Les rues de LLN
rue Marie d'Oignies
Oignies
Oignies (cours Marie d’) B7-C7
Oignies (rue Marie d’) B7
Conseil communal du 16 septembre 1980 (cours).
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème du patrimoine religieux wallon.
Le « cours Marie d’Oignies » et la « rue Marie d’Oignies » (1177-1213) portent le nom d’une sainte et religieuse mystique de la région.
* Le prieuré d’Oignies à Aiseau-sur-Sambre, actuellement commune d’Aiseau-Presles, arrondissement de Charleroi, a été fondé vers 1187 par Gilles de Walcourt. Celui-ci se retira avec ses trois frères Henri, Jean et Hugo à Oignies sur des terres appartenant à Baudouin de Loupoigne. À part Hugo, célèbre pour ses orfèvreries, les autres frères étaient prêtres. La ferveur du prieuré des chanoines réguliers de Saint-Augustin y attira des recrues de grande qualité, tel Jacques de Vitry, qui, après avoir fréquenté les grandes écoles à Paris, se retire à Oignies vers 1208. Il prêchera la croisade contre les Albigeois (1213) et contre les Sarrazins (1216) avant de devenir légat pontifical, évêque de Saint-Jean-d’Acre et patriarche de Jérusalem. Il renonce à ses charges et rentre à Oignies en 1226 ; il est créé cardinal et meurt à Rome en 1240. Son corps sera inhumé à Oignies.
Marie de Nivelles, mère de Gilles de Walcourt, qui deviendra Marie d’Oignies est une représentante majeure de ce type de « mulieres religiosae » (« femmes religieuses ») qui apparaissent au XIIe siècle, à l’époque de Julienne de Cornillon. Laïque chrétienne mariée à Jean, elle persuade son mari de s’engager dans la recherche spirituelle, de renoncer à la vie commune et aux biens matériels, et de se mettre au service des malades dans une léproserie ; elle y sera rejointe par diverses compagnes. Favorisée de dons spirituels exceptionnels, elle se retire dans la solitude à proximité du prieuré d’Oignies où se forme un véritable béguinage. Jacques de Vitry est attiré par la sainteté de Marie ; entré au prieuré, il deviendra son conseiller spirituel jusqu’à sa mort et peu de temps après écrira sa biographie (Acta Sanctuorum, t. IV, 23 juin 630-666) comme d’ailleurs Thomas de Cantimpré (ibid., 667-684). Bien que non canonisée officiellement, Marie est considérée comme sainte ; au XVIIe siècle, ses reliques attirent des foules de pèlerins ; sa fête, aujourd’hui encore, est célébrée le 23 juin.
Au XIIe siècle, le mouvement béguinal, surtout féminin, si florissant dans nos régions, principalement dans le Brabant et le diocèse de Liège a brillé par son orthodoxie. En 1216, Jacques de Vitry obtiendra du pape Honorius III la reconnaissance de ce type de vie religieuse laïque, grâce notamment à l’exemple de Marie d’Oignies. C’est d’ailleurs pour l’évêque Foulques de Toulouse, chassé de son diocèse par les Albigeois, que Jacques de Vitry écrivit la vie de Marie d’Oignies.
Quant au frère Hugo, copiste et miniaturiste, dessinateur et orfèvre, demeuré laïc, il grava ces mots sur la couverture de l’évangéliaire d’Oignies : « D’autres chantent le Christ par la voix, Hugo le chante par son art d’orfèvre en faisant valoir les écrits par son pénible labeur ». Avec le calice de Gilles de Walcourt et le reliquaire de saint Pierre, l’évangéliaire montre l’art raffiné d’Hugo. Le trésor d’Oignies, enrichi des nombreux dons de Jacques de Vitry, est le plus bel ensemble d’orfèvrerie sacrée gothique de Wallonie. En 1794, lors de la suppression du prieuré, il fut muré dans une maison de Falisolle où il resta jusqu’en 1817. En 1818, il est déposé au couvent des Sœurs de Notre-Dame de Namur, où il est exposé au public depuis 1947. En 2010, les Sœurs de Notre-Dame (Namur), qui détenaient le Trésor d’Hugo d’Oignies, ont confié celui-ci à la Fondation Roi Baudouin, qui a décidé de le mettre en dépôt au Musée des Arts anciens du Namurois (Namur), de sorte qu’il reste à Namur, qu’il soit mis en valeur et facilement accessible aux visiteurs. Le sarcophage de Marie d’Oignies est également gardé au Musée des Arts anciens du Namurois.
Le cloître et l’église ont été démolis entre 1809 et 1838. Une société des Amis de l’abbaye [sic] d’Oignies a été fondée en 1956. Les bâtiments et le site ont été classés en 1975 après l’incendie d’une partie du prieuré. L’aile principale (1728) donne une bonne idée de ce qu’a pu être le prieuré avant la Révolution française.
Bibliographie : F. Courtoy, Le trésor du prieuré d’Oignies aux Sœurs de Notre-Dame de Namur et l’œuvre du frère Hugo, dans Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites, Bruxelles, 1951-1952 ; J. Fichefet et J. Hans, Histoire du prieuré et du béguinage d’Oignies, Aiseau-Presles, 1977 ; A. Lanotte, Le trésor du prieuré d’Oignies et l’œuvre du frère Hugo, dans Namurcum, t. XXVII, 1953, p. 49-53 ; MB, t. I, p. 450-460 ; PMBW, t. XX, p. 43-50 ; RTAP, t. II, p. 2123 ; J. Toussaint, Autour d’Hugo d’Oignies, Namur, 2003 ; Le trésor d’orfèvrerie de Hugo d’Oignies, dans Sept merveilles de Belgique, Bruxelles, 1978, p. 65-95.
A. Haquin