Les rues de LLN

rue Pierrre-Joseph Redouté

rue Pierre-Joseph Redouté
1348
Louvain-la-Neuve

Redouté

Redouté (rue Pierre‑Joseph) E5

Conseil communal du 9 novembre 1976.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

* Thème des figures de nos régions.

* Thème du patrimoine wallon.

Le quartier des Bruyères est dédié au thème des arts. Un certain nombre de désignations y évoquent les différents arts, les artistes et leurs techniques. La peinture y est ainsi évoquée à travers la « place des Peintres », mais aussi par le rappel de techniques ou d’artistes de nos régions. « Rue Pierre-Joseph Redouté » (1759-1840) évoque ce peintre natif de Saint-Hubert célèbre pour ses roses.

* Pierre-Joseph Redouté naît à Saint-Hubert le 10 juillet 1759 dans une famille où l’on est artiste depuis trois générations. Son arrière-grand-père avait été peintre des princes-évêques de Liège ; son grand-père, né à Dinant en 1687, a peint des tableaux d’histoire, des portraits, des œuvres religieuses et a travaillé pour l’abbaye de Saint-Hubert de 1729 à 1732 ; son père, Charles-Joseph, étudie de 1737 à 1743 à l’Académie Saint-Luc à Paris puis s’établit à Saint-Hubert à la demande de l’abbé Dom Célestin de Jongh (1738-1760) et s’y marie en 1750. Il eut cinq enfants survivants : deux filles et trois garçons qui seront peintres eux aussi. La famille est pauvre et les enfants reçoivent une instruction sommaire. Très vite, ils travaillent avec leur père. Pour subsister, le jeune Pierre-Joseph, âgé de 13 ans, part en Brabant faire son apprentissage : il décore des salons, peint des scènes de genre et des tableaux d’église. En 1775, il va à Carlsbourg décorer le château. En 1776, son frère aîné, Antoine-Ferdinand, s’installe à Paris. La mort de leur père (décembre 1776) oblige Pierre-Joseph à revenir à Saint-Hubert où il achève des travaux du défunt ; il retourne ensuite en Brabant, puis se rend au Luxembourg pour peindre des portraits. En 1782, il rejoint à Paris son frère aîné Antoine-Ferdinand qu’il aide à peindre des décors de verdure ou de fleurs pour les théâtres. Il y fait la connaissance, en 1784, de Charles-Louis L’Héritier de Brutelle, botaniste fortuné, qui l’initie à la botanique et à l’illustration botanique scientifique et lui confie 54 (sur 90) des planches des Stirpes novae, publiées de 1784 à 1791. Son jeune frère, Henri-Joseph, s’installe lui aussi à Paris ; il collabore avec Pierre-Joseph et est engagé par L’Héritier. En 1786, Pierre-Joseph épouse une Parisienne, Marie-Marthe Gobert, dont il aura trois enfants. Il fréquente assidûment le Jardin du Roi, gagne Londres, y visite le Jardin de Kew (lavis du Sertum Anglicum) et y rencontre le graveur florentin F. Bartolozzi, qui pratique la gravure au pointillé. À Paris, Gérard van Spaendonck (1746-1822), directeur de la Collection des Velins du Roi, l’initie aux raffinements de l’aquarelle et à la technique de la gravure en pointillé. En 1788, Redouté est un des fondateurs de la Société linnéenne de Paris. Il se fait rapidement un nom : présenté à Versailles, il travaille au petit Trianon mais il n’est pas inquiété à la Révolution. Spaendonck lui demande, en 1792, de peindre à sa place des planches botaniques de la Collection des Velins. Il collabore aussi aux meilleurs ouvrages de botanique de son temps. En 1794, il est attaché avec son frère Henri-Joseph au Museum d’Histoire naturelle pour continuer la collection des Velins, devenue bien national. Mais, contrairement à Henri-Joseph, il ne suit pas Bonaparte en Égypte. En 1798, Joséphine de Beauharnais, femme de ce dernier, prend Pierre-Joseph sous sa protection : il commence la publication de son plus bel ouvrage Les Liliacées (1802-1816) en même temps que le Jardin de Malmaison (1803-1805). Il voyage et en 1809 revient à Saint-Hubert avec sa famille : il y herborise et peint des champignons pour le compte d’un botaniste luxembourgeois, L. Marchand. De 1817 à 1824, sont publiées les planches des Roses qui assureront sa renommée. Parallèlement à ses charges d’illustrateur botanique — il a engagé dans son atelier des graveurs, des enlumineurs et des imprimeurs —, il donne des cours de dessin fréquentés par la bonne société, surtout féminine, qu’attirent sa renommée ainsi que ses dons de pédagogue et son caractère doux et affable. En 1824, il succède à Van Spaendonck comme Maître de dessins au Museum d’histoire naturelle. Il doit donner chaque année des leçons publiques de dessin, ce qu’il fera jusqu’à sa mort. Son dernier recueil, Choix des plus belles fleurs et des plus beaux fruits, est exécuté de 1827 à 1833. Il fut le professeur des impératrices Joséphine de Beauharnais, à qui il resta fidèle, et Marie-Louise, de la reine des Français Marie-Amélie et de sa fille, Louise-Marie, reine des Belges à qui est dédié le Choix de soixante roses, en 1836. Il meurt à Paris le 19 juin 1840 dans les chagrins (deux de ses enfants sont décédés) et les soucis financiers. Il est enterré au Père-Lachaise.

Pierre-Joseph Redouté, peintre, aquarelliste et graveur, reste inégalé dans l’illustration botanique. Le procédé de la gravure au pointillé qu’il maîtrise à la perfection lui a permis de rendre les gradations les plus délicates des couleurs et des modelés. Les nombreuses reproductions de ses œuvres font de ce « Raphaël des fleurs » un artiste mondialement connu et apprécié.

Bibliographie : J. Guillaume, Pierre-Joseph Redouté à Saint-Hubert, dans Louise-Marie, élève de Redouté, et Léopold Ier en Ardenne, dans Saint-Hubert en Ardenne. Art-Histoire-Folklore, t. II, 1991, p. 51-54 ; A. Lawarlée, Pierre-Joseph Redouté. 1759-1840. La famille et l’œuvre, dans Saint-Hubert en Ardenne. Art-Histoire-Folklore, t. VII, 1996, p. 9-67 (Bibliographie des ouvrages publiés ou illustrés par P.J. Redouté, p. 73-91) ; J. Stiennon, J.-P. Duchesne, Y. Randaxhe, De Roger de le Pasture à Paul Delvaux, cinq siècles de peinture en Wallonie, Liège, 1988.

C. Muraille

→ Peintres.

              

              

  

Classé dans : Les Bruyères