Les rues de LLN

carrefour André Oleffe

carrefour André Oleffe
1348
Louvain-la-Neuve

Oleffe

[Oleffe (avenue André)]            [remplacé]

Oleffe (boulevard André) E3-E4-F3

Oleffe (carrefour André) F2-F3-G2-G3

Conseil communal du 16 septembre 1975 (avenue), du 4 septembre 1995 (boulevard), en cours (carrefour).

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

* Thème des figures de nos régions.

* Thème du passé universitaire.

L’« avenue André Oleffe » honore la mémoire du président du Conseil d’administration de l’Université catholique de Louvain de 1971 à 1975, qui fut un des pionniers de Louvain-la-Neuve. « Avenue André Oleffe » a été préférée à « pénétrante Ouest » (ou plus tard, « boulevard Ouest »). Le nom « carrefour André Oleffe » n’a pas été officialisé. Il a parfois été question de reprendre le nom d’André Oleffe pour une voirie importante à construire du centre ville, mais ce projet n’a jamais été concrétisé. Le « boulevard André Oleffe » aurait pu ainsi être rebaptisé « boulevard de l’Ouest » (proposition récurrente…), « boulevard du Lac » (PV 48], etc.

* Né à Court-Saint-Étienne, le 10 mai 1914 et décédé à Ottignies le 18 août 1975, André Oleffe a connu une carrière à facettes multiples qui l’a conduit à assumer de hautes responsabilités dans des institutions et organisations aussi diverses que la Commission bancaire, le Mouvement ouvrier chrétien (MOC) et l’Université catholique de Louvain. Comme président du Conseil d’administration de l’Université de 1970 à 1974, il joue un rôle de premier plan avec Édouard Massaux et Michel Woitrin pour assurer la réussite du transfert de la section francophone de l’Université catholique de Louvain de Leuven à Louvain-la-Neuve. Dès 1968, il met ses talents de négociateur, ses qualités d’analyste financier et un impressionnant carnet d’adresses dans le monde politique et celui des affaires au service de la réussite du projet néolouvaniste. Non content d’assurer la viabilité financière de la nouvelle université, il va payer plus d’une fois de sa personne pour régler les nombreux problèmes concrets que pose la création d’une nouvelle ville.

Issu d’un milieu modeste et de philosophie libérale, André Oleffe est le fils aîné d’Émile Oleffe, un ouvrier-typographe qui a travaillé pour un patron d’imprimerie, Xavier Sinéchal avant de monter sa propre affaire avec un compagnon de travail au milieu des années 1930. La reprise de l’imprimerie Sinéchal à Court-Saint-Étienne se révèle être un formidable défi alors que la crise sévit et que l’associé d’Émile Oleffe abandonne rapidement la partie. Le père d’André Oleffe secondé par son autre fils Raymond va surmonter tous les obstacles et développer une entreprise qui constitue aujourd’hui encore une référence dans son domaine d’activité.

Contrairement à nombreux jeunes de son village issus du même milieu social et qui entrent très tôt dans la vie professionnelle, il accomplit un long cursus scolaire qui le conduit de l’École communale de Court-Saint-Étienne à l’Athénée d’Ixelles, où il termine de brillantes études secondaires. Malgré de fortes réticences paternelles, il entame des études d’ingénieur commercial à l’Institut Solvay de l’Université libre de Bruxelles en 1931. Il bénéficie d’une bourse des « mieux doués » que la famille mettra des années à rembourser et il obtient son diplôme quatre ans plus tard, en dépit de sérieux ennuis de santé et des conditions de vie précaires. Ses débuts dans la vie professionnelle sont pour le moins difficiles. Il connaît la dure réalité du chômage et change à plusieurs reprises d’emploi. Plutôt que de suivre son employeur, un gestionnaire de fortune, aux États-Unis en 1939, il choisit de retourner dans son ancien établissement scolaire, à l’Athénée d’Ixelles, pour assurer le remplacement de professeurs mobilisés par la Drôle de guerre. Une expérience qui le convainc de choisir une autre voie que l’enseignement. Une opportunité s’ouvre alors du côté du Ministère des finances, qu’il rejoint après un examen brillamment réussi. Au moment où la guerre commence, il entame une longue carrière au service de l’État. Fin 1944, il accepte la proposition d’Eugène de Barsy, président de la Commission bancaire, de le rejoindre au sein de cette institution pour occuper les fonctions de directeur. André Oleffe restera au sein de cet organisme jusqu’en avril 1974 et son entrée dans le gouvernement Tindemans comme ministre des Affaires économiques. Directeur général en 1962, il remplace Eugène de Barsy comme président pour un court mandat de janvier 1973 à avril 1974. Le 25 avril de cette même année 1974, il devient ministre alors qu’il n’est pas parlementaire. Dans cette fonction très exposée politiquement en raison de la crise, il va notamment tenter, au cours de son bref mandat, de juguler l’inflation galopante et élaborer un contrat-programme avec le secteur pétrolier. Sa position d’extra-parlementaire ne l’empêche pas d’exercer également une influence notable au sein du PSC, un parti auquel il est resté fidèle malgré la vague régionaliste et fédéraliste qui touche le mouvement qu’il préside jusqu’en 1973, à savoir le Mouvement ouvrier chrétien. Rarement un président du MOC aura eu autant d’influence que lui. À titre de bénévole, il assure de 1950 à 1973 la présidence de cette organisation. Et au nom de celle-ci, il assume comme expert des mandats importants dans le cadre du contentieux belgo-congolais jusqu’en 1965, comme président du Comité de concertation de la politique sidérurgique de 1966 à 1973, comme membre du Comité du gaz et de l’électricité à partir des années 1960. Non sans avoir occupé un rôle central au sein de l’establishment catholique, il garde une certaine indépendance d’esprit et d’action.

En plus de ses activités professionnelles et politiques au niveau national, André Oleffe est un militant chrétien engagé et infatigable sur le terrain social de sa localité, Ottignies. Formé à l’université au libre examen, il doit sa conversion à la foi chrétienne à son épouse, Simone François, une militante jociste de Court-Saint-Étienne. Cette foi entretenue au sein du foyer familial se renforce par une grande complicité avec Joseph Cardijn et une action de terrain au sein des Équipes populaires à Ottignies. Dans cette même ville, il s’engage dans la fondation d’un nouvel hôpital qui ouvre ses portes en 1973. Il s’agit de l’hôpital Saint-Pierre. Bâtisseur au service de l’État, de l’Église et des travailleurs, il est un proche conseiller d’Auguste Cool, président de la CSC et son expertise en matière économique et financière est largement reconnue. Mais en même temps, il met un talent pédagogique indéniable au service d’une compréhension par tous des grands enjeux de son temps et d’un projet humaniste chrétien inspiré clairement par le personnalisme. Sans avoir été la cheville ouvrière de la création de la FOPES (Faculté ouverte de politique économique et sociale) de l’Université catholique de Louvain en 1973, il l’a soutenue de tout son poids conscient de l’enjeu qu’elle représentait pour le mouvement ouvrier chrétien.

Bibliographie : P. Tilly, André Oleffe, Bruxelles, 2009 ; W. Ugeux, André Oleffe ou le dialogue en circuit fermé (Ceux d’hier et d’aujourd’hui, 14), Bruxelles, 1973 ; N.B.N., t. II, p. 296-297.

P. Tilly

Classé dans : Les Bruyères