Les rues de LLN
rue Teilhard de Chardin
Teilhard de Chardin
Teilhard de Chardin (rue) E7
Conseil communal du 25 février 1975.
Toponyme créé (descriptif lié à la situation).
* Thème du patrimoine européen et universel.
* Thème des sciences exactes.
* Thème des toponymes descriptifs.
La « rue Teilhard de Chardin » conduit de l’« avenue du Jardin Botanique » à divers bâtiment des sciences.
* Marie-Joseph Pierre Teilhard de Chardin naît en 1881 à Sarcenat près d’Orcines dans le département du Puy-de-Dôme et entre en 1899 dans la Compagnie de Jésus, au noviciat d’Aix-en-Provence. Entre son juvénat et son théologat, il exerce la fonction de « lecteur de chimie et de physique » dans un collège jésuite du Caire. Il est ordonné prêtre en 1911 et rentre l’année suivante au laboratoire de Marcellin Boulle au Museum d’histoire naturelle. Pendant la Première Guerre mondiale, il effectue son service en tant que brancardier et prononce ses vœux solennels en 1918. Aussitôt après l’armistice, il entame sa licence ès sciences naturelles à la Sorbonne.
Attiré très jeune par l’histoire naturelle, son goût l’oriente vers les fossiles et particulièrement ceux du tertiaire qui voit s’épanouir les mammifères et apparaître les premiers primates. Sa thèse sur les Mammifères de l’éocène inférieur français et leurs gisements, défendue en 1922, le classe parmi les premiers paléontologues français. Sa préoccupation scientifique essentielle devient bientôt l’énigme des origines de l’homme. Jusqu’à son départ pour la Chine en 1923, il enseigne la paléontologie et les sciences naturelles à l’Institut catholique de Paris. Par obéissance aux ordres de la hiérarchie catholique, il refuse une chaire au Collège de France en 1948 et ne publie que des articles scientifiques généraux aux implications limitées. Sa compétence de paléontologue et le caractère brillant de ses travaux sont cependant reconnus par ses contemporains tant dans la hiérarchie savante que dans celle du monde catholique. Des voyages, dont de nombreux séjours en Chine, où il est immobilisé entre 1939 et 1946 par la Seconde Guerre mondiale, le tiennent éloigné de France où il ne se fixe qu’en 1946. C’est toutefois à New York où il se rend en 1951 qu’il meurt en 1955. Commence alors, avec Le Phénomène humain, la publication posthume de ses œuvres.
La pensée teilhardienne articule science et théologie de façon extrêmement originale, symbolique et poétique. Durant les dix années qui ont suivi son décès, ses travaux sont devenus un objet de snobisme, ce qui a eu pour conséquences une mécompréhension de cette pensée, et un désintérêt pour les œuvres publiées et les manuscrits qui attendent une exploitation et une enquête approfondies. Pour cette raison on ne dispose toujours pas d’étude définitive sur Teilhard et l’on mesure encore moins la perspective qu’il a ouverte à l’Église qui lui a imposé le « martyre du silence ». L’œuvre de Teilhard de Chardin s’est développée dans deux sphères contrastées, scientifique et théologique.
Cette dernière est complexe, et sans doute encore à découvrir. Dans son aventure spirituelle, Teilhard mêle hardiment religion, science et art. Son style emprunte à l’amour de la nature d’inépuisables métaphores. Et il intègre dans son discours les apports de la psychanalyse de Jung. Ouvert à tant de mouvements intellectuels contemporains, il s’abreuve de même aux sources les plus variées de la pensée religieuse de Duns Scot à Kierkegaard, de saint Augustin à l’école janséniste. Les véritables sources de sa vision eschatologique résident toutefois clairement dans les Épîtres pauliniennes et les écrits des Pères grecs. évolutionniste en matière scientifique, il développe parallèlement une vision dynamique et évolutive de la théologie et voit, contenue dans la matière, une puissance spirituelle. La figure divine du Christ est déchiffrable à travers le Cosmos mais surtout au travers d’une évolution vers un humain plus parfait, annonçant le retour du Christ en gloire.
Teilhard fut prié de quitter son enseignement, jugé trop moderniste, à l’Institut catholique, et c’est ainsi qu’il fut lancé sur la scène scientifique internationale. En tant que scientifique, Teilhard de Chardin a abordé la géologie, la paléontologie des mammifères, et la paléontologie et la préhistoire humaines. En collaboration avec le père E. Lincent, s.j., il découvre en deux endroits des Ordos, un vaste plateau de Mongolie occidentale, des gisements attestant l’existence de « l’homme paléolithique » en Chine du Nord. Jusque-là, la présence de l’homme paléolithique n’avait jamais été signalée au sud du fleuve Ienisseï. Cette découverte, datée de 1923, l’amène à participer dix ans durant à l’exploitation du gisement fossilifère de Choukoutien, non loin de Pékin. L’homme fossile de Choukoutien, le sinanthrope, est un pithécanthropien, et Teilhard découvre l’existence d’un outillage lithique et de couches culturelles. L’homo erectus pekinensis est donc faber. L’expérience accumulée sur le terrain chinois pendant plus de vingt ans lui permit d’épauler les recherches paléontologiques en Afrique australe qui présente des fissures géologiques analogues à celles de Choukoutien. C’est dans la région du Tanganyika qu’il situait le berceau de l’humanité, l’Afrique étant le seul endroit où toutes les industries lithiques successives soient présentes.
Bibliographie : C. Cuenot, Teilhard de Chardin (écrivains de Toujours, 58), Paris, 1962 ; B. Sesé, Pierre Teilhard de Chardin, Paris, 1997.
B. Van Tiggelen