (1626-1670 ?) ou Histoire d’une vengeance, Ath, 1980.

J. Pirotte

Classé dans : Les Bruyères