Les rues de LLN

passerelle Gaston Reiff

passerelle Gaston Reiff
1348
Louvain-la-Neuve

Reiff

Reiff (passerelle Gaston) D2

Domaine privé (Centre sportif de Blocry).

Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).

* Thème des figures de nos régions.

* Thème des sports.

Nom donné par le Centre sportif de Blocry à la passerelle enjambant le « boulevard de Lauzelle » et permettant de joindre les infrastructures sportives situées de l’autre côté, dont la piste d’entraînement d’endurance : Gaston Reiff, en effet, fut le premier belge à gagner une médaille d’or en athlétisme en remportant l’épreuve des 5000 mètres — c’était le 2 août 1948 —, lors des Jeux olympiques de Londres. Paradoxalement, ce nom a été choisi par le Conseil d’administration du Centre, qui comprend notamment des représentants de la Commune, mais il ne s’agit pas d’un nom « officiel » [PV OL 6].

* Nous sommes en 1992. Sur proposition de Valmy Féaux, alors bourgmestre d’Ottignies–Louvain-la-Neuve et vice-président du Complexe sportif de Blocry, le Conseil d’administration de ce dernier décide de baptiser « passerelle Gaston Reiff » l’ouvrage d’art enjambant le « boulevard de Lauzelle ». Cette décision n’a pas été prise par la Commission de toponymie, la passerelle n’appartenant pas au domaine universitaire comme tel et n’étant pas non plus voirie communale. Il s’agissait plutôt de rendre un hommage sportif à un homme d’exception et à celui qui fut très certainement un de nos plus grands champions : médaille d’or aux jeux olympiques de Londres en 1948, auteur de 26 records nationaux et de trois records du monde.

Quel beau symbole que celui d’une passerelle reliant la piste d’athlétisme aux autres activités sportives du Complexe. Car c’est bien sur une piste, mais de terre battue comme on en réalisait à l’époque, que notre champion signe son plus bel exploit. Nous sommes sur le stade de Wembley le 2 août 1948. Ce sont les premiers jeux olympiques de l’après-guerre. Renversé par une voiture deux semaines plus tôt, Gaston Reiff est bien au départ. Emil Zatopek, qui deviendra non seulