Les rues de LLN
chemin Van Helmont
Van Helmont
Van Helmont (auditoires) D7
Van Helmont (bâtiment) D7
Van Helmont (chemin) D7-E7
Domaine universitaire. Conseil communal du 28 juin 2010 (chemin).
Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).
* Thème du passé universitaire.
* Thème des toponymes descriptifs.
S’agissant d’un bâtiment (éponyme des auditoires) accueillant le Département de chimie et qui n’est identifié que par le seul patronyme « Van Helmont », on pourrait avoir une hésitation sur la personne visée : Jean-Baptiste (1577-1644), médecin et chimiste formé à l’Université de Louvain, réputé en son temps, ou son fils, François-Mercure (1614-1699), qui marcha sur ses pas, mais sans guère d’apports à la connaissance. C’est sans aucun doute Jean-Baptiste qui est évoqué ici, en tant que pionnier « louvaniste » de la chimie moderne, même si, en un temps où la science commence à peine à se dégager de l’alchimie, il reste un esprit profondément marqué par la pensée médiévale.
Avec le développement du quartier du RER et le réaménagement de la zone « Pasteur » (entre la « voie des Hennuyers » et l’« avenue Georges Lemaître »), la Commission de toponymie s’est intéressée aux chemins conduisant à la « place Louis Pasteur » et qui n’avaient pas de noms. Pour le chemin conduisant vers le centre ville et longeant le « bâtiment Van Helmont », elle a simplement proposé d’en reprendre le nom [PV OL 2, 12 et 13].
* Né à Bruxelles, Van Helmont suit d’abord les cours de la Faculté des arts de l’Université de Louvain, avant de poursuivre son cursus philosophique — il n’a que 17 ans — au collège que les jésuites viennent d’ouvrir dans la cité universitaire. Il s’intéresse ensuite à la médecine et même un temps à la chirurgie : certaines idées originales, en réaction à l’enseignement traditionnel, lui valent même d’enseigner quelque temps à la Faculté. Avide de connaissances, il voyage ensuite énormément à travers toute l’Europe, ce qui lui permet de croiser nombre de savants (Ambroise Paré, Bernard Palissy, etc.), de fréquenter les grands de ce monde, et de s’initier à de nouvelles techniques qui ouvriront la voie à l’expérimentation. Après une dizaine d’années de pérégrinations, il épouse alors une riche Brabançonne, Marguerite Van Ranst et s’établit définitivement à Vilvorde, où il meurt en 1644, après avoir partagé son temps entre les travaux de son laboratoire et la rédaction de traités qui lui valurent l’estime des érudits de son temps.
Vivant à une époque encore très marquée par la philosophie scolastique et, en médecine, par les principes médiévaux dérivés de Galien, ses idées paraîtront cependant vite hermétiques ou fantaisistes à ses successeurs qui, de plus en plus nourris d’expérimentation, auront vite du mal à comprendre une démarche qui reste profondément marquée par la pensée analogique. C’est également le cas de Paracelse, par exemple, qui recommandait de soigner les maux de tête à l’aide chair de noix pilée. Si l’idée nous paraît aujourd’hui absurde, c’est oublier qu’elle procède en fait d’une quête nouvelle de compréhension du monde sur base de l’observation : l’analogie observée entre la forme du cerveau humain et celle de la chair de noix ne suggère-t-elle pas un lien de causalité entre ces deux réalités ? De là une pensée qui nous paraît aujourd’hui obscure, où se mêle des observations très intéressantes (c’est lui par exemple, qui définit le premier correctement ce qu’est une flamme) et des raisonnements philosophiques spéculatifs sur la nature intime des choses. Si le cadre herméneutique de la démarche est erroné (le principe d’analogie), l’intuition sur laquelle elle se fonde (le recours aux observations) débouchera assez vite sur l’idée de vérification à partir d’un modèle explicatif (élaboration de lois par induction). En ce sens, Van Helmont peut être regardé comme un homme de transition, qui, parti de la théorie des humeurs et de l’alchimie, s’ouvre aux premiers tâtonnements du laboratoire : il découvre le principe d’observation, prélude au principe d’expérimentation, qui fondent le nouveau paradigme de la science moderne…
Bibliographie : C. Bernet, Helmont Jean Baptiste van, dans Biographisch-Bibliographischen Kirchenlexikons, t. XXV, Nordhausen, 2005, col. 597-621 ; BN, t. VIII, col. 902-921 ; NBW, t. XII, col. 336-337 ; P. Nèves de Mévergnies, Jean-Baptiste Van Helmont, philosophe par le feu (Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l’Université de Liège, fasc. 69), Liège, 1935.
L. Courtois