Les rues de LLN
rue Renier de Huy
Renier de Huy
Renier de Huy (rue) [en réserve, D5-E5]
Conseil communal du (/).
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème des figures de nos régions.
* Thème du patrimoine wallon.
Ce nom a été retenu de manière privilégiée par la Commission de toponymie pour désigner — avec « rue du Groupe Cobra » et « rue de l’Art Nouveau » — les voiries à construire entre la « Grand-Place » et le lac [PV OL 8]. Il s’agit en effet d’un espace situé dans le prolongement du Quartier des Bruyères consacré aux arts, et plus spécialement aux Beaux-Arts.
* On associe traditionnellement le nom de l’orfèvre Renier de Huy, documenté en 1125 dans une charte liégeoise et décédé vers 1150 à Neufmoustier, aux célèbres fonts baptismaux en laiton conservés à l’église Saint-Barthélemy de Liège, mais la prudence est de mise de nos jours. On sait par une chronique contemporaine des faits que les fonts ont été réalisés à l’initiative de Hillin, abbé de l’église de Notre-Dame-aux-Fonts, paroissiale adossée à la cathédrale Saint-Lambert de Liège. Hillin ayant occupé cette charge de 1107 à 1118, l’œuvre est ainsi datable. Le lien avec Renier de Huy n’apparaît que tardivement, dans une chronique du début du XVe siècle. En toute rigueur, l’existence de ce Renier l’orfèvre ne permet pas de lui attribuer les fonts. Autre controverse, celle de l’origine de l’œuvre. En 1984, Pierre et Berthe Colman la mirent en doute, argumentant que les fonts avaient été réalisés à Rome vers l’an mille par des artistes romains et byzantins. Ils auraient été emportés à Liège un siècle plus tard, à la faveur d’une campagne militaire impériale en Italie et donnés par l’abbé Hillin à l’église de Notre-Dame. Les deux historiens d’art avançaient les résultats d’analyses stylistiques et matérielles à l’appui de cette hypothèse, mais celle-ci n’est plus guère retenue actuellement.
Reste le chef-d’œuvre, incontestable et isolé, que constituent les fonts de Saint-Barthélemy, monumentale cuve coulée en laiton de 80 cm de diamètre sur 60 cm de haut. Y sont représentés en haut-relief la prédication de saint Jean-Baptiste, le baptême des néophytes puis du Christ par le Baptiste, puis le baptême du centurion Corneille par saint Pierre et du philosophe Craton par saint Jean, épisodes tirés des Actes des Apôtres et d’un apocryphe néo-testamentaire. Les personnages sont modelés avec un naturel admirable, en des poses et avec des accoutrements variés, le tout étant accompagné de nombreuses inscriptions qui permettent de leur conférer divers niveaux de signification. Sous la cuve, douze bœufs sont figurés à mi-corps sur le socle, représentant les apôtres, mais rappelant aussi les bœufs soutenant la grande cuve sur le parvis du temple de Salomon, la « Mer d’airain » décrite par le Livre des Rois (7, 23-26). On y saisit un des multiples jeux de correspondances qu’affectionne l’art médiéval.
Bibliographie : P. Colman et B. Lhoist-Colman, Les fonts baptismaux de Saint-Barthélemy à Liège. Chef-d’œuvre sans pareil et nœud de controverses, Bruxelles, 2002 ; Études sur les fonts baptismaux de Saint-Barthélemy à Liège, sous la dir. de G. Xhayet et R. Halleux, Liège, 2006.
B. Van Den Abeele
→ Cobra ; Art Nouveau.