Les rues de LLN
chemin de Moulinsart
Moulinsart
Moulinsart (chemin de) G4-H5
Conseil communal du 28 mai 2002.
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème de la littérature belge de langue française.
* Thème du monde d’Hergé.
Une partie du quartier des Bruyères voué aux arts est dédiée à la littérature française de Belgique [PV 42]. Variation sur un toponyme bien connu du Brabant wallon (« Sart-Moulin », dans la Commune de Braine-l’Alleud), Moulinsart est une allusion évidente à l’œuvre d’Hergé, de son vrai nom Georges Rémy (1907-1983). Si ce dernier était incontestablement bruxellois, ses attaches avec le Brabant wallon sont néanmoins nombreuses et importantes. Ainsi, dans Les cigares du Pharaon (p. 48), un panneau indicateur sur un wagon dans lequel Tintin a pris place signale que le train vient de Serhu (= Céroux), où Hergé s’était-il établi après la guerre. La monnaie de la Syldavie, dans Le sceptre d’Ottokar est le khor, dont le nom est inspiré du wallon du Brabant, qui emploie côrs (au pluriel) avec le sens de : « argent, sous ». Quant aux décors inspirés de la campagne brabançonne, ils sont légion…
Notons qu’en 2009, à l’occasion de l’installation du Musée Hergé à Louvain-la-Neuve, la Commission de toponymie a proposé de nommer les voiries desservant le nouveau Musée avec des noms évoquant le monde du créateur de Tintin [PV OL 7 et 8]. Après coup, le « chemin de Moulinsart » se rattache donc également à cette thématique.
* L’apparition du château de Moulinsart au milieu des aventures de Tintin (Le Secret de la Licorne, Le Trésor de Rackham le Rouge) coïncida avec l’installation de leur auteur, Hergé, dans les environs de Céroux-Mousty.
Ni le nom ni l’apparence de cette demeure patricienne ne sont de pures créations : Moulinsart est l’inversion de Sart-Moulin, petite localité du Brabant wallon ; l’architecture est celle du château de Cheverny, privé de ses deux ailes et rendu ainsi à plus de modestie. Élégant, vaste et cependant habitable, composé de pièces à la disposition symétrique, décoré et meublé sans ostentation mais de manière un peu hétéroclite, ouvert peu à peu sur un décor au caractère familièrement brabançon (Les Bijoux de la Castafiore, Tintin et les Picaros), le château de Moulinsart valorisa la sphère privée et le terroir. Il se révéla rapidement un dispositif spatial qui mit fin à un certain nomadisme de Tintin et de ses amis ; lieu de repos entre deux aventures, il lui arriva cependant de connaître des moments d’agitation (l’irruption du bruyant Abdallah, l’arrivée de l’encombrant Célestin Lampion et de sa famille) ou, même, de déferlement médiatique (Les Bijoux de la Castafiore).
Bibliographie : A. Algoud, Tintinolâtrie, Tournai, 1987 ; Id., L’intégrale des jurons du capitaine Haddock, Bruxelles, 2004 ; J. Baetens, Hergé écrivain, Bruxelles, 1989 ; F. Hébert et R.-H. Giroud, Êtes-vous tintinologue ?, 2 vol., Tournai, 1984 ; D. Barbieri, Tintin et la ligne claire, dans Tintin, Hergé et la « Belgité », Bologne, 1994, p. 261-275 ; P. Goddin, Hergé et Tintin reporters. Du Petit Vingtième au journal Tintin, Bruxelles, 1986 ; D. Maricq, Hergé côté jardin raconte. Un dessinateur à la campagne, Bruxelles, 2011 ; B. Mouchart, À l’ombre de la ligne claire. Jacques Van Melkebeke, le clandestin de la B.D., Paris, 2002 ; B. Peeters, Le monde d’Hergé, nouv. éd., Bruxelles, 1990 ; F. Soumois, Voyages au pays de Tintin. Essai d’analyse de sources, de versions, de thèmes et de structures dans l’œuvre de Hergé, 2 vol., Bruxelles, 1985-1986 ; T. Sertillanges, La vie quotidienne à Moulinsart, Paris, 1995 ; A. Strubel, La licorne, dans Dictionnaire des mythes littéraires, sous la dir. de P. Brunel, Monaco, 1988, p. 922-929 ; H. Van Lierde et G. Fontbaré, Le colloque de Moulinsart, Bruxelles, 1983.
J. Carion
→ Flibustiers ; Flupke ; Labrador ; licorne ; Ottokar ; Pirates ; Quick.