Les rues de LLN

rue Joseph Plateau

rue: rue Joseph Plateau
canton postal: 1348
localité: Louvain-la-Neuve
description:

Plateau

Plateau (rue Joseph)            [abandonné, E5]

Conseil communal du 3 septembre 2002.

Toponyme créé (descriptif lié à la situation).

* Thème des figures de nos régions.

* Thème des toponymes descriptifs.

* Thème du patrimoine européen et universel.

Il fut un moment question d’appeler « rue Joseph Plateau » une voirie à construire près de l’actuel centre commercial et qui, dans le projet initial, devait accueillir les cinémas. Il s’agissait d’évoquer l’inventeur du phénakistiscope (fantascope), ancêtre des dessins animés. Lorsque les salles de cinéma en projet furent déplacées, on songea un moment reprendre ce nom pour désigner l’actuelle « rue des Frères Lumière » (qui longe le complexe de cinéma parallèlement à l’« Aula Magna ») [PV 41, 42 et 51]. Mais le nom de « Joseph Plateau » avait entre-temps été adopté comme nom par une association bruxelloise et la Commission craignait la confusion. Par ailleurs, ce nom n’était plus adéquat à son emplacement initial, du côté du centre commercial, et on y a renoncé [PV OL 3].

* Joseph Plateau (1801-1883) est un physicien- mathématicien, professeur à l’Université de Gand, célèbre pour ses recherches sur la persistance rétinienne. En 1829, il est le premier à formuler une théorie sur celle-ci. Trois ans plus tard, il invente le phénakistiscope et théorise son invention en 1833, énonçant ainsi des règles qui serviront de base à l’invention du cinéma.

Joseph Plateau est né le 14 octobre 1801 à Bruxelles. Son père, artiste peintre, l’inscrit à l’académie de dessin. Orphelin à quatorze ans, son oncle prend alors en charge son éducation. Il manifeste dès son plus jeune âge un intérêt pour le dessin et les expériences de physique. À seize ans, Joseph Plateau entreprend ses études à l’Athénée royal de Bruxelles où ses progrès rapides le font remarquer. Il rencontre Adolphe Quetelet qui deviendra son ami jusqu’à la fin de sa vie. En 1823, il passe avec succès l’examen de la candidature en lettres à l’Université de Liège et s’inscrit à la Faculté de droit. Après avoir assisté par hasard à un cours de chimie, il décide de joindre l’étude des sciences à celle du droit. Il obtient le diplôme de candidat en sciences physiques et mathématiques en 1824, trois mois après avoir obtenu celui de candidat en droit. Il accepte un poste de professeur à l’Athénée de Liège, parce qu’il doit bien gagner sa vie, tout en continuant ses études. Il devient docteur en sciences physiques et mathématiques en 1829, après avoir présenté comme thèse inaugurale, une dissertation sur Quelques propriétés des impressions produites par la lumière sur l’organe de la vue. Il se fait alors remarquer par la clarté de son exposé, la rigueur de son raisonnement et l’originalité des expériences qu’il présente. Ces dernières lui permettent d’expliquer une série d’illusions d’optique. Il est le premier à formuler une théorie sur la persistance rétinienne : la rétine (membrane sensible du fond de l’œil qui reçoit les impressions lumineuses pour les transmettre au nerf optique) garde en mémoire une image lumineuse pendant une fraction de seconde (à peu près égale à un tiers de seconde), alors que l’image elle-même a disparu. La même année, Plateau regarde le soleil pendant plus de vingt-cinq secondes, cela l’aveugle plusieurs jours. Il recouvrera ensuite partiellement la vue.

