Les rues de LLN

rue du Bois-du-Luc

rue: rue du Bois-du-Luc
canton postal: 1348
localité: Louvain-la-Neuve
description:

Bois-du-Luc

Bois-du-Luc (rue du)       F4-G5

Conseil communal du 17 mai 1977.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

*    Thème du patrimoine wallon.

« Rue du Bois-du-Luc » et « rue du Grand Hornu » évoquent des monuments typiques de l’architecture industrielle du Hainaut.

*   Située à mi-chemin entre Mons et Charleroi, la région du Centre trouve son origine au XIXe siècle dans l’activité charbonnière puisqu’elle est « au centre » du bassin houiller du Hainaut.

Au cœur du Centre, le site charbonnier du Bois-du-Luc est implanté principalement sur le territoire de Houdeng-Aimeries, pour une faible part sur celui de Trivières (entité de La Louvière) et sur les deux rives du Thiriau-du-Luc. Le caractère exceptionnel du lieu réside dans son unité puisqu’il comprend toutes les réalisations de la société du Bois-du-Luc entre 1835 et 1923. À côté des bâtiments industriels proprement dits (bureaux, ateliers, grange, écuries, sous-station électrique et fosse Saint-Emmanuel), les maisons ouvrières s’alignent en « bataillons carrés », encadrées au nord par les écoles, le parc, l’hôpital, l’hospice et l’église, au sud par l’ancienne maison de direction et la ligne de chemin de fer Mons-La Louvière-Charleroi. Le tout est dominé par des terrils boisés. L’ensemble du site est classé depuis 1994 et appartient aujourd’hui au patrimoine exceptionnel de Wallonie.

Fondée en 1685 sous le nom de « Société du Grand Conduit et du Charbonnage de Houdeng », la société du Bois-du-Luc, confrontée à l'épuisement de ses premières fosses, décide en 1834 l'implantation d'un nouveau siège, celui de Saint-Emmanuel. Les bâtiments témoignent d'une inspiration néo-classique : baies à voussures plein cintre et pilastres carrés à chapiteau toscan. Dans l'espace laissé libre entre les deux puits, un bâtiment à deux pans, construit à la veille de la Première Guerre mondiale, héberge notamment la salle des porions, la lampisterie et les bains-douches. À côté de la fosse, un bâtiment, construit vers 1905, abrite la sous-station électrique et le ventilateur.

Les grands bureaux tels qu'ils apparaissent aujourd'hui datent de 1907. Ils s'inspirent partiellement de ceux qui existaient dès le milieu du XIXe siècle. Les tympans des fenêtres du rez-de-chaussée sont ornés de reliefs évoquant le travail des mineurs et gravés au nom des fondateurs de 1685.

Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le charbonnage a vécu en autarcie. Son symbole est la cour des ateliers de surface à laquelle on accède par des portes guillotines ; elle est entourée de bâtiments de style néo-classique où s'activaient différents métiers. À l'est se succèdent le magasin d'outillage, la menuiserie, l'atelier de mécanique, la forge et la fonderie. Ces différents ateliers ont conservé leurs machines, dont une partie fonctionne toujours. Le transport de surface, assuré par des chariots attelés, nécessitait grange, écuries et remises qui occupent les côtés sud et ouest de la cour.

Pour attirer, puis conserver un maximum de main-d'œuvre, la société décida en 1838 la construction d'une véritable cité ouvrière à côté de la fosse Saint-Emmanuel. Les cent soixante-deux maisons sont construites par étapes entre 1838 et 1853. L'ensemble affecte la forme d'un trapèze partagé en quatre parties suivant les plans médians. À l'intérieur de chaque carré, l'espace laissé libre est divisé en jardins. Deux axes se croisent au centre de la cité, correspondant aux quatre points cardinaux évoqués dans un contexte minier ; nord, midi, levant, couchant. L'axe sud-nord, le plus important, va de la maison du directeur à l'hospice. La rue du Midi, agrémentée de deux allées de tilleuls, voit sa largeur doublée par rapport aux autres rues. Le passage de la rue du Midi à la rue du Nord s'effectue par les façades imposantes de l'épicerie et de la cantine, couronnées par un fronton triangulaire classique répondant à celui de la maison directoriale. La maison ouvrière type mesure de 8 à 9 mètres de large sur 6,5 mètres de haut. La facade est en briques et en pierre. Selon le style néo-classique, les baies du rez-de-chaussée sont à voussures plein cintre, alors que celles de l'étage sont généralement rectangulaires.

Pratiquant le paternalisme caractéristique des entreprises du siècle dernier, la société du Bois-du-Luc a veillé à la santé physique et morale de ses ouvriers. Elle a ainsi créé une salle des fêtes, un parc avec kiosque à musique, des écoles, une église, un hôpital et un hospice, tandis qu'elle organisait une caisse d'épargne, une fanfare, une ligue horticole et du coin de terre.

La fosse Saint-Emmanuel ferme le 31 décembre 1959. Les ateliers et les grands bureaux continuent à fonctionner jusqu'à l'arrêt, en 1973, de la dernière fosse de la société (Le Quesnoy à Trivières). En s’y installant dès 1983, l’Écomusée régional du Centre a voulu par là souligner l’importance du lieu dans la compréhension du phénomène d’industrialisation. Grâce aux fonds européens et wallons de l’Objectif 1, un parcours-spectacle intitulé « Entre homme et machine » a été inauguré en 2000.

Depuis 1994, les Carrés appartiennent à la Société d’Habitations sociales « Le Foyer louviérois » qui poursuit la rénovation des habitations. Dans la rue du Midi, une maison est conservée dans son état de 1916, avec aménagement intérieur du début du siècle.

L'hôpital et l'hospice sont propriétés de la Ville de La Louvière ; l'hôpital a été aménagé en centre d'accueil pour handicapés — Les Godets — ; l'hospice abrite les archives de la Ville.

Dans l’ancienne maison de direction entièrement rénovée, le CPAS de La Louvière a créé un Centre d’Insertion sociale et socioprofessionnelle.

Bibliographie : J. Liebin, Bois-du-Luc en images, La Louvière, 1993 ; Id., Bois-du-Luc, un charbonnage hainuyer du XVIIe au XXIe siècle, Mons, 2003 ; Id. et E. Masure-Hannecart, Bois-du-Luc, un site charbonnier du XIXe siècle (CACEF. Musées vivants de Wallonie et de Bruxelles), Liège, 1987 ; R. Pourbaix, La grande histoire d’un petit peuple. Les charbonniers de Bois-du-Luc, Mons, 1983.

J. Liebin

→   Grand-Hornu.

        

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