Les rues de LLN

Collège Albert Descamps

rue: Collège Albert Descamps
canton postal: 1348
localité: Louvain-la-Neuve
description:

Descamps

Descamps (auditoires) D5

Descamps (Collège Albert) D5

Domaine universitaire.

Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).

* Thème des figures de nos régions.

* Thème du passé universitaire.

* Thème des toponymes descriptifs.

* Albert Descamps naquit le 27 juin 1916 à Escanaffles, au nord de la province du Hainaut, où son père ( le 10 octobre 1926) cumulait les métiers de facteur et d’agriculteur. En vue d’aider sa mère prématurément veuve, il débuta des études secondaires professionnelles agricoles au Sint-Jan-Berchmans Instituut d’Avelgem, localité ouest-flamande située à trois kilomètres d’Escanaffles sur l’autre rive de l’Escaut (1928-1932). Il les poursuivit à la section scientifique du Sint-Leo College à Bruges (1932-1933), puis au Petit Séminaire de Bonne Espérance où il étudia le grec et le latin (1933-1934). Ce changement d’orientation était lié à sa décision de devenir prêtre. Il entreprit ensuite comme séminariste des études universitaires à l’Institut supérieur de philosophie de Louvain. Il y conquit en 1937 le grade de licencié en philosophie avec un mémoire sur La théorie de la connaissance chez Roger Marston. Après une année de théologie au Grand Séminaire de Tournai et une au Centre d’instruction de l’armée (CIBI) à Beverlo, il fut mobilisé en septembre 1939 comme brancardier-infirmier au 1er de Ligne et il participa en mai 1940 à la campagne des Dix-Huit Jours. Revenu au Séminaire le 24 juin 1940, il y acheva sa formation de séminariste et il fut ordonné prêtre le 5 octobre 1941. Il retourna ensuite à Louvain pour suivre les cours de la Faculté de Théologie et y présenter le 7 août 1945, sous la direction de Mgr Lucien Cerfaux, sa thèse sur La justice et les justes dans le premier évangile. Répondant aux souhaits de ses professeurs, il poursuivit les années suivantes des recherches en vue de la maîtrise. Dans ce cadre, il séjourna au Collège belge à Rome en 1946-1947 pour y conquérir le grade de licencié en sciences bibliques à l’Institut biblique pontifical. Il y fut le condisciple de Karol Woytila, le futur pape Jean-Paul II. Il fut finalement promu docteur et maître en théologie le 29 juin 1950 avec une thèse sur Les justes et la justice dans les évangiles et le christianisme primitif hormis la doctrine proprement paulinienne.

Entre-temps, il avait été nommé dès 1947 au Séminaire de Tournai, d’abord professeur d’histoire ecclésiastique, puis d’Écriture sainte de 1950 à 1955. Chargé en 1952 du cours d’histoire du milieu néotestamentaire au titre de maître de conférences, il prit en 1956 la succession de Mgr Cerfaux comme professeur de Nouveau Testament à la Faculté de Théologie de l’Université catholique de Louvain. En même temps, il était chargé de réorganiser et de diriger le Collège du Saint-Esprit, pédagogie pour prêtres étudiants. À la même époque, il présida aussi l’Institut supérieur des sciences religieuses et il le développa pour que, dans le cadre du Pacte scolaire, il puisse préparer des étudiants laïcs au métier de professeur de religion. En 1960, son professorat fut interrompu par son élection comme évêque titulaire de Tunis et sa nomination comme évêque auxiliaire de Mgr Himmer, évêque de Tournai. Ministère provisoire, puisque les évêques belges lui confièrent, en août 1962, la relève de Mgr Van Waeyenbergh comme recteur de l’Université de Louvain, puis recteur magnifique à partir de 1964. Il démissionna en 1969, suite à la décision politique de scinder l’antique Alma Mater louvaniste en une université de langue néerlandaise – la Katholieke Universiteit Leuven – et une université de langue française – l’Université catholique de Louvain. Dernier recteur de l’Université unitaire, il devint alors recteur magnifique honoraire et il reprit des cours d’exégèse néotestamentaire à l’Université catholique de Louvain. À partir de 1975, il poursuivit cette tâche à Louvain-la-Neuve. Il assura en même temps la présidence nationale de Pax Christi à partir de 1963 et il fut nommé évêque vicaire pour les étudiants étrangers en 1965. À partir de 1973, il exerça également la fonction de secrétaire de la Commission biblique pontificale à Rome.

Fertile en rebondissements, la vie professionnelle d’Albert Descamps se décline selon trois axes principaux : le professorat, le rectorat de l’Université, les services rendus à l’épiscopat belge et à l’Église universelle.

Son cœur penchait certainement du côté de ses activités professorales. Le professeur Descamps était un humaniste chrétien qui croyait très fermement aux droits imprescriptibles de l’intelligence humaine. Sa vaste culture ne nuisait pas à une simplicité spontanée. Il était soucieux d’initier ses étudiants à une recherche historique rigoureuse. Dans la grande tradition louvaniste, il attachait beaucoup d’importance à une étude philologique attentive du texte biblique et il savourait particulièrement la correction et la précision méthodologiques. Grand spécialiste de la Formgeschichte comme méthode d’approche littéraire et historique des textes, il en connaissait à fond les grands maîtres allemands que sont Hermann Gunkel, Rudolf Bultmann et Martin Dibelius. Ce grand pédagogue était d’une clarté proverbiale.

Ses huit années de rectorat furent loin d’être paisibles. Les premières furent difficiles parce que son prédécesseur, qui continuait d’habiter à Louvain et qui restait responsable des relations avec les universités étrangères, ne lui céda pas la place de bonne grâce. Par ailleurs, il ne put guère se consacrer au développement interne de son université. Car, même si cet excellent bilingue se donnait pour mission de pacifier les relations entre Flamands et francophones, le climat politique allait à l’encontre de ces intentions. En fait, dès le début de la décennie, le problème de l’expansion universitaire était à l’ordre du jour et des transferts possibles étaient évoqués sans qu’il soit toutefois déjà question, officiellement du moins, d’une scission complète de l’Alma Mater et du départ de tous les francophones. Une loi du 9 avril 1965 autorisa l’Université catholique de Louvain à installer les doctorats francophones en médecine à Woluwe-Saint-Lambert et des candidatures en philosophie et lettres flamandes à Courtrai, et à préparer un campus dans le canton de Wavre. Lors de l’ouverture de l’année académique 1965, Mgr Descamps déclara qu’« en somme le triangle Louvain-Woluwe-Wavre n’est qu’un Louvain élargi ». L’opinion flamande eut tôt fait d’y voir une volonté d’élargir ainsi la « tache d’huile » bilingue de Bruxelles. Malgré un mandement des évêques belges du 13 mai 1966, il s’avéra impossible de calmer cette opinion à laquelle Mgr De Smedt, évêque de Bruges, se rallia le 2 février 1968. Mgr Descamps tenta bien les 15 et 18 février de sauver un reste de l’unité institutionnelle et fonctionnelle de l’Université, mais il dut bien malgré lui présider d’étape en étape à la rupture. Il le fit avec dignité et discrétion, bien qu’il fût la cible d’innombrables critiques. La désormais inéluctable scission fut accomplie le 4 octobre 1968. Les professeurs Édouard Massaux et Piet De Somer devinrent recteurs respectivement de l’Université catholique de Louvain et de la Katholieke Universiteit te Leuven, Mgr Descamps recevant le titre de recteur magnifique honoraire.

La reconnaissance de ses qualités par Rome l’entraîna vers une collaboration toujours plus grande avec la curie romaine. Membre de la Commission biblique pontificale dès 1967, il en fut nommé secrétaire six ans plus tard par le pape Paul VI. Dans sa session plénière de 1976, cette commission fut interrogée par la Congrégation pour la doctrine de la foi sur la question délicate de l’ordination des femmes et elle vota à la majorité – 12 voix contre 5 – un avis selon lequel les fondements scripturaires du Nouveau Testament n’étaient pas suffisants pour que l’Église décide d’exclure l’ordination sacerdotale des femmes. Son rapport qui n’allait pas dans le sens désiré ne fut jamais publié.

Mgr Descamps participa activement au Synode romain de 1974 sur l’évangélisation et à la rédaction du document final. Il fut également chargé de plusieurs missions délicates. En 1974, il exerça avec Mgr Willy Onclin le rôle de visiteur apostolique du Séminaire d’Écône (Suisse) fondé par Mgr Lefebvre qui était en rupture avec le concile Vatican II. Malgré plusieurs contacts en octobre et en novembre, aucune solution ne fut entrevue et, le 6 mai 1975, le Vatican décida la suppression de la Fraternité Saint Pie X. Consulteur de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, il eut ensuite à jouer avec d’autres le rôle de juge dans l’instruction ouverte par ladite congrégation à l’encontre des enseignements et des écrits – en particulier un livre sur Jésus – du dominicain Edward Schillebeeckx, professeur à Nimègue. Il se dit qu’il y soutint une lecture de l’ouvrage qui ne réclamait pas une condamnation, et celle-ci ne fut pas prononcée.

Ut sim fidelis fut sa devise épiscopale, ce qui n’est pas sans rappeler le prénom de son père, Fidèle. Ce grand travailleur avait les traits classiques du terrien, un sens aigu des réalités et une sérénité d’âme à toute épreuve. Il fut un homme d’Église dans toutes ses fibres, dans sa vie d’homme, dans les célébrations liturgiques, dans ses responsabilités de formateur et de recteur d’université. D’une extrême discrétion et d’une grande liberté intellectuelle, il resta bon, cordial, serviable et d’une paix inaltérable tout au long d’une vie qui fut pourtant loin d’être paisible. Sur le chemin de son travail, il décéda tragiquement dans un accident de voiture à Ottignies-Louvain-la-Neuve le 15 octobre 1980.

Bibliographie : NBN, t. X, p. 152-155 ; J. Coppens, Son Excellence Mgr Albert Descamps. In memoriam, dans Ephemerides Theologicae Lovanienses, t. LVI, 1980, p. 253-281 ; J. Giblet, Mgr Albert Descamps, exégète et théologien de Louvain, dans Revue théologique de Louvain, t. XII, 1981, p. 40-58 ; R. Guelluy, Albert Descamps tel que je l’ai connu, dans Revue théologique de Louvain, t. XI, 1980, p. 407-414 ; É. Massaux, Éloge funèbre, dans Église de Tournai, t. XI, 1980, p. 385-390 ; K. Schelkens, The Louvain Faculty of Theology and the Modern(ist) Heritage. Reconciling History and Theology, dans Revue d’histoire ecclésiastique, t. CIV, 2009, n° 3-4, p. 856-891.

C. Focant

→  Cerfaux ; Massaux.

              

              

  

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