En 1830, il quitte Liège, où son inquiétude quant à son état de santé l’oblige à se démettre de ses fonctions à l’Athénée, pour Bruxelles. Se sentant en meilleure condition physique, il y accepte un poste de professeur à l’Institut Gaggia, l’un des plus importants établissements d’éducation de l’époque en Belgique, ce qui ne l’empêche pas de continuer ses expériences d’optique pendant ses loisirs. En 1832, il invente le phénakistiscope et théorise son invention un an plus tard, énonçant ainsi des règles qui serviront de base à l’invention du cinéma. Il développe le système de Faraday consistant à obtenir une image immobile d’un disque en mouvement, et met au point le phénakistiscope, un jouet optique. Le mot vient du grec phenax-akos « trompeur », et skopein « examiner ». Le phénakistiscope utilise la loi de la persistance rétinienne d’une image pour créer une illusion de mouvement. Il s’agit d’un disque en carton percé de fentes sur le bord duquel différentes phases d’un mouvement sont représentées. Lorsqu’on le fait tourner devant un miroir, en regardant par les fentes, l’œil ne voit que les images fixes, auxquelles la vitesse donne l’impression de s’animer. Cet instrument permet ainsi la synthèse d’un mouvement bref à partir de la série de dessins disposés sur le disque. Pour supprimer l’utilisation du miroir, et rendre l’invention, fort appréciée des enfants, portable, un second disque, avec des fentes, a été superposé au premier, avec les dessins. Après sa mise sur le marché, le phénakistiscope a reçu d’autres appellations dont le nom de « phantasmascope » ou de « fantascope » ; on l’appelle « spindle viewer » en anglais.

En 1835, Plateau est chargé de la chaire de physique expérimentale à l’Université de Gand, il y sera nommé professeur ordinaire neuf ans plus tard. Vers l’âge de quarante ans, il ressent les premiers symptômes d’une inflammation de la choroïde (une des membranes de la paroi du globe oculaire). Il devient aveugle en 1843. Ironie du sort, c’est par ses expérimentations sur la persistance rétinienne en observant le soleil, pour ses recherches, sans protection et de manière répétée, pendant plus de 25 secondes, qu’il finira par perdre la vue. Cette cécité ne met pourtant pas fin à sa carrière scientifique. Des amis et collaborateurs l’aidèrent à poursuivre jusqu’à sa mort ses recherches, lui permettant ainsi de faire encore de nombreuses découvertes, considérables dans le domaine de la physique. Il est aussi connu pour avoir inventé un liquide permettant l’étude des figures laminaires, qu’il appelle « liquide glycérique ». Ses différents travaux concernent les mathématiques, la géométrie, la physique, mais surtout et principalement l’optique. Il reçut deux fois le Prix quinquennal des sciences physiques et mathématiques, en 1854 et en 1869. En 1841, Plateau est nommé chevalier de l’Ordre de Léopold ; il sera promu en 1869 au grade d’officier, puis en 1872, à celui de commandeur. Plateau fut admis dans plusieurs sociétés savantes, notamment à l’étranger (entre autres à Paris, Genève, Londres, Rotterdam, Cherbourg, Berlin, Amsterdam), preuve de sa renommée au niveau international. Faraday, dans l’une de ses lettres, dira en parlant des travaux de Plateau : « Je les prends en quelque sorte pour guide, et je me félicite de voir chez ce dernier les traits de l’esprit briller d’une glorieuse lumière à travers l’obscurité dans laquelle il est plongé corporellement » (BN, t. XVII, 779).

Pour la petite histoire, signalons qu’un Prix Joseph Plateau récompensant annuellement un acteur, un réalisateur, etc., belge, a été organisé de 1984 à 2006. Signe des temps, ce prix unitaire destiné à promouvoir le cinéma belge dans son entièreté (artistes francophones et néerlandophones), a cessé d’exister en 2006 pour les raisons que l’on devine. Il a été remplacé, pour la production flamande, par les Prijzen van de Vlaamse Film, remis pour la première fois lors du Filmfestival Oostende le 10 septembre 2010, et, pour la production francophone, par la remise des « Magritte du Cinéma » décernés par l’Académie André Delvaux crée à cette fin, et dont la première édition a eu lieu à Bruxelles le 5 février 2011… Signalons également qu’il existe une « Jozef Plateaustraat » à Gand, qui longe la façade l’Institut des sciences de l’Université de Gand où il enseignait, ainsi qu’une « rue Joseph Plateau » à Bruxelles, non loin de la « place Sainte-Catherine », rue au coin de laquelle se trouve le monument Le centenaire du cinéma, qui rend hommage au célèbre scientifique.

Bibliographie : BN, t. XVII, col. 768-788 ; V. Pinel, Le siècle du cinéma, Paris, 2006 ; J. Plateau, Dissertation sur quelques propriétés des impressions produites par la lumière sur l’organe de la vue, Thèse de doctorat en sciences mathématiques et physiques, Université de Liège, Liège, 1829.

S. Lemaître

→ Aula Magna ; Lumière.

Classé dans : Centre Ville