Les rues de LLN

rue Pindare

rue Pindare
1348
Louvain-la-Neuve

Pindare

Pindare (rue) D4

Conseil communal du 15 avril 1975.

Toponyme créé (toponyme non descriptif).

* Thème du patrimoine européen et universel.

* Thème des sciences humaines.

« Rue Pindare » (518-438 ACN) célèbre ce poète lyrique grec, dont il nous reste ses quatre livres d’Épinicies, odes triomphales, dédiées aux vainqueurs des jeux.

Cette rue, dont le nom n’est pas mentionné sur les plans de la ville, relie, par un petit chemin en escalier, l’« avenue Jean-Libert Hennebel » à l’« avenue du Marathon ». Même si aucun bâtiment ne lui a emprunté son adresse, il a cependant une existence parfaitement légale.

* On sait relativement peu de choses de la vie de Pindare. Né près de Thèbes, en Béotie, il appartenait, selon ce qu’il semble affirmer dans l’une de ses odes, la Cinquième Pythique, à la famille des Égides, un ancien clan aristocratique de descendance dorienne. D’après la légende, il se serait formé auprès de la poétesse béotienne Corinne, avant de parfaire son art à Athènes. Il voyagea énormément à travers le monde grec et fut reçu à la cour des tyrans de Sicile Hiéron de Syracuse et Théron d’Agrigente, en l’honneur desquels il écrivit plusieurs odes. Toujours selon la légende, le poète lyrique serait mort octogénaire, alors qu’il assistait à une représentation au théâtre d’Argos, la tête appuyée sur l’épaule de son jeune ami, Théoxène de Ténédos, dont il était « grâce à la déesse [Aphrodite], ardemment épris », et devant lequel il « [fondait] comme au feu la cire des abeilles saintes », selon un poème qu’il avait écrit en son honneur (cité par Athénée, Deipnosophistes, XIII, 601 et traduit par M. Yourcenar).

Pindare composa un très grand nombre de poèmes, abordant toutes les formes de la lyrique grecque, mais seuls les quatre livres d’Épinicies (nikè signifie « victoire », en grec) ont été conservés dans leur quasi-intégralité. Ces œuvres ont été écrites en l’honneur des vainqueurs aux quatre grands Jeux panhelléniques — olympiques, isthmiques, pythiques et néméens. En dépit de leur caractère quelque peu solennel, qui a valu à leur auteur d’être qualifié par Voltaire d’« inintelligible et boursouflé Thébain », ou encore de « chantre des cochers et des combats à coups de poing », les odes triomphales, composées en dialecte dorien littéraire, regorgent de métaphores géniales et abordent des thèmes variés, comme par exemple le sort de l’homme : « […] Éphémères ! Qu’est l’homme ? Que n’est pas l’homme ? L’homme est le rêve d’une ombre… Mais quelquefois, comme un rayon descendu d’en haut, la lueur brève d’une joie embellit sa vie, et il connaît quelque douceur… » (Huitième Pythique, 95-97 ; traduction de M. Yourcenar).

L’influence de la poésie de Pindare fut considérable sur la postérité, à commencer par Horace qui dit, dans l’une de ses odes (IV, 2, 1-4) : « Pindare ! quiconque […] entreprend d’être son rival s’enlève sur des ailes liées de cire par le secours de Dédale et donnera son nom à la mer cristalline » (traduction de F. Villeneuve, C.U.F.). Il faut encore citer, parmi ses admirateurs et imitateurs, Ronsard, John Milton, John Dryden, Goethe, Victor Hugo et Saint-John Perse.

Bibliographie : The Oxford Companion to Classical Literature, 2e éd., sous la dir. de M.C. Howatson, Oxford, 1989, p. 438-440 ; M. Piérart, Pindare, dans Patrimoine littéraire européen. Anthologie en langue française, sous la dir. de J.-C. Polet, t. II, Héritages grec et latin, Bruxelles, 1992, p. 73-81 ; E. Robbins, Pindaros, dans Der Neue Pauly. Enzyklopädie der Antike, sous la dir. de H. Cancik et H. Schneider, t. IX, Stuttgart-Weimar, 2000, col. 1031-1036 ; C. Segal, Pindar, dans The Cambridge History of Classical Literature, sous la dir. de P.E. Easterling et B.M.W. Knox, t. I, Greek Literature, Cambridge, 1985, p. 226-235 ; M. Yourcenar, La couronne et la lyre. Poèmes traduits du grec, Paris, 1979, p. 149-162.

O. De Bruyne

  

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