Les rues de LLN
route de Blocry
Blocry
Blocry (ferme de) D3
Blocry (route de) E2-E3-D3
Conseil communal du 3 octobre 1973 (route).
Toponyme repris tel quel à la tradition.
* Thème des toponymes traditionnels.
Bien avant l’existence de Louvain-la-Neuve, l’ancienne entité d’Ottignies était composée, outre le village, de neuf hameaux : la Baraque, le Blanc Ry, le Blocry, les Bruyères, la Croix, Franquenies, le Petit Ry, Pinchart et le Stimont. Trois de ces hameaux — qui subsistent toujours dans la toponymie ottintoise – ont donné leur nom à des quartiers de la ville nouvelle (le « quartier du Biéreau », le « quartier de l’Hocaille » et le « quartier des Bruyères ») et deux à des sous-quartiers (le « quartier de la Baraque » et le « quartier de Blocry »).
Le hameau de Blocry, situé actuellement à l’est du centre d’Ottignies et à l’ouest de Louvain-la-Neuve, était autrefois bien plus étendu ; il commençait à l’église de Blocry, descendait dans la vallée et remontait jusqu’au hameau des Bruyères, à hauteur du home « Les Clairs Vallons » [Tém. P. Collin, L. Collin].
* D’après J. Tarlier, A. Wauters et C. Scops, le nom du hameau, Blocry, wallon Blocrë, ne peut s’expliquer par la présence d’un ruisseau dans les environs : la forme composée Bloc-Ry, où ry est une forme wallonne de ru « ruisseau », est une transformation du nom injustifiée [OTA, p. 170 ; T&W‑T, p. 138]. Cependant, les témoignages des habitants de la Baraque concordent pour dire que la Malaise, qui coulait au fond de la vallée, gorgée des eaux venant des terres de la Baraque, passait dans les terres du hameau de Blocry [Tém. P. Collin, L. Collin].
A. Carnoy propose une interprétation peu convaincante pour ce toponyme : il analyse Blocry comme un dérivé de bloc, signifiant « sabot » en wallon et en flamand. Pour lui, Bloquerie serait à l’origine une « fabrique de sabots » [ONCB, p. 78]. Cependant, le sens de « sabot » que A. Carnoy donne à bloc ne semble pas attesté en wallon [FEW, XV‑1, p. 163-164].
A. Carnoy, comme les scribes des textes anciens, a rapproché Blocry des dérivés formés avec le suffixe féminin ‑erie, comme dans boulangerie, boucherie (wallon boutch’riye), etc. La finale féminine dans Bloquerie doit être considérée comme un phénomène purement graphique, n’ayant aucune valeur, car on la retrouve aussi dans battye, graphie pour le masculin Bati(s) [WAV, XII, p. 75]. De toute façon, la finale du wallon Blocrë ne peut remonter à un dérivé féminin en ‑erie. La voyelle wallonne ‑ë provient en général d’un i bref ou d’un u bref. Ces remarques phonétiques, comme la topographie, invitent plutôt à voir dans Blocry un composé « déterminant + déterminé », dans lequel ‑rë (‑ry) est l’équivalent de ru « ruisseau », issu du latin rivus, qui a donné ru, et les formes dialectales ry, ri, rieu… [FEW, X, p. 422 ; DELW].
L’explication du premier élément est moins aisée. Le mot bloc (du germanique blok) a eu, dans l’ancienne langue et dans les dialectes, des sens tels que « tronc d’arbre, souche, billot ; tronc (pour les aumônes) », etc. [FEW, XV-1, p. 163-164 ; DL ; PNCB, p. 78]. Blocry devrait donc être analysé en « ry du bloc », « ruisseau du bloc », où bloc aurait peut-être le sens de « tronc ou souche ».
Autrefois, le nom du hameau a donné naissance à divers anthroponymes : 1213, Robert de Blocquery, abbé de Villers [OTA, p. 156] ; 1312, Bernard de Blokeri, chevalier [LLNE, p. 84] ; début du XVIe siècle, Alard de Blocquery [LLNE, p. 65]. À Louvain-la-Neuve, ce toponyme traditionnel a donné son nom non seulement à la route se dirigeant vers ce quartier d’Ottignies, mais en outre à plusieurs bâtiments : le « Centre sportif de Blocry », les « Piscines de Blocry » et la « ferme de Blocry ». Toutes ces constructions se trouvent à l’extrême est du quartier de l’Hocaille, proche de l’ancien hameau de Blocry [REUL, 1981 ; InforV, 1987].
- Blocry : wallon Blocrë
Isolé :
1204, 1312, « Blokeri » [T&W‑W, p. 138] ; 1268, « Blocquerie » [AAA, registre 1, D Martin] ; 1374, « Blokery » ; 1384, (?), « Blockeriez » [T&W‑W, p. 138 ; DFB, p. 7] ; 1436, « Blochery » [T&W‑W, p. 138] ; 1484, « Blockery » [T&W‑W, p. 138] ; 1515, « le chemin qui vat de Blocquerie à Berwart » [WAV, XXI, p. 79] ; 1527, « Blockeries » [T&W‑W, p. 138] ; 1538, 1687, 1688, 1717, 1731, 1736, « Blocquery » [AGR, AE, n° 4658 ; GSN, n° 1534, 1535, D Martin] ; 1687, 1735, 1772, 1789, 1792, « Blocry sous Ottignies » [AGR, GSN, n° 1534, 1535, 1539, 1543, 1547, 1548, D Martin] ; 1705, « Blocquery sous Ottignies » [AGR, GSN, n° 1534, D Martin] ; 1708, (?), « Blocquerie » [AGR, GSN, n° 1534, D Martin] ; T&W‑W, p. 142] ; 1729, « Blockery » [T&W‑W, p. 138] ; 1745, (?), « Bloquerie » [Villaret, D Martin ; OTA, p. 170] ; 1755, « le cortil au Batty scitué à Blocri » [AGR, GSN, n° 1539, D Martin] ; 1763, « 3 jours de terre labourable à Blocris », « chemin de Blocris à Ottignies » [AGR, GSN, n° 1545, D Martin] ; 1772, (?), « Bloquery » [AGR, GSN, n° 1542, D Martin ; DFB, p. 358] ; 1773, « Blocris » [AGR, GSN, n° 1544, D Martin] ; « le chemin qui va de Bierwar à Blocquery » [AGR, GSN, n° 1542, D Martin ; WAV, XXI, p. 79], « le chemin qui vat de Bloquerie à Berwart » [OTA, p. 170] ; 1774, « Blocquerie sous Ottignies » [AGR, GSN, n° 1543, D Martin] ; 1777, « Charles Joseph Englebert, censier à Blocris [AGR, GSN, n° 1544, D Martin] ; 1779, « chemin d’Ottignies allant à Blocry » [AGR, GSN, n° 1545, D Martin] ; 1782, « le cortil au Batty à Blocry » [AGR, GSN, n° 1545, D Martin] ; 1791, « la ruelle tendant de Blocry à Bierwart » [WAV, XXI, p. 79] ; 1811, 1846, 1884, « hameau de Blocry » [PCP‑Ott ; ACV‑Ott ; ACE‑Ott] ; 1846, « hameau de Blocery », « hameau de Blocerie », « chemin de Stimont à Blocroy » [ACV‑Ott] ; 1860, « hameau de Bloccry » [Popp‑Ott] ; 1863, « La Bloquerie », « Bloc Ri (orthographe ordinaire) » [T&W‑W, p. 138] ; 1893, « Bloc-Ry » [CTB] ; 1904, 1965, 1972, 1981, « Blocry » [EMC‑Ott] ; CTB ; IGM ; IGN] ; (?), « hameau de Bloc-Ry » [LLNE, p. 63] ; (?), « le hameau de Bloquery » [OTA, p. 170].
Déterminant :
1696, « campagne de Blocry : terre comprise entre la campagne d’Ottignies et celle de Lauzelle, dite aussi le grand champ de Blocry [OTA, p. 170] ; 1716, « la campagne de Blocqueri » [AGR, GSN, n° 1535, D Martin] ; 1718, 1730, « la campagne de Blocquery sous Ottignies » [AGR, GSN, n° 1535, D Martin] ; 1741, « la campagne de Blocry sous Ottignies » [AGR, GSN, n° 1537, D Martin] ; 1774, « sur la campagne de Blocry, au champ Valée » [AGR, GSN, n° 1544, D Martin] ; 1777, « la campagne de derrière Blocris sous Ottignies [AGR, GSN, n° 1544, D Martin].
1714, « le grand champ de Blocry » [AGR, GSN, n° 1535, D Martin] ; 1775, « le grand champ de Blocry sous Ottignies » [AGR, GSN, n° 1543, D Martin].
1713, « le champ de Blocry » [AGR, GSN, n° 1534, D Martin] ; 1724, « le champ de Blocry sous Ottignies » [AGR, GSN, n° 1535, D Martin] ; 1772, « le champ de Bloquery sous Ottignies » [AGR, GSN, n° 1542, D Martin] ; 1774, « sur le champ de Blocry », au « champ Vallée » [AGR, GSN, n° 1544, D Martin] ; 1846, « champ de Blocroy » [ACV‑Ott].
1632, « de hoeve van Blockerye » [T&W‑W, p. 138]. 1722, 1750, 1768, « la cense de Blocri » [AGR, GSN, n° 1535, acte n° 2, 1538, 1542, D Martin] ; 1730, 1731, 1750, 1781, « la cense de Blocquery » [AGR, GSN, n° 1535, 1539, 1545, D Martin] ; 1772, 1798, « la cense de Blocry » [AGR, GSN, n° 1545, 1547, D Martin] ; 1773, 1777, « la cense de Blocris » [AGR, GSN, n° 1544, D Martin] ; 1777, « cense de la Bloquerie » [Ferraris]. 1863, « ferme de Bloquerie », « ferme de la Bloquerie ou de Spangen » [T&W‑W, pp. 138, 156] ; (?), « la ferme de Bloquery [OTA, p. 170] ; 1974, 1981, 1987, « ferme de Blocry » [PV 19 ; REUL ; InforV]. Au début du XVIIIe siècle, apparaissent les mentions attestant l’existence d’une « cense de Blocry », différente de la « ferme de Blocry » actuelle. La « cense de Blocry » se trouvait autrefois à l’emplacement de l’église de Blocry. Cette ferme existait déjà au Moyen-Âge. Elle était propriété des seigneurs depuis le XIVe siècle. En 1731, lorsque la famille de Spangen vendit la seigneurie, elle garda cette ferme qui lui appartenait encore vers 1860. Cette ferme a été démolie durant la guerre de 1914-1918 [PV 9, 19]. La « ferme de Blocry » actuelle, parfois appelée aussi « ferme de l’Hocaille », car elle se trouve dans ce quartier, est l’ancienne « ferme Roobroeck (père) », datant tout au plus du XIXe siècle. Son nom rappelle l’existence de l’ancienne « ferme de blocry ».
1846, « fond de Blocroy » [ACV‑Ott] ; (?), « campagne du Trimartin, dans le fond de Blocry, en contrebas de la ferme de Bierwart [OTA, p. 182].
I. Lejeune