Les rues de LLN
voie des Hesbignons
Hesbignons
Hesbignons (voie des) E6-E7
Conseil communal du 28 octobre 1975.
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème des gentilés.
Dans le quartier du Biéreau, toute une série de toponymes évoquent les « pays » de la Wallonie, en nommant leurs habitants.
* La première mention du terme Hesbaye apparaît dans une charte de 680, par laquelle le roi de Thierry fait don à l’abbaye de Saint-Vaast à Arras de certaines localités situées « In pago Hesbanio ». Au XIe siècle, on parle de Hasbannium, de Haspania et de Haspengouwen, termes qui se rattacheraient, a-t-on admis, au haspe néerlandais dans le sens de « méandre, courbe, coin de terrain ». Dans cette hypothèse, l’origine du mot haspe pourrait être aussi attribuée à la Petite Gette que l’on désignait autrefois ainsi et qui présente un tracé sinueux. Cependant, on admet aujourd’hui que l’étymologie de Haspengouw ou Hesbaye serait moins compliquée. D’après M. Gysseling, le terme aurait désigné tout simplement le domaine occupé par les hasiz, éléments d’une peuplade germaine venue s’installer dans la Hesbaye actuelle.
Au nord du sillon Sambre-et-Meuse se situe la Moyenne Belgique, plateau largement ondulé qui s’incline doucement en direction de la mer du Nord. De cet ensemble morphologique s’individualise la Hesbaye que l’on découvre à l’ouest, lorsque après avoir remonté les flancs raides de la vallée mosane, on a quitté les sombres quartiers industriels de l’agglomération liégeoise.
La Hesbaye présente une morphologie peu complexe. La surface topographique culmine au sud à l’altitude moyenne de 205 mètres et s’abaisse régulièrement jusqu’à moins de 80 mètres au nord-ouest.
Trois ensembles hydrographiques se partagent le territoire hesbignon : le bassin de la Mehaigne au sud-ouest, la vallée du Geer au centre, les rivières affluentes du Démer au nord. La présence d’assises géologiques crayeuses est responsable de la quasi-absence de rivières sur les hauteurs situées entre Geer et Meuse. De nombreuses vallées sèches y sculptent finement le plateau dont les molles ondulations constituent le relief typique de la région.
La fertilité légendaire de la Hesbaye est due à la présence de dépôts limoneux, de lœss quaternaires d’origine nivéo-éolienne. Les rendements records enregistrés par les cultures de froment et de betteraves sucrières sont également expliqués par la douceur du climat tempéré dont les moyennes de l’année sont de 9° centigrades pour les températures et de 780 millimètres pour les précipitations.
Caractérisée par des faits physiques relativement peu nuancés, la Hesbaye est, du point de vue géographique, davantage une région humaine qu’une région naturelle. Très tôt, le sol fertile a été exploité par des sociétés de cultivateurs, les Omaliens, qui ont largement contribué au défrichement et à la formation d’un paysage campagnard d’Openfield, c’est-à-dire de champs labourés non clôturés.
L’ancienneté et l’intensité du peuplement agricole sont responsables de la dissémination d’une multitude de villages qui voient les habitations se ramasser à l’intérieur d’une ceinture verdoyante de prés et de vergers.
L’évolution démographique des cent dernières années a été plus favorable au nord de la frontière linguistique qui, suivant une limite ouest-est, concourt à individualiser une Hesbaye flamande du Nord et une Hesbaye wallonne du Centre et du Sud.
La densité de population est actuellement de 200 habitants au km2, mais le contraste est frappant entre le fort peuplement du Centre-Nord et celui beaucoup plus faible du Sud-Ouest où les densités moyennes avoisinent les 150 habitants au km2. Ce déséquilibre est le fait du dépeuplement enregistré dès la seconde moitié du XIXe siècle dans les environs de Jodoigne qui a été le théâtre de nombreuses émigrations vers le Wisconsin.
Il existe une relation étroite entre la structure fonctionnelle des communes et le nombre de leurs habitants. Le village agricole typique, aux fermes aussi nombreuses que majestueuses, devient chose rare dans une région qui sert de dortoir aux nombreux ouvriers migrants alternants occupés dans les centres urbains et industriels limitrophes. Les communes sont de plus en plus touchées par le phénomène résidentiel. Les densités rurales sont souvent dépendantes des moyens de transport. Ainsi les communes à fort peuplement aux environs de Hannut et de Waremme se rattachent à l’axe du chemin de fer Liège-Bruxelles ; Éghezée, petite commune florissante à 15 kilomètres de Namur, se localise au carrefour de routes importantes. Waremme est actuellement desservie par l’autoroute reliant Bruxelles à Liège.
Quelques industries comme à Remicourt et Orp-le-Grand ont disparu car c’est la prospérité du travail de la terre qui avait engendré la construction de leurs sucreries et de leurs usines de machines agricoles. Alors que la vie urbaine s’est largement épanouie en Hainaut ou en Flandre, elle est relativement peu développée au sein du plateau hesbignon. En général, phénomène périphérique, l’urbanisation est quand même un fait plus central à Jodoigne, Hannut et Waremme, cette dernière localité de 13 001 habitants pouvant naturellement revendiquer le titre de capitale de la Hesbaye.
Depuis trois décennies environ, les marges de la Hesbaye ont connu une émigration positive. C’est le cas des environs de Bierset au sud-est et de la Hesbaye brabançonne à l’ouest.
Bibliographie : ALW ; Architecture rurale de Wallonie. Hesbaye namuroise, […] Hesbaye Liégeoise, et […] Hesbaye brabançonne et pays de Hannut, sous la dir. de L.-F. Genicot, Liège, 1983, 1986 et 1989 (notamment les parties géographiques dues à C. Chistians) ; Th. Brulard, La Hesbaye. Étude géographique d’économie rurale, Louvain, 1962 ; Id., Aperçu géographique de la Hesbaye, dans Terre des Hommes. Le Miroir de la Hesbaye, sous la dir. de E. Bouvier, Tournai, 1970, p. 1-3 ; C. Chistians, avec la coll. de L. Daels et A. Verhoeve, Les campagnes, dans Géographie de la Belgique, Bruxelles, 1992 p. 484-536 (p. 535-536 pour la bibliographie).
T. Brulard (†)