Les rues de LLN

ruelle Dédale

ruelle Dédale
1348
Louvain-la-Neuve

Dédale

Dédale (ruelle) E7

Conseil communal du 17 décembre 1974.

Toponyme créé (descriptif topographique).

* Thème des toponymes descriptifs.

« Ruelle Dédale » rappelle cet architecte, sculpteur et inventeur légendaire d’Athènes. On a voulu évoquer ici la légende racontant son périple dans le labyrinthe. La configuration de cette ruelle le justifie.

* Dédale (en grec, l’adjectif daidalos signifie « travaillé avec art ») est un personnage légendaire, généralement considéré comme appartenant à la famille royale d’Athènes, auquel ont été attribuées plusieurs inventions. La première référence à cet « artisan » se trouve dans l’Iliade (XVIII, 590-592), où il est mentionné comme ayant bâti un choros, c’est-à-dire un lieu où l’on danse, pour Ariane, la fille du roi Minos, à Cnossos, en Crète. À l’époque classique, il fut considéré comme un sculpteur de génie et passait pour avoir, le premier, libéré la statuaire grecque archaïque de sa rigidité, en représentant ses personnages dans l’attitude de la marche. Dans le Ménon (97, d), Platon ne manque pas de faire allusion aux statues de Dédale, sur un ton quelque peu humoristique : « […] ces statues, si on néglige de les fixer, prennent la fuite et s’en vont : il faut les attacher pour qu’elles restent » (traduction de A. Croiset, CUF). Outre ses qualités de sculpteur, l’époque hellénistique vit en Dédale un architecte de talent, constructeur du Labyrinthe de Cnossos. Selon la légende, Dédale, jaloux des dons exceptionnels de son neveu et apprenti Talos, le précipita du haut de l’Acropole après que celui-ci eut inventé la scie, en s’inspirant de la mâchoire d’un serpent. Condamné pour ce meurtre par l’Aréopage, il s’exila et vint se réfugier auprès du roi Minos, pour qui il construisit un palais aux couloirs inextricables, le Labyrinthe, où fut enfermé le Minotaure. Après la victoire de Thésée sur ce dernier, l’architecte y fut emprisonné avec son fils Icare, pour avoir inspiré à Ariane l’idée de la pelote de fil. Mais tous deux réussirent à s’échapper par les airs, ainsi que le raconte Ovide dans ses Métamorphoses (VIII, 188-195) : « [Dédale] s’applique à un art jusqu’alors inconnu et soumet la nature à de nouvelles lois. Il dispose des plumes à la file en commençant par la plus petite […]. Puis il attache ces plumes au milieu avec du lin, en bas avec de la cire et, après les avoir ainsi assemblées, il leur imprime une légère courbure pour imiter les oiseaux véritables » (traduction de G. Lafaye, CUF). Après avoir assisté à la chute tragique de son fils trop audacieux, l’inventeur du vol arriva sain et sauf en Grande Grèce.

Le mot « dédale », devenu nom commun, est synonyme de « labyrinthe ». Outre la linguistique, l’inventeur a inspiré de nombreux artistes et écrivains. À commencer par Bruegel l’Ancien, dans son tableau La chute d’Icare, réalisé d’après le récit d’Ovide. C’est une phrase de ce même texte, et ignotas animum dimittit in artes, que James Joyce a choisie comme épigraphe pour son roman autobiographique Portrait de l’artiste en jeune homme (1916), dont le héros porte le nom de Stephen Dedalus.

Bibliographie : Dictionnaire culturel de la mythologie gréco-romaine, sous la dir. de R. Martin, Paris, 1992, p. 81-82 ; P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, 7e éd., Paris, 1982, p. 118 ; E. Kearns, R. Neudecker, Daidalos, dans Der Neue Pauly. Enzyklopädie der Antike, sous la dir. de H. Cancik et H. Schneider, t. III, Stuttgart-Weimar, 1997, col. 272-274 ; S.P. Morris, Daidalos, dans The Dictionary of Art, sous la dir. de Turner, t. VIII, Londres-New York, 1996, p. 457-458.

O. De Bruyn

           

Classé dans : Le Biéreau