Les rues de LLN

rampe du Couvent

rue: rampe du Couvent
canton postal: 1348
localité: Louvain-la-Neuve
description:

Couvent

Couvent (rampe du) E3-E4

Conseil communal du 25 février 1975.

Toponyme créé (descriptif lié à la situation).

* Thème des toponymes descriptifs.

La « rampe du Couvent » mène au monastère Sainte-Gertrude, où a longtemps résidé une communauté de bénédictines venues de Leuven (abbaye Sainte-Gertrude) avec le transfert de l’Université. On notera que les religieuses estimaient que ce nom était mal choisi, puisqu’elles habitaient un monastère et non un couvent…

* L’abbaye Sainte-Gertrude de Louvain avait été fondée par le duc de Brabant Henri Ier en 1206, avant d’être occupée pendant près de six siècles par des augustins de l’ordre de Saint-Victor de Paris. Démantelée à la Révolution française, l’abbaye fut vendue en trois lots, tandis que l’abbatiale était confiée au clergé séculier. En 1892, l’essentiel des bâtiments claustraux avait été acquis par l’Union des teinturiers et transformés en atelier. Ému par le délabrement des lieux, le chanoine Armand Thiéry, professeur à l’Université de Louvain, en fit l’acquisition en 1911, avec l’idée de rendre vie aux vieilles pierres. Ce fut chose faite en 1919, lorsque cinq moniales bénédictines de l’abbaye de la Paix Notre-Dame à Liège vinrent s’installer dans le vieil édifice.

Au départ, leur installation dans cette vieille ruine fut plus que précaire et la question des ressources se posa rapidement. C’est dans ce contexte que la demande qui leur fut adressée par l’Université l’année suivante d’ouvrir une pédagogie pour étudiantes fut accueillie avec soulagement. À la rentrée académique d’octobre 1920, en effet, les dames firent leur première apparition dans les auditoires louvanistes, une quarantaine d’années après leur admission à Bruxelles (1880-1881), à Liège (1881-1882) et à Gand (1882-1883)… La « Pédagogie Sainte-Gertrude » fut ainsi pendant longtemps l’un des deux seuls établissements de Louvain, avec la « Pédagogie d’Arras » installée dans l’ancien collège de ce nom, à pouvoir accueillir les jeunes filles. Le règlement, imposé par l’autorité universitaire, était extrêmement strict : les étudiantes étaient soumises à un véritable régime monastique ; les sorties n’étaient autorisées que pour suivre les cours (interdiction des cafés, pâtisseries, etc.) ; il leur était défendu, sous peine d’exclusion, d’adresser la parole aux étudiants en rue ; etc. La première année, cinq « féministes décidées » s’y inscrivent, toutes belges, mais vite rejointes par des étrangères, principalement des russes et des chinoises. Pour l’anecdote, la Chronique de l’abbaye signale la première année, en 1920, que « à table, Maria Rome [de Stavelot, dont un frère est moine à Maredsous et une sœur moniale à la Paix Notre-Dame] et Jeanne Cappe [de Liège, future syndicaliste] parlent wallon pour faire opposition à Rosa Delrue [de Borgerhout] », qui parle flamand (Cahier 12)…

Dans les années 1960, les débats communautaires et l’émergence du mouvement étudiant allaient changer la donne. Abbaye francophone en terre flamande, Sainte-Gertrude n’avait plus sa place à Louvain : les moniales furent très rapidement amenées à partir et décidèrent de s’installer à Louvain-la-Neuve, où elle construisirent un des premier bâtiment de la ville : celui-ci tranche sur les constructions de l’époque, car il est le seul à être couvert d’un crêpi blanc et non d’un parement de briques. L’heure n’était plus aux pédagogies de jeunes filles ! À coté de certaines moniales qui travaillaient à l’extérieur, notamment à la bibliothèque de l’Université (Bibliothèque générale et de sciences humaines), les autres reprirent et continuèrent leurs activités artisanales : atelier de reprographie et de reliure, céramique, etc. Pendant de nombreuses années, les bénédictines ont formé à Louvain-la-Neuve une communauté très accueillante, dont les offices étaient très appréciés par bon nombre de pratiquants, réguliers ou non. En août 2006, sept des huit moniales qui formaient la communauté ont gagné le Monastère Notre-Dame d’Ermeton-sur-Biert, tandis qu’une des aînées rejoignaient l’abbaye de la Paix Notre-Dame à Liège. Les salésiennes, qui en août 2001, avaient ouvert une petite communauté dans la ville universitaire, ont dès lors pu emménager dans le « monastère Sainte-Gertrude » que les bénédictines quittaient.

Bibliographie : J.-B. Buntinx, L. Genicot, Ch. Kerremans, A. Scufflaire et M.-R. Thielemans, Inventaire analytique du chartrier de l’abbaye de Sainte-Gertrude à Louvain. Années 1192 à 1431, Bruxelles, 1996 ; A. Jacobs, L’abbaye noble de Sainte-Gertrude à Louvain depuis son origine jusqu’à sa suppression, Louvain, 1878 ; MB, t. IV, p. 889 sv. ; M. Smeyers, De statuten van de abdij Sint-Geertrui te Leuven en hun relatie tot deze van het Kapittel van Windesheim, dans Pascua Mediaevalia. Studies voor Prof. Dr J.M. De Smedt (Mediaevalia Lovaniensia, sér. I, studia X), sous la dir. de R. Lievens e.a., Leuven, 1983, p. 226-245 ; Id., De stichting en de vroege geschiedenis van Geertruiproosdijn te Leuven (1204-1347), Mémoire de licence inédit en histoire, Katholieke Universiteit Leuven, Leuven, 1961 ; Id. et M. Marjan, De koorbanken van de Sint-Geertruikerk te Leuven, dans Monumenten en Landschappen. t. X, 1991, n° 3; p. 41-58.

L. Courtois

→  Sainte-Gertrude.

     

Classé dans : L'Hocaille