Les rues de LLN

galerie Saint-Hubert

galerie Saint-Hubert
1348
Louvain-la-Neuve

Saint-Hubert

Saint-Hubert (galerie) D6-E6

Domaine universitaire.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

* Thème des figures de nos régions.

* Thème du folklore et des traditions populaires de Wallonie.

* Thème du patrimoine religieux wallon.

Le nom de la « galerie Saint-Hubert » à Louvain-la-Neuve évoque d’abord les célèbres Galeries royales Saint-Hubert dans le centre de Bruxelles. Elles ont remplacé la « galerie de l’Encan », un lieu d’expositions temporaire [PV 35].

* Ce monumental passage couvert bruxellois doit son nom à l’ancienne voirie (ruelle Saint-Hubert). Comprenant plusieurs galeries commerçantes (galerie de la Reine, galerie du Roi, galerie des Princes), il fut conçu dès 1838, dessiné par J.-P. Cluysenaar, et inauguré en 1847. Des structures métalliques vitrées couvrent ces passages entre des bâtiments de styles néo-classique et renaissance italienne, aux fonctions résidentielles, commerciales et culturelles. Il faut notamment signaler, dans la galerie du Roi, le Théâtre des Galeries, inauguré dès 1847 et dont le plafond fut plus tard peint par René Magritte.

Toutefois, au-delà de cette référence toponymique, on ne peut oublier que le nom même de saint Hubert est très marqué dans les croyances populaires et les traditions wallonnes. Hubert (Hubertus, anciennes formes : Hucbertus, Hugobertus, Chugoberctus ; en italien : Umberto ; en néerlandais : Huybrecht) était le fils d’une grande famille franque sans doute apparentée aux ancêtres de Charlemagne (il appartenait peut-être à la famille de Plectrude, épouse de Pépin II, dit Pépin de Herstal). Probablement marié avant d’accéder à l’épiscopat, Hubert semble avoir eu un fils, Floribert, qui lui aurait succédé comme évêque. Lorsque Lambert (saint Lambert), évêque de Maastricht, est assassiné (vers 705), son disciple Hubert est désigné pour lui succéder. Treize ans plus tard, en 717-718, le nouvel évêque fera transférer les restes de son maître de Maastricht à Liège, lieu de sa mort. Une tradition affirme que le geste d’Hubert en transférant les reliques de Lambert à Liège signifiait également le transfert du siège épiscopal vers cette cité. En fait, il semble que Liège devint la résidence principale de l’évêque dans le courant du VIIIe ou au début du IXe siècle. Il reste que ce geste d’Hubert est une date marquante pour les débuts de Liège. Durant son épiscopat, Hubert travailla à l’évangélisation de cette vaste région allant de l’actuel Brabant à l’Ardenne en passant par la Toxandrie (région de Tongres). Ses loisirs favoris auraient été les parties de pêche en Meuse avec quelques clercs de son entourage. C’est le 30 mai 727 qu’il mourut à Fura (Tervueren) au cours d’une tournée apostolique, et son corps fut ramené à la basilique Saint-Pierre à Liège. Sa fête, le 3 novembre, correspond au jour de l’« élévation » de ses reliques par le maire du palais Carloman, en 743.

Son culte commença assez tôt après sa mort, encouragé sans doute par la puissante famille des pippinides, ancêtres de Charlemagne. En 825, à l’initiative de l’évêque Walcaud et avec l’approbation de l’empereur Louis le Pieux, fils de Charlemagne, le corps de saint Hubert fut transféré dans les Ardennes, au monastère d’Andage ; cette translation visait à donner un surcroît de lustre à ce monastère et, peut-être, à éviter que le culte de saint Hubert ne vienne concurrencer trop directement celui de Lambert à Liège. Andage, qui perdit par la suite son nom pour celui de Saint-Hubert, devint le centre d’un culte et les reliques du saint furent créditées de nombreux prodiges.

Sa vita (ancien récit de vie de saint rédigé en latin) se fait l’écho de cette popularité et des légendes nombreuses, parfois postérieures de plusieurs siècles, fleurirent autour du personnage. Pour certains traits de sa légende, une fusion s’opéra même, sans doute au XVe siècle, avec certains traits de la légende de saint Eustache, un autre saint chasseur fêté à la même date du 3 novembre. Ces légendes font notamment d’Hubert un noble aquitain ou un duc, venu à la cour d’Austrasie et s’adonnant avec passion aux plaisirs de la chasse. Sa conversion s’opère un vendredi saint, dans les bois, lors de la rencontre d’un cerf portant un crucifix lumineux au milieu de sa ramure ; Hubert saute en bas de son cheval ; une voix l’invite alors à venir rencontrer l’évêque Lambert et à changer de vie. Par la suite, sa femme Floribane étant morte en couches à la naissance de leur fils Floribert, Hubert se retire du monde. Lorsque l’évêque Lambert est assassiné, Hubert, pressenti pour lui succéder, cherche à se dérober, mais quelques signes venant du ciel le poussent à accepter : une étole envoyée par la Vierge Marie et une clef d’or donnée par saint Pierre. Parmi les nombreux miracles que la légende lui attribue, il faut citer la guérison d’un homme atteint de la rage.

Ces différentes légendes semblent s’articuler autour du patronage exercé par Hubert sur les chasseurs, alors que le personnage historique aurait sans doute été plus pêcheur que chasseur. Ce patronage trouverait lui-même son origine dans la situation du monastère d’Andage au cœur de la forêt d’Ardenne, région des grandes chasses. Certaines coutumes anciennes faisant offrir par les grands d’Ardenne la dîme de leur chasse à l’abbaye de Saint-Hubert iraient dans ce sens. Patron de la chasse à courre, Hubert devint également celui des chiens courants, puis le protecteur de tous les chiens. Cette protection s’étendit naturellement aux victimes de la rage, véhiculée par les morsures de chiens. Le culte de saint Hubert se répandit dans la région comprise entre Rhin et Loire et s’enrichit au fil du temps de pratiques diverses. Le sanctuaire d’Ardenne devint un lieu de pèlerinage fréquenté. Ainsi, depuis 1720, un groupe de pèlerins est régulièrement venu à pied de Lendersdorf (près de Düren) en Allemagne. Un ancien rite est connu à Saint-Hubert, celui de la taille : les victimes de morsures de chiens suspectés de rage allaient à Saint-Hubert se faire légèrement inciser le front ; on introduisait dans l’entaille un fil de l’étole du saint, puis on refermait la plaie avec un pansement. Par ailleurs, une tige de fer appelée clef de Saint-Hubert était appliquée chaude sur les animaux afin de les préserver de la rage.

Dans l’iconographie, Hubert est représenté tantôt en évêque, tenant un livre à la main, tantôt en chasseur, au bas de son cheval, à genoux devant le cerf crucifère ; il porte alors une épée à la ceinture et un cor de chasse en bandoulière ; un chien est assis à ses pieds. Parfois figurent l’étole et la clef reçues du ciel et se rapportant dans le culte à la guérison de la rage.

Bibliographie : A. Colignon, Dictionnaire des saints et des cultes populaires de Wallonie, Liège, 2003, p. 263-277 ; CPW, p. 428-436 ; Le culte de saint Hubert au pays de Liège, sous la dir. d’A. Dirkens et J.-M. Duvosquel, Bruxelles, 1991 ; Le culte de saint Hubert en Namurois, sous la dir. d’A. Dirkens et J.-M. Duvosquel, Bruxelles, 1992 ; Le folklore de saint Hubert, Bruxelles, 1979 ; Le patrimoine monumental de la Belgique. Bruxelles, vol. I, tome C, Liège, 1994, p. 301-306 ; IAC, t. III-2, p. 658-663 ; Sub tuum præsidium. UCL 550, Louvain, 1976, p. 33-41 (art de J. Lefèvre).

J. Pirotte

  

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