maison du Lys
Lys
Lys (maison du) [abandonné, D4-D5]
Conseil communal du (/).
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème du passé universitaire.
C’est à la demande de Jean Moulart († 1er décembre 2009), à l’époque administrateur général de l’Université, qu’il fut un moment question d’appeler un ensemble de logements étudiants construit en 1992 « Maison du Lys », du nom d’un des quatre grands collèges de l’ancienne Université de Louvain [PV 37-39]. Il fut aussi question de « Maison Monseigneur Ladeuze », jusqu’à ce que l’on s’avise qu’il s’agissait en fait de logements privés ne concernant ni la ville, ni l’Université… L’hésitation vint de ce que le promoteur, bien connu encore aujourd’hui à Louvain-la-Neuve, avait construit, en 1970-1975, un complexe de logements étudiants sur le site universitaire d’Heverlee… Ce dernier, baptisé « Campus Irena », a finalement donné son nom au bâtiment de Louvain-la-Neuve, puis… à une résidence pour étudiants de l’Université libre de Bruxelles à Ixelles, une à Gand, etc. Œcuménisme ?
* La « Pédagogie du Lys » faisait partie, avec « Le Porc », « Le Faucon » et « Le Château », des quatre pédagogies de l’ancienne Université, ainsi dénommées au départ en raison de leur enseigne de pierre sculptée qui servait à les identifier dans la géographie urbaine (les Liégeois appellent ainsi toujours leur hôtel de ville « La Violette », parce que, construit au XVIIIe siècle à l’emplacement d’un estaminet à l’enseigne d’une violette où se réunissaient des échevins de la ville, il en a récupéré le nom…). Il s’agissait à l’origine — la pratique était courante au Moyen-Âge — de maisons privées où quelques maîtres hébergeaient et formaient leurs « artiens », c’est-à-dire des étudiants de la Facultés des arts, lointaine ancêtre de la Faculté de Lettres. Rappelons qu’à l’époque, la Facultas Artium était une faculté propédeutique donnant une formation générale préparant à l’accès aux autres facultés (théologie, droit et médecine). On y enseignait les antiques « arts libéraux » du trivium (grammaire, dialectique et rhétorique) et du quadrivium (arithmétique, géométrie, astronomie et musique), donnant droit au titre de magister artium. À côté des pédagogies, l’Université comptait des collèges résidentiels prioritairement réservés aux étudiants boursiers et aux étudiants pauvres. À Louvain, on en comptait sept au départ : le Grand et le Petit Collèges des théologiens, dits du Saint-Esprit ; les Collèges de Winckele et de Saint-Yves (droit civil) ; les Collèges de Malines et d’Arras (arts) ; et le Collège Saint-Donatien (droit canon). À partir de 1520, trente-huit nouveaux collèges furent encore créés, dont le Collège de Viglius (ou « de la Gerbe de Blé »), dont Jean-Libert Hennebel — qui a donné son nom à une rue de Louvain-la-Neuve —, fut président… Il avait été fondé en 1569 par Viglius Van Aytta de Zuichem (1507-1577), un juriste éminent de Louvain originaire de Frise, à l’intention des étudiants pauvres.
La maison « Le Lys » était très ancienne : elle trouvait son origine dans une école pour clercs mentionnée dès 1358, c’est-à-dire avant la création de l’Université, sous le nom d’école de la Dorpstraet. Jean van Hasselt, licencié en droit, en fit une pédagogie pour les étudiants de l’Université en 1431. Vers 1437, il désigna comme régent Charles Viruli, dit Manneken († 1493), un bachelier en droit canon et en médecine originaire de la châtellenie de Cassel. À sa mort, Manneken légua à la pédagogie sa maison appelée la « Fleur de Lis », située à coté de l’école : cette dernière fut intégrée à la pédagogie, qui fut dénommée désormais « Pédagogie du Lis », Pedagogium florentis lilii, comme l’indiquait le chronogramme placé au dessus de la porte d’entrée, rue de Diest, lors de la reconstruction en 1660. La maison fut vendue le 27 janvier 1808 comme bien national…
Bibliographie : Les Halles et les collèges de l’ancienne Université, dans AUCL 1847, p. 208 ; J. Lambert, La fondation du Collège de Viglius à Louvain, dans Miscellanea historica in honorem L. van der Essen, Bruxelles-Paris-Louvain, 1947, t. II, p. 711-724 ; É. Van Even, Louvain dans le passé et dans le présent, Louvain, 2001 (réédition), p. 584 ; UL 1425-1975, p. 75-79.
L. Courtois
→ Hennebel ; Ladeuze.