Les rues de LLN

rue des Condruziens

rue des Condruziens
1348
Louvain-la-Neuve

 

Condruziens

Condruziens (rue des) D7

Conseil communal du 28 mai 2002.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

* Thème des gentilés.

La « rue des Condruziens » est la petite section piétonnière reliant la « voie des Hennuyers » à la « place de l’Accueil », entre les « Halles Universitaires » et les voies du chemin de fer en contrebas. Au départ, la Commission avait songé à la « rue du Condroz », ce qui tranchait avec les autres noms du quartier utilisant les gentilés (« rue des Wallons », « Rampe des Ardennais », « cour des Borains », etc.) et non les noms de « régions » [PV 42]. Elle a rectifié rapidement [PV 43]. Si les « Condruses », les Condrusi dont parle César, constituaient un petit peuple celte de la Gaule Belgique vivant dans la forêt d’Ardenne, au sud de la Meuse, le mot « Condruziens » désigne aujourd’hui les habitants de la région géographique bordant le sud du sillon Sambre et Meuse (le Condroz), et plus largement, ce qui lui appartient (adjectif).

* Les traits spécifiques du socle géologique et la singularité des paysages ruraux font de cette région un ensemble agro-géographique bien individualisé. Avec la Fagne et la Famenne accrochées à son flanc méridional, il constitue une transition entre les plateaux limoneux du nord de la Wallonie (Hainaut, Brabant et Hesbaye) et l’Ardenne. Le Condroz s’individualise d’abord par sa trame naturelle. Son relief résulte de l’action du plissement des roches gréseuses et calcaires de son sous-sol mais aussi de l’érosion qui a mis à jour ce substratum plissé. Les roches les plus tendres ont été déblayées, les plus résistantes mise en relief. Le Condroz se présente ainsi comme une gigantesque tôle ondulée orientée sud-ouest — nord-est. Une série de crêtes gréseuses appelées ici « tiges », telles les vagues fossilisées d’une houle du nord-ouest, animent sa topographie de manière singulière. Elles sont entrecoupées de dépressions évasées nommées « chavées » dégagées dans les calcaires plus tendres par les agents d’érosion. Entre tiges et chavées, les hommes ont établi leur village en profitant de la complémentarité des terroirs qu’offrait la géologie locale. L’unité paysagère type montre un village étiré au bas du versant d’une dépression (plus rarement en haut de versant). Il est ceinturé d’une couronne de prairies qui se prolongent dans tout le fond de la dépression. En haut de versant prennent place les labours auxquels succèdent les bois qui viennent coiffer le sommet des tiges. Mais cet archétype paysager caractérise surtout le « Vrai Condroz » c’est-à-dire la zone comprise entre la vallée de la Haute Meuse et celle de la Basse Ourthe.

À l’ouest, entre Eau d’Heure et Haute Meuse, on parlera du Condroz occidental, à l’est de la Basse Ourthe à la Vesdre, de Condroz oriental. Le Condroz occidental très accidenté dans sa bordure mosane se transforme graduellement en un plateau agricole aux ondulations amples qui annonce les paysages de grandes cultures du plateau limoneux de Thudinie localisé au-delà de l’Eau d’Heure. Le Condroz oriental quant à lui constitue une transition vers le Pays de Herve. Ses paysages herbagers, compartimentés de haies plus ou moins bien conservées, expriment les débordements des logiques bocagères herviennes au sud de la Vesdre.

Les limites sud et nord du Condroz sont également graduelles. Au sud, l’amplification du couvert forestier annonce la Fagne à l’ouest et la Famenne à l’est de la Haute Meuse. Cette limite est loin de faire l’unanimité : certains la fondent sur la géologie et l’arrêtent strictement au dernier tige condruzien, d’autres adoptent une limite visuelle qui prolonge le Condroz jusqu’au rebord septentrional de la dépression de la Fagne et de la Famenne.

La limite nord est tout aussi incertaine. Pour d’aucuns, plus de Condroz au-delà de la bande forestière qui court parallèlement au sillon sambro-mosan de Loverval (sud de Charleroi) au Sart Tilman (Liège) ; pour d’autres, le Condroz descend jusqu’aux rives de la Sambre et de la Meuse. Il y a donc lieu de distinguer dans ce compartiment deux ensembles. Au sud, un plateau au sous-sol grèso-schisteux d’altitude voisine des 200 mètres. Il constitue un réel obstacle topographique qui l’individualise bien dans le paysage. Son couvert forestier donne l’illusion à l’automobiliste arrivant de Bruxelles qu’il entre en Ardenne juste après avoir franchi la Meuse. D’ouest en est, il se divise en trois « pays » : le Pays d’Acoz (sud de Charleroi), la Marlagne (sud de Namur) et le Condroz Ardennais (sud d’Andenne, Huy et Liège).

Au nord, avant de franchir ce plateau, on parcourt un glacis parfois profondément disséqué par les affluents de la Sambre et de la Meuse. C’est une zone très accidentée où alternent replats étriqués et vallées étroites et encaissées aux versants souvent boisés. C’est aujourd’hui un territoire très urbanisé qui a servi dès le XIXe siècle d’exutoire aux banlieues surpeuplées.

Bien que forestier au nord comme au sud, le Condroz est avant tout une région agricole. Si les conditions de production ne sont pas celles de la Hesbaye, on n’en est pas loin dans certaines entités comme Mettet par exemple. Mais ici la vocation agricole, depuis les crises de la fin du XIXe siècle, c’est l’élevage bovin. Le Condroz est le berceau du Blanc Bleu Belge et le marché aux bestiaux de Ciney, l’un des plus grands d’Europe, en est la vitrine.

Proche du sillon urbain wallon, le Condroz a connu depuis l’Entre-deux-guerres une urbanisation importante. Les communes de sa frange nord et celles qui sont traversées par de grands axes routiers font désormais partie des campagnes périurbaines qui ceinturent toutes les villes européennes. La proximité de la ville, l’attractivité des paysages et la libération de terres agricoles dont l’exploitation était difficilement mécanisable ont été, parmi d’autres, des facteurs décisifs dans le choix de ceux qui ont décidé d’habiter à la campagne sans y travailler.

Bibliographie : Architecture rurale de Wallonie. Condroz, sous la dir. de L.-F. Genicot, Liège, 1989 (notamment les parties géographiques due à C. Chistians) ; C. Chistians, avec la coll. de L. Daels et A. Verhoeve, Les campagnes, dans Géographie de la Belgique, Bruxelles, 1992 p. 484-536 (p. 535-536 pour la bibliographie).

D. Belayew

Classé dans : Centre Ville