Les rues de LLN
rue de la Ramée
Ramée
Ramée (rue de la) C6-C7
Conseil communal du 16 septembre 1980.
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème du patrimoine religieux wallon.
« Rue de la Ramée » évoque l’abbaye cistercienne de la Ramée à Jauchelette.
* Une communauté de femmes existait certainement à Kerkom en 1212. Deux ans plus tard, l’évêque de Liège, Hugues de Pierpont, la prenait sous sa protection comme appartenant à l’Ordre cistercien. Mais en 1215-1216, les moniales vinrent s’installer à Jauchelette (commune de Jodoigne), à l’invitation de Gérard de Jauche et de sa fille Edwide, abbesse de Nivelles. Les débuts furent marqués par la ferveur mystique du XIIIe siècle, tout particulièrement avec la présence d’Ide de Nivelles († 1231) et d’Ide de Léau († 1260).
Au cours des deux siècles suivants, ainsi qu’il en fut dans beaucoup d’abbayes cisterciennes de femmes, la tiédeur et le laisser-aller succédèrent progressivement à l’enthousiasme des débuts. En effet, à l’aube du XVIe siècle, sous l’abbesse Hélène de Connenville (1501-1506), la réforme monastique fut introduite à La Ramée par quatre dames et trois converses venues de Marche-les-Dames. Trois abbesses la soutinrent avec persévérance : Jeanne de Fauquemont (1514-1541), Françoise de Tulle (1541-1565) et Marguerite de Harmoy (1566-1578). Malheureusement, les troubles religieux de la fin du XVIe siècle et les guerres qui jalonnèrent le suivant vinrent ébranler la vie du monastère, obligeant les religieuses à prendre, par trois fois, le chemin de l’exil. La seconde moitié du XVIIe siècle fut particulièrement pénible avec la mort endémique du bétail de l’abbaye, les pillages et les destructions provoquées par les armées, des fermiers sans récoltes et incapables de payer leurs redevances tant en nature qu’en argent, des inondations qui démolirent moulins et viviers en 1649. Enfin, lors de la bataille de Ramillies en 1706, le monastère servit d’hôpital général aux Alliés.
Avec la paix, le XVIIIe siècle ramena plus de sérénité. On put entreprendre les travaux de reconstruction de l’abbaye. Ce fut surtout l’œuvre de Lutgarde de Reumont (1715-1741), qui rebâtit la ferme et éleva la magnifique grange décimale qui suscite encore aujourd’hui l’admiration, et de Séraphine Wouters, élue en 1773, à qui l’on doit le dortoir des religieuses et le quartier abbatial. À partir du XVIIIe siècle, la paternité religieuse de La Ramée revint à l’abbé de Moulins.
Les religieuses de La Ramée tenaient depuis longtemps une école pour les enfants des villages voisins. En 1784, celle-ci comptait 80 élèves. Le monastère fut, dès lors, considéré par Joseph II comme « une maison très utile à l’État et au public ». Les biens de l’abbaye étaient importants. En 1787, on comptait 593 bonniers, répartis entre six exploitations agricoles et dont 204 étaient cultivés par la ferme du monastère. Les parcelles louées dans 21 villages représentaient une centaine de bonniers. L’abbaye possédait encore une carrière de pierre blanche à Melin, trois moulins, une centaine de bonniers de bois et des dîmes dans dix villages. La Révolution française mit fin à la vie monastique des 18 dames et des 10 converses. L’abbaye fut vendue le 12 avril 1799.
Bibliographie : MB, t. IV, vol. 2, p. 469-490 ; Th. Ploegaert, Les moniales cisterciennes dans l’ancien Roman Pays de Brabant, t. II, Histoire de l’abbaye de la Ramée, Bruxelles, 1925 ; J. Tarlier et A. Wauters, Géographie et histoire des communes belges, Canton de Jodoigne, Hamme-sur-Néthen, Bruxelles, 1872, p. 67-73.
O. Henrivaux