Les rues de LLN
rue René Magritte
Magritte
Magritte (parking) F5
Magritte (place René) F5
Magritte (rue René) F5
Domaine universitaire (parking). Conseils communaux des 21 décembre 1976 (rue) et 17 mai 1977 (place).
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème des figures de nos régions.
* Thème du patrimoine wallon.
Le quartier des Bruyères est dédié au thème des arts. Un certain nombre de désignations y évoquent les différents arts, les artistes et leurs techniques. La peinture y est ainsi évoquée à travers la « place des Peintres », mais aussi par le rappel de techniques ou d’artistes de nos régions. Qui ne connaît pas René Magritte (1898-1967) ce peintre et dessinateur wallon, figure importante du surréalisme, dont un musée prestigieux abrite désormais les œuvres à Bruxelles.
* Peintre surréaliste, l’un des artistes les plus connus de Wallonie, René Magritte est né à Lessines le 21 novembre 1898 et mort à Bruxelles le 15 août 1967. Magritte est un phénomène particulier dans la peinture ; même dans le courant surréaliste, il occupe une place à part. Sa technique de peinture est classique, voire académique, il n’invente pas de formes neuves, il peint des objets à l’apparence ordinaire, il procède de façon anodine par leçons de choses. Des pommes, des instruments de musique, des chaussures, des chaises, des pierres composent son univers pictural, où erre un personnage masculin anonyme, vêtu de sombre et portant un chapeau melon. Et pourtant la subversion poétique surgit de sa soumission aux apparences : les associations insolites détournent l’objet familier de son sens et désagrègent la tranquillité du quotidien. La réalité devient une énigme, un étrange rébus aux couleurs de rêve. En faisant surgir l’insolite du banal, en jouant sans cesse entre la réalité des choses et leurs apparences, en explorant par l’absurde le rapport de l’œuvre avec son titre (« Ceci n’est pas une pipe », pour le dessin d’une pipe ; « Le bouchon d’épouvante » pour un chapeau boule portant la mention « Usage externe » ; « Personnage assis » pour un monsieur debout), Magritte lance des métaphores visuelles, crée un humour très particulier, souvent noir. Il propose des clefs visuelles pour visiter l’inconscient.
On pourrait éclairer son œuvre par cette phrase d’un autre surréaliste hennuyer, le poète Achille Chavée qui proclamait que « l’insolite est la fine moustache du quotidien ». À partir de ces deux cas (Magritte et Chavée) et de quelques autres analogues, on pourrait d’ailleurs analyser les échos originaux (littérature, peinture, sculpture) que trouva la révolte surréaliste en Wallonie, à La Louvière notamment, où Achille Chavée (1906-1969) fonda en 1934 le groupe Rupture. Ce n’est sans doute pas un hasard si le Hainaut, marqué au plus haut point par la révolution industrielle du XIXe siècle et par ses conséquences sociales, fut souvent considéré comme une seconde patrie du courant surréaliste.
Pour Magritte, son enfance en Hainaut (Gilly, Châtelet, Charleroi, vacances à Soignies) se termine tragiquement par le suicide de sa mère dans la Sambre en 1912. Il suit en 1916 et 1917 des cours à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Pendant près de dix ans, il peint en cherchant sa voie, parmi les influences cubistes et dadaïstes. De 1921 à 1924, il travaille dans une usine de papiers peints. En 1922, il épouse Georgette Berger qu’il avait connue dès 1913 à Charleroi. Vivant de petits contrats, il peint ses premières toiles surréalistes influencées par Max Ernst et Chirico. En 1926, le groupe surréaliste belge dont il fait partie avec Mesens, Nougé, Goemans et André Souris, annonce sa naissance. De 1927 à 1930 il vit près de Paris, où il rencontre Paul Éluard ainsi que les peintres Miro et Arp ; il côtoie André Breton et le groupe surréaliste de sa mouvance. En 1930, il revient avec Georgette s’établir à Bruxelles et collabore à diverses manifestations d’art contemporain. En 1933, il reprend sa collaboration occasionnelle avec André Breton. En 1935, Magritte participe à La Louvière à une exposition qui marquera le point de départ du groupe surréaliste du Hainaut. En 1936, il expose à New York et à Londres.
De 1943 à 1947, tout en continuant à peindre dans son style propre, il réalise des œuvres avec des techniques impressionnistes. Sympathisant du communisme depuis plusieurs années, il semble n’avoir adhéré au parti qu’en 1945. La publication en 1946 du texte Le surréalisme en plein soleil, où Magritte expose des conceptions plus optimistes, amène une rupture avec Breton en 1947. De 1956 à 1957, il réalise une peinture murale à la salle des Congrès du Palais des beaux-arts de Charleroi. En 1959, Luc de Heusch réalise le film Magritte ou la leçon de choses. En 1965, une importante exposition lui sera consacrée au Museum of Modern Art de New York, qui sera présentée ensuite en d’autres lieux des États-Unis (Chicago, Pasadena, Berkeley). En 1967, Magritte fait réaliser à Vérone des sculptures en bronze d’après quelques-unes de ses œuvres. Il meurt la même année dans sa maison de Schaerbeek d’un cancer du pancréas.
Sa notoriété n’a pas cessé de croître après sa mort. L’ouverture, le 2 juin 2009, d’un nouveau Musée Magritte situé place Royale à Bruxelles, n’est qu’une illustration de ce mouvement. Il a acquis une stature impressionnante dans l’art du XXe siècle. Plus qu’un nouveau type d’images, Magritte a créé un univers. Avec lui, par son dépouillement et son classicisme, par son regard déstabilisant sur la condition humaine, l’art surréaliste a atteint un de ses sommets et une de ses limites. Magritte est présent sur la couverture de livres, dans les revues, tout comme dans notre décor quotidien ; par le style d’images qu’il a créé, traduisant sous forme de rêves imagés les angoisses et les doutes de l’homme moderne, il fait surtout partie de notre imaginaire. Sa façon de jouer avec les objets quotidiens le rend sans doute accessible au plus grand nombre, tandis que ses rapprochements inattendus, le côté illusionniste des « poèmes visibles » que sont ses toiles, peuvent émerveiller les enfants et les éveiller au sens caché des choses.
Un autre lieu de Louvain-la-Neuve rappelle Magritte puisque c’est par allusion au titre d’une de ses œuvres, Les rêveries du promeneur solitaire (1926-1927), que la promenade autour du lac porte ce nom.
Bibliographie : A. Blavier, René Magritte. Écrits complets, Paris, 1979 ; S. Gablik, Magritte, Bruxelles, 1978 ; René Magritte. 1898-1967, sous la dir. de G. Ollinger-Zinque et F. Leen, Bruxelles, 1998 (Catalogue de l’exposition du centenaire de la naissance du peintre) ; Ph. Roberts-Jones, Magritte, poète visible, Bruxelles, 1972 ; D. Sylvester, Magritte, Anvers, 1992 ; Id., René Magritte. Catalogue raisonné, Anvers, 5 vol., 1992-1997 ; H. Torczyner, L’ami Magritte. Correspondance et souvenirs, Anvers, 1992 ; P. Waldberg, René Magritte, Bruxelles, 1965.
J. Pirotte
→ Peintres ; Rêveries du promeneur solitaire.