Les rues de LLN
passage des Acrobates
Acrobates
Acrobates (passage des) [en réserve]
Conseil communal du 12 décembre 1977.
Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).
* Thème des sports.
Le « passage des Acrobates » évoque les disciplines sportives spectaculaires et perceptibles à un très large public. Il était initialement prévu dans le prolongement du « passage des Coulonneux », vers la « rue du Jeu de Paume », mais cette voirie n’a pas été réalisée.
* Issu du grec « akrobatein », le terme acrobate nous ramène presque naturellement au saltimbanque exécutant avec maîtrise des exercices d’adresse spectaculaires. Cette habileté dans la prouesse se retrouve dans la figure de style que le terme a engendré : c’est un acrobate de la politique, de la finance, de l’informatique, du droit, …
L’acrobatie apparaît dès l’Antiquité, principalement dans l’Égypte ancienne et en Crête, comme une pratique à usage rituel, symbolique et sacré, exercée par des professionnels, saltimbanques ou esclaves spécialisés. Elle est déjà considérée à cette époque comme une activité peu orthodoxe du point de vue de l’ordre social par cette idée que seules des forces occultes peuvent permettre que le corps soit mû dans des prouesses aussi spectaculaires.
En raison de leur nomadisme et de leur statut marginal, la trace des acrobates se perd jusqu’aux jongleurs du Moyen-Âge. La grande popularité de leurs spectacles obligera les autorités civiles et ecclésiastiques à tolérer, malgré elles, ces instruments de divertissement. Sans être révolutionnaires, ils revêtent un caractère subversif par le bousculement des règles que symbolisent les mouvements d’inversion du corps. Les acrobates, associés aux vagabonds et brigands, n’échappent pas aux exigences de contrôle du XIVe au XVIe siècle. L’acrobatie passera ensuite de la rue aux espaces clos des notables sous une forme plus policée et normative à la Renaissance (on songe à l’Arlequin de la Commedia dell arte) avant de retrouver une place grand public dans le succès du cirque, qui apparaît à la fin du XVIIIe. Le caractère subversif qu’elle conserve l’empêche alors de pénétrer la gymnastique qui revendique un but éducatif, utilitaire et disciplinaire. Le pas sera franchi après la Seconde Guerre mondiale et correspondra au déclin du cirque.
L’acrobatie continuera à bousculer le sport traditionnel et à transformer la notion même de sport. Les surfers qui envahissent les plages californiennes à la fin des années 1950 se présentent comme des rebelles sociaux. Ils veulent créer un mode de vie sportif alternatif en contestant les structures traditionnelles du sport. Les fédérations sportives nées dans la première moitié du siècle seront fortement ébranlées par ces nouveaux sports qui, depuis les années 1970, revendiquent le droit à la démesure, au jeu, au plaisir : windsurf, snowboard, skate, roller in line, etc.
On assiste ainsi à la transformation d’un sport d’utilité publique en un sport d’utilité ludique.
L’influence de l’acrobatie s’est également fait sentir au Complexe sportif de Blocry. Le meilleur exemple est fourni par la gymnastique. Quatre salles de gymnastique traditionnelles ont été remplacées en 1998 par une seule salle de gymnastique et de sports acrobatiques. La plus grande et la plus complète du pays.
Bibliographie : Th. Pozzo et Ch. Studeny, Théorie et pratique des sports acrobatiques, Paris, 1987.
Y. Leroy