clos des Gilles

Gilles

Gilles (clos des)           D4

Gilles (rue des)     D3-D4

Conseil communal du 25 février 1975.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

*    Thème du folklore et des traditions populaires de Wallonie.

Les célèbres gilles de Binche sont également présents à Louvain-la-Neuve dans « clos des Gilles » et « rue des Gilles ».

*   Personnage principal du carnaval de Binche, le gille ne sort avec son déguisement que le mardi du carnaval. L’explication de ses origines a donné lieu à différentes hypothèses, dont celle du « Gille Inca ». Contrairement à ce qu’on a pensé longtemps, l’origine du gille n’est pas à rattacher aux fêtes données en 1549 par Marie de Hongrie, en l’honneur de Charles Quint ; il s’agit là d’une légende — encore largement ancrée dans l’esprit des Binchois —, mais qui ne résiste pas à l’analyse ethnographique et comparative, quoique complexe et moins flatteuse. Le personnage du carnaval de Binche est bien antérieur à cette influence du théâtre de foire. L’hypothèse souvent maintenue et la plus sérieuse rapproche le gille de Binche de la Commedia dell’Arte, connue dans nos régions depuis le XVII^e siècle. Il serait frère du Pierrot et de l’Arlequin de Malmedy et du Chinel (Polichinelle) de Fosses-la-Ville. Parmi les éléments de base, rituels, du personnage, on citera le monopole masculin, le port du masque, les sabots, les sonnailles, le ramon ou balai, la danse ou marche rythmée au son du tambour et les gestes d’offrande. Dans les éléments ultérieurs, on notera l’apport dû au personnage du théâtre populaire typique du XVIII^e siècle, certains éléments du costume dont les bosses, la collerette, la barrette ainsi que le mouchoir de cou. Enfin, comme éléments plus récents, d’inspiration bourgeoise et intellectuelle, le lancement d’oranges et de bonbons, le chapeau à plumes d’autruche, les lions héraldiques et les armoiries nationales ornant le costume, ainsi que certains airs de musique attribués à des chefs de fanfare locaux. En résumé, le gille tel qu’on le connaît est le résultat d’un personnage de carnaval traditionnel dont le costume et le comportement se sont enrichis progressivement d’éléments nouveaux, traditionnels ou plus conventionnels, mais au comportement toujours marqué de signification profonde.

Le succès du carnaval de Binche a été tel qu’au XIX^e siècle déjà, des carnavals du Centre se sont emparés du personnage (à La Louvière, notamment). Il est maintenant bien implanté dans cette région et même dans des régions plus éloignées.

Bibliographie : FBe, t. I, p. 271-296 ; S. Glotz, Le carnaval de Binche, Gembloux, 1975 ; Id., De Marie de Hongrie aux Gilles de Binche. Une double réalité, historique et mythique, Binche, 1995 ; MTE, p. 104.

J. Germain et I. Lejeune

→  Chinels.