Les rues de LLN
rue du Grand-Hornu
Grand-Hornu
Grand-Hornu (rue du) G4-F4-F5
Conseil communal du 17 mai 1977.
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème du patrimoine wallon.
« Rue du Bois-du-Luc » et « rue du Grand-Hornu » évoquent des monuments typiques de l’architecture industrielle du Hainaut. On notera que si le nom s’écrit généralement avec un trait d’union, les plans de Louvain-la-Neuve l’orthographient souvent sans…
* Entre Mons et la frontière française s’étend le bassin houiller du Borinage. Au cœur de celui-ci se trouve le site du Grand-Hornu (aujourd’hui entité de Boussu).
Si les débuts de l’exploitation de la houille y datent de la fin du XVIIIe siècle, c’est Henri Degorge qui va en faire un grand domaine charbonnier s’intégrant parfaitement dans la dynamique de la Révolution industrielle de la première moitié du XIXe siècle. D’origine française, Degorge épouse Eugénie Legrand, issue d’une famille de commerçants aisés de Lille ; il commence à s’enrichir en tant que négociant avant de reprendre la concession charbonnière du Grand-Hornu en 1810. À sa mort en 1832, l’entreprise est gérée par sa veuve et son neveu Émile Rainbaux avant que les biens ne soient légués aux frères et sœurs d’Eugénie ; leurs descendants constituent en 1843 la Société civile des usines et mines de houille de Grand-Hornu, qui sera dissoute au début des années 1950.
Dans le premier tiers du XIXe siècle, Degorge, conformément au paternalisme ambiant, confie à trois architectes successifs, le Lillois François Obin, le Tournaisien Bruno Renard et le Termondois Pierre Cardona, la construction, au milieu des bâtiments d’extraction, d’un ensemble charbonnier de style néo-classique comprenant les bureaux administratifs, la double cour des ateliers, le « château » directorial, une cité d’habitations ouvrières, une école, des espaces publics... Les installations charbonnières sont reliées par une voie ferrée au rivage du canal Mons-Condé.
Le site du Grand-Hornu constitue un ensemble architectural à la fois exceptionnel et significatif de son époque où se mêlent harmonieusement la brique, la pierre et le stuc. Les six rues principales encadrent les deux cours à fonction industrielle. On accède à la cour d’entrée (ou « basse-cour ») par un pavillon central à trois travées encadré par des pavillons d’angle aux extrémités d’une façade de près de 100 mètres de long ; on y trouvait les écuries et divers magasins dont une lampisterie. Au fond de la première cour, dans l’axe du pavillon d’entrée, on pénètre dans la cour principale par une triple arcade prolongée par des arrondis. La cour principale en forme de grande ellipse, marquée par le jeu harmonieux des horizontales et des verticales, reliait le bâtiment de direction, les bureaux, l’atelier de construction de machines, la menuiserie, le modelage... Symboliquement, au milieu de la cour se dressait la statue en pied du fondateur (due au sculpteur Mélot en 1855).
Face au portail des bureaux administratifs mais un peu à l’écart derrière un espace mi-cour, mi-jardin, le « château », comportant cinq travées de façade, s’élève sur trois niveaux. Il abritait l’administration centrale de la société.
Pour attirer et loger les travailleurs, Henri Degorge fait construire une cité ouvrière de près de 450 maisons à deux niveaux formant des rues rectilignes animées par les « places Verte » et « Saint-Henri ». Haute de 9 mètres 50, large de 8 à 10 mètres pour une profondeur de 6 mètres, la maison type comprend au rez-de-chaussée une salle de séjour, une cuisine et une chambre ; à l’étage, trois chambres ; au sous-sol, une cave voûtée ; à l’arrière, un jardin avec remise, puits et toilettes, s’ouvrant souvent sur une venelle.
L’abandon du site industriel dans les années 1950, avant son sauvetage in extremis, a provoqué bien des destructions. Des différents puits il ne subsiste que la trace sous la forme de plaques marquant au sol l’emplacement de chacun. Quant aux ateliers, l’outillage a été livré à la mitraille.
Vendues à des particuliers, les maisons ont aujourd’hui perdu leur cachet esthétique marqué tant au niveau des éléments qu’à celui de la couleur jaune ocre les recouvrant autrefois. La cité reste pourtant un exemple unique d’urbanisme fonctionnel du XIXe siècle.
Grâce à l’architecte Henri Guchez, les deux cours ont été partiellement restaurées dans les années 1970. Aujourd’hui propriété de la province de Hainaut, elles abritent expositions temporaires, salle d’histoire, société de technologies nouvelles et de prospective, ainsi qu’une cafétéria. Restauré, le château Degorge, complété par une construction tout en légèreté, héberge un centre de formation aux nouvelles technologies.
Classé comme monument et site en 1993, l’ensemble du Grand-Hornu appartient désormais au patrimoine exceptionnel de la Wallonie. On y trouve depuis 2002 le Musée des Arts contemporains (MAC’s).
Bibliographie : Promenades autour du Grand-Hornu. La cité ouvrière et les fosses, Hornu, 2006 ; Y. Robert, Le complexe industriel du Grand-Hornu, Paris, 2002 ; H. Wathelet, Le Grand-Hornu, joyau de la révolution industrielle et du Borinage, Boussu, 1993.
J. Liebin