Les rues de LLN
parvis de la Cantilène
Cantilène
Cantilène (parvis de la) G5
Conseil communal du 28 mai 2002.
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème de la littérature belge de langue française.
* Thème de la musique.
Le « parvis de la Cantilène » évoque la cantilène de sainte Eulalie, produite vers 882-883 dans nos régions (conservée dans l’abbaye de Saint-Amand, dans la région de Valenciennes, autrefois en Hainaut). Il s’agit du plus ancien texte littéraire en langue française connu [PV 42].
Le quartier des Bruyères est voué aux arts en général. Le « parvis de la Cantilène », avec la « place du Plat Pays », constituent une excellente transition entre la « rue des Poètes », voirie du sous-quartier des Bruyères consacré au thème de la littérature belge de langue française, et l’« avenue des Musiciens », rue desservant le sous-quartier voué à la musique.
* De façon générale, ce terme désigne un chant populaire profane. Au Moyen-Âge, la cantilène se distingue du « cantus » par son refrain qui l’apparente au rondeau des airs de danse (Jean de Grouchy, De musica, ± 1300). Dante classe cette forme dans le genre comique et populaire, contrairement à la chanson courtoise, grave et sévère. Vers les XVe et XVIe siècles, la cantilène désigne un chant profane, par opposition au motet, chant sacré polyphonique. Par extension, ce terme sera appliqué à toute forme de mélodie populaire courte ou d’expression sentimentale, généralement peu travaillée, par opposition aux mélodies issues de la musique savante.
A.-E. Ceulemans
La cantilène de sainte Eulalie prend place, à la fin du IXe siècle, dans la littérature édifiante populaire fondée sur le merveilleux des vies de saints et des miracles. Ce court poème narratif de 29 vers fut rédigé en l’honneur d’Eulalie, une vierge chrétienne qui subit le martyre plutôt que d’abjurer sa foi et d’adorer de faux dieux ; condamnée par Maximien à être brûlée vive, elle constata que les flammes s’éloignaient miraculeusement de son corps ; au moment d’être décapitée, elle fut enlevée dans le ciel sous la forme d’une colombe…
Ce texte, qualifié généralement de séquence, était destiné à intervenir sur une série de vocalises (restées inconnues), à la fin d’un chant religieux ; sauf dans sa finale, il est constitué de décasyllabes unis deux à deux par l’assonance.
Il a la particularité, essentielle pour l’histoire littéraire, d’être rédigé dans un idiome mixte, commun à plusieurs provinces du nord de la Gaule ; émergeant d’un fond d’oralité insaisissable, il présente des traits wallons et constitue le premier témoignage de ce qui va constituer notre langue.
J. Carion
→ Plat Pays ; Poètes.