Les rues de LLN
avenue du Sureau
Sureau
Sureau (avenue du) [en réserve]
Conseil communal du 16 décembre 1980.
Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).
* Thème du verger.
L’« avenue du Sureau » avait été prévue, comme l’« avenue des Pruniers », pour une petite section de rue joignant l’« avenue Lemaître » et la « rue du Poirier » initiale. Située un peu plus bas, elle a finalement été absorbée également par la « rue des Poiriers ».
* Quel sureau la Commission de toponymie a-t-elle voulu voir ici ? Sans nul doute le sureau noir (Sambucus nigra L.), le plus populaire, le mieux connu aux abords des habitations. D’autres sureaux se rencontrent chez nous : le sureau à grappes (Sambucus racemosa L.), arbuste forestier nettement moins répandu et à fruits rouges, et le yèble (Sambucus ebulus L.), une espèce herbacée, rare en Brabant.
Le sureau noir est un arbuste de un à dix mètres de la famille des Caprifoliacées. Ses feuilles opposées composées-pennées, ses larges inflorescences étalées de couleur crème et ses fruits noirs — les « baies » de sureau, qui sont en fait des drupes (où la graine est contenue dans un noyau) — le distinguent nettement des autres membres de la famille, comme le chèvrefeuille ! Précisons que les fruits sont comestibles à l’état cuit mais passent pour suspects à l’état cru.
Une des particularités des rameaux du sureau est la présence d’une large moelle blanche de cellules mortes, particulièrement bien développée dans les rejets plus ou moins étiolés qui poussent au cœur de l’arbuste. Cette moelle s’enlève assez aisément, par tapotement sur l’écorce, pour la plus grande joie des enfants, qui vous transforment les rameaux évidés en flûte rudimentaire, en sifflet, en mirliton ou en sarbacane. Dans une ville universitaire, on se doit de mentionner une utilisation de la moelle elle-même, très précieuse pour les botanistes qui doivent rapidement réaliser de bonnes coupes transversales dans des organes végétaux minces et souples, comme une herbe, une feuille de mousse ou une algue ; l’objet à sectionner est maintenu dans un fragment de moelle préalablement fendu et c’est l’ensemble, plus rigide, qui peut être facilement attaqué par la lame de rasoir.
La place du sureau dans le folklore est un domaine trop vaste pour être développé ici. Mentionnons seulement, en rapport avec ce qui précède, que dans les traditions celtiques, il est l’arbre des morts ; les druides confectionnaient dans son bois, paraît-il, des flûtes qui leur servaient à converser avec les âmes des disparus.
Les propriétés thérapeutiques des diverses parties de la plante (fleurs, feuilles, fruits, écorce) sont multiples : dépuratives, diurétiques, sudorifiques, laxatives, répulsives ; on ne s’étonnera donc pas de leur usage varié, détaillé dans de nombreux ouvrages de phytothérapie. On ne citera ici qu’un traitement, efficace semble-t-il, mais non signalé dans la littérature : l’absorption d’un sirop de fruits du sureau comme traitement préventif et curatif de la gale d’été, ou dermatite estivale, fréquente chez les chevaux. L’hypothèse de départ est que les plaies cutanées seraient consécutives à une insuffisance hépatique à éliminer les toxines, dont celles de la peau ; les démangeaisons qui en résultent forcent le cheval à se gratter jusqu’au sang ; divers insectes viennent pondre dans ces plaies ouvertes, qui alors s’infectent. L’action directe du sirop serait une stimulation de l’activité hépatique dans l’élimination des toxines et un renforcement des défenses immunitaires de l’animal.
Bibliographie : NFB.
R. Iserentant
→ Pruniers ; poiriers.