Les rues de LLN

Rêverie du Promeneur Solitaire

rue: Rêverie du Promeneur Solitaire
canton postal: 1348
localité: Louvain-la-Neuve
description:

Rêverie du Promeneur solitaire

Rêverie du Promeneur solitaire E4-F3-G3-G4

Conseil communal du 17 mai 1977.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

* Thème du patrimoine wallon.

En appelant « Rêverie du promeneur solitaire » le chemin parcourant le tour du lac de Louvain-la-Neuve, la Commission de toponymie n’a pas voulu rappeler une œuvre de Jean-Jacques Rousseau, mais une toile de René Magritte, peintre surréaliste wallon, qui a aussi donné son nom à une rue.

* En donnant le nom de « Rêverie du Promeneur solitaire » au sentier qui longe du nord-ouest au sud le lac de Louvain-la-Neuve, on a voulu faire référence à une œuvre de René Magritte, l’un des peintres wallons les plus connus du mouvement surréaliste (1898-1967). On remarquera que le mot rêverie est au singulier à Louvain-la-Neuve, alors que le titre de l’œuvre de Magritte est au pluriel. Le tableau Rêveries du promeneur solitaire (huile sur toile, 139 x 105 centimètres, fin 1926) met en scène son personnage typique coiffé d’un melon, se promenant le long d’un cours d’eau ; il tourne le dos à un corps nu, sorte de mannequin d’une rigidité cadavérique, voguant dans l’espace. Bien des critiques ont vu dans ce tableau une des allusions les plus claires au suicide de la mère du peintre, qui se noya dans la Sambre en 1912 alors que René entrait à peine dans l’adolescence. Le paysage avec son petit pont enjambant la rivière semble caractérisique des berges de la Sambre aux alentours de Châtelet, où Magritte passa une partie de son enfance. L’hommage rendu à l’artiste en baptisant du titre de cette œuvre une allée qui se veut un lieu de promenade sereine autour du lac, est quelque peu surréaliste ; il étonne en effet quand on saisit l’intensité dramatique de l’œuvre, mais il n’est pas exclu qu’une promenade paisible soit propice à la méditation la plus profonde sur l’homme et le tragique de sa destinée.

Inévitablement, le nom de cette allée nous ramène à l’œuvre du même nom de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), le philosophe du siècle des Lumières qui inspira sans doute l’intitulé du tableau de Magritte. C’est entre 1776 et 1778, peu de temps avant sa mort, que Rousseau, tournant le dos comme le personnage au chapeau de Magritte, à la société des hommes, cherche l’apaisement après les dernières années tourmentées de sa vie. Ces méditations, Rêveries du promeneur solitaire, s’ouvrent par cette phrase désabusée : « Me voici donc seul sur la terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de société que moi-même ». Rousseau se promène dans la campagne voisine de Paris, puis dans celle d’Ermenonville près de Senlis et recouvre la sérénité tout en « herborisant » et en se rappelant ses flâneries le long du lac de Bienne en Suisse et sur l’île Saint-Pierre au milieu du lac, où il séjourna en 1765. Il trouve consolation dans une communion mystique avec la nature et avec Dieu. Le ton des Rêveries s’adoucit, l’aigreur s’atténue en laissant place à un chant intérieur qui s’exprime dans des pages qui comptent parmi les plus belles de l’auteur. Par l’exploration du sentiment, par la propension à la confession, par les rapports nouveaux avec la nature, ces méditations ont exercé une énorme influence sur les littérateurs qui ont suivi, notamment sur les écrivains romantiques français (Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, Lamartine, George Sand) et européens (le Goethe des Souffrances du jeune Werther).

Bibliographie : A. Blavier, René Magritte. Écrits complets, Paris, 1979 ; S. Gablik, Magritte, Bruxelles, 1978 ; René Magritte. 1898-1967, sous la dir. de G. Ollinger-Zinque et F. Leen, Bruxelles, 1998 (Catalogue de l’exposition du centenaire de la naissance du peintre) ; Ph. Roberts-Jones, Magritte, poète visible, Bruxelles, 1972 ; D. Sylvester, Magritte, Anvers, 1992 ; Id., René Magritte. Catalogue raisonné, Anvers, 5 vol., 1992-1997 ; H. Torczyner, L’ami Magritte. Correspondance et souvenirs, Anvers, 1992 ; P. Waldberg, René Magritte, Bruxelles, 1965.

J. Pirotte

→ Magritte.

              

              

              

              

           

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