Les rues de LLN

cours d'Orval

cours d'Orval
1348
Louvain-la-Neuve

Orval

Orval (cours d’) B7-C6

Conseil communal du 16 septembre 1980.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

* Thème du patrimoine religieux wallon.

Le « Cours d’Orval » rappelle l’abbaye d’Orval, située dans la commune de Villers-devant-Orval, en Gaume.

* En 1070, le site d’Orval était déjà occupé par une petite communauté bénédictine, qui passa le relais, en 1108-1110, à des chanoines réguliers. Ceux-ci demandèrent à saint Bernard de reprendre leur monastère dans la filiation cistercienne de Clairvaux. Un groupe de sept moines, sous la conduite de l’abbé Constantin, fut envoyé à Orval à partir de l’abbaye de Trois-Fontaines. Le 9 mars 1132 est considéré comme la date de naissance de cette nouvelle fondation cistercienne. Tout au long du XIIe siècle et au cours de la première moitié du XIIIe, le domaine d’Orval se constitua pour une grande partie dans la Lorraine toute proche, mais aussi dans le comté de Chiny et au pays de Liège : granges, forges, ardoisière, vignoble, dîmes et patronages d’églises. Orval sera une abbaye riche. Mais les guerres, les destructions, les incendies seront plus d’une fois sources de grosses difficultés.

Au milieu du XIIIe siècle, une grande misère et sans doute un premier incendie de l’abbaye obligèrent la communauté à se disperser. Au début du siècle suivant, la situation était tellement critique qu’on envisagea la suppression du monastère. Tout au long de cette période, la communauté resta petite et, dans les premières années du XVe siècle, elle regroupait moins de vingt moines.

Au fil des siècles, l’Ordre cistercien tout entier a connu l’usure du temps. Une réforme, souhaitée et cherchée depuis plusieurs décennies, commença à la fin du XVIe siècle et fut poursuivie tout au long du siècle suivant. À Orval, elle sera l’œuvre de trois grands abbés : Lambert de Hasimbourg (1586-1596), Bernard de Montgaillard (1605-1628) et Charles de Bentzeradt (1668-1707). Elle se développera malgré les difficultés extérieures, comme le saccage de l’abbaye et la destruction des fermes lorraines, en 1594, par les troupes françaises, ou encore l’incendie complet du monastère provoqué à nouveau par les Français, le 11 août 1637. Ce dernier malheur dispersa les moines pendant de nombreuses années. Mais en 1703, le retour à l’esprit du premier siècle de l’Ordre permettait de compter 73 moines de chœur et 50 convers ! Orval sera la seule abbaye wallonne à suivre la stricte observance. Durant l’annexion de la région par Louis XIV, de 1681 à 1697, l’abbaye fera même partie officiellement de cette branche de l’Ordre.

Au XVIIIe siècle, le très contesté abbé Albert de Meuldre se déclarera toujours Abbé du monastère d’Orval de l’Étroite observance dans une carte rédigée, le 10 octobre 1746, à l’issue d’une malheureuse visite de l’abbaye du Val-Saint-Lambert. Cependant, l’opposition d’un certain nombre de moines à la stricte observance, refera surface, à Orval, tout au long du XVIIIe siècle.

Selon les plans du célèbre architecte Dewez, les fondations d’une nouvelle abbaye, bâtie à côté de l’ancienne, débutèrent dès la fin de l’année 1759. L’abbé Menne Effleur bénira la première pierre en avril 1761 et ce sera son successeur, Étienne Scholtus, qui mènera l’œuvre à bonne fin. Comme pour les autres institutions monastiques, la Révolution française mettra un terme à l’existence de l’abbaye. D’abord pillée, un incendie la détruisit complètement, le 23 juin 1793. Bernard Stevenotte en acheta les forges, le 31 janvier 1797, et ce qui restait des ruines, le 9 février.

Mais Orval renaîtra de ses cendres. En 1926, les derniers propriétaires, M. et Mme de Harenne firent don des ruines à l’abbé de la Grande-Trappe, Dom Jean-Marie Clerc. La reconstruction fut confiée à son cellérier, le belge Dom Marie-Albert van der Cruyssen. Sous la direction dynamique de ce dernier, les choses ne traînèrent pas. Le 27 avril 1927, Mme de Harenne posait la première pierre, bénie par Dom Chautard, abbé de Sept-Fons. La pose de la première pierre de l’église abbatiale se déroulera le 19 août 1929, en présence du prince Léopold et du cardinal Van Roey. Jusqu’en 1935, le monastère restera un prieuré de l’abbaye de Sept-Fons. Le 13 décembre de cette même année, un bref du pape Pie XI érigeait le prieuré d’Orval en abbaye. Élu abbé, Dom Marie-Albert van der Cruyssen fut canoniquement installé le 2 mars 1936. Il reçut la bénédiction abbatiale le 10 mai, devenant le 54e abbé d’Orval.

Si, auprès du grand public, l’abbaye est surtout connue pour sa bière et son fromage, elle représente, pour de nombreux groupes, un important lieu de prière et de retraite.

Bibliographie : Le domaine d’Orval (II), 1978 ; P.-C. Grégoire, L’abbaye d’Orval. Au fil des siècles, Metz, 2002 ; Id., Orval au fil du siècle, 2 vol., Orval, 1982-1992 ; Id., La réforme monastique à l’abbaye d’Orval, dans Réformes et continuité dans l’Ordre de Cîteaux, Brecht, 1995, p. 101-116 ; MB, t. V, p. 155-264 ; Orval. 1926-1948. Entre restauration et résurrection, sous la dir. de C. Soetens, Louvain-la-Neuve, 2001.

O. Henrivaux

Classé dans : Lauzelle