Les rues de LLN

avenue Georges Lemaître

rue: avenue Georges Lemaître
canton postal: 1348
localité: Louvain-la-Neuve
description:

Lemaître

Lemaître (avenue Georges)

E7-D7-D8-E9-D9

Lemaître (Institut d’astronomie et de géophysique Georges) F9

Lemaître (porte)                             E9

Conseils communaux des 17 décembre 1974 (avenue) et 27 octobre 1992 (porte). Domaine universitaire (Institut).

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

*   Thème des figures de nos régions.

*      Thème du patrimoine européen et universel.

*      Thème du passé universitaire.

*      Thème des sciences exactes.

« Avenue Georges Lemaître » (1894-1966) honore un grand savant, professeur à l’Université catholique de Louvain. Lorsqu’il fut décidé, en 1992 [PV 35], de nommer les accès intra-urbains à partir des boulevards extérieurs (antérieurement qualifiés  d’« avenues »), on pensa un moment utiliser des toponymes descriptifs : la « porte du Biéreau » eût ainsi désigné la voie d’accès au quartier du Biéreau. Sur le « boulevard Baudouin » cependant, les trois portes donnaient toutes accès au « Biéreau ». La Commission a donc proposé de les désigner du nom de la voirie à laquelle elles donnaient accès (ici, « porte Lemaître »). Au « boulevard de Lauzelle », par contre, les noms de « porte de Lauzelle-Quatre-Vents », « porte de Lauzelle-Vallon » et « porte de l’Hocaille » sont appropriés. Tandis que ce terme de « porte » était adopté (en fait au départ des « boulevard Baudouin Ier » et « de Lauzelle »), celui de « carrefour » était alors réservé « aux accès à des voiries primaires de desserte urbaine à partir des RN 4 et 238 ».

*    C’est en 1925 que l’abbé Georges Lemaître est nommé chargé de cours à la Faculté des sciences de l’Université catholique de Louvain où le recteur, Monseigneur Ladeuze, lui confie notamment l’enseignement de la relativité. Il avait 31 ans. Il avait entamé des études d’ingénieur aux Écoles spéciales (devenues depuis lors la Faculté des sciences appliquées) ; il les avait interrompues après trois ans, pour s’engager dans l’armée comme volontaire de 1914 à 1918. Il sort de la guerre avec deux idées en tête : modifier son parcours universitaire en visant un doctorat en sciences physiques et mathématiques, qu’il obtiendra en 1920, et rentrer au séminaire, dont il sortira, ordonné prêtre, en 1923.

Lauréat du concours des bourses de voyage du gouvernement et fellow de la C.R.B. Educational Foundation, il fera deux séjours successifs d’un an, en 1924, auprès de A.S. Eddington à Cambridge, en Angleterre, et en 1925 aux États-Unis, auprès de H. Shapley, au Massachusetts Institute of Technology (sa seconde Alma Mater, comme il l’a appelée). Chez Eddington, il s’initie à l’astronomie stellaire moderne, ainsi qu’aux méthodes de calcul numérique, pour lesquelles il avait toujours manifesté de grandes dispositions et conservera un attrait constant jusqu’à la fin de sa vie. Aux États-Unis, il complète ses connaissances sur le monde nouvellement découvert des nébuleuses extragalactiques douées de vitesses radiales par rapport à notre galaxie. « J’ai pu apprendre à connaître ces magnifiques observatoires américains, ces postes avancés de la curiosité humaine, pénétrant à plus de cent millions d’années dans l’espace et le temps » (G. Lemaître).

Rentré en Belgique, le jeune chargé de cours s’attelle à la préparation d’un mémoire qu’il publie deux ans plus tard, en 1927, sous le titre : Un Univers homogène de masse constante et de rayon croissant, rendant compte de la vitesse radiale des nébuleuses extragalactiques. Par la relativité générale, Einstein était arrivé à expliquer le fondement des forces de gravitation dans le cas général de champs de gravitation forts et d’objets doués de vitesses non négligeables par rapport à celle de la lumière. Les équations à la base de la relativité générale acceptent plusieurs solutions. Einstein lui-même s’était arrêté à une solution décrivant un univers statique. La solution de Lemaître est celle d’un univers fini en expansion dans le temps ; elle n’est pas seulement une solution mathématique supplémentaire, mais elle permet une explication de la vitesse de récession des galaxies d’autant plus élevée qu’elles sont éloignées de la nôtre. Contrairement à l’univers de Newton et même d’Einstein, l’univers de Lemaître évolue. L’univers d’aujourd’hui n’est plus celui d’il y a 15 à 20 milliards d’années, et il ne sera plus demain ce qu’il est aujourd’hui. Lemaître imaginait en 1930 que cette évolution s’était faite à partir d’un Atome primitif, état singulier de densité élevée d’énergie, de masse égale à celle de l’univers entier. Les choses sont aujourd’hui décrites un peu différemment.

Ce modèle n’eut pas que des adeptes notamment parce que certains y voyaient une harmonie suspecte avec la Genèse ; il fut un temps ridiculisé par l’appellation de « Big-Bang » qui lui est d’ailleurs restée depuis lors. Cependant, si des difficultés subsistent dans l’explication des tous premiers instants de l’univers, les progrès de nos connaissances en physique nucléaire et des particules élémentaires depuis 1930 ont permis d’expliquer assez correctement la composition des étoiles et de leurs résidus. Il en est de même pour les caractéristiques du rayonnement libéré dans les premières minutes de notre univers ; il est aujourd’hui mesuré avec de plus en plus de précision et ses caractéristiques répondent aux prédictions de la cosmologie de Georges Lemaître.

Comme le dit Jacques Demaret de l’Université de Liège : « On peut certainement considérer Georges Lemaître comme le fondateur de ce qu’on appelle aujourd’hui la cosmologie physique, c’est-à-dire la discipline qui étudie l’évolution du contenu matériel de l’Univers, depuis ses formes microscopiques primordiales jusqu’à la formation des plus grandes structures cosmiques ».

Georges Lemaître était certes le chercheur, l’inventeur dont l’Université catholique de Louvain et l’humanité peuvent être fières. C’était aussi le professeur très proche de ses étudiants et dont de nombreuses générations de ceux-ci ont pu profiter de l’enthousiasme, des encouragements, du caractère jovial, du rire contagieux et des boutades sans prétention de leur maître. Le professeur se retirera en 1964 et décèdera deux ans plus tard.

Entre-temps, à la présidence de l’Association du corps académique et du personnel scientifique de l’Université de Louvain (l’ACAPSUL), il aura mené un dernier combat contre les revendications des adeptes du Walen buiten et pour le maintien d’une université de qualité à Louvain.

P. Macq

              

              

              

              

     

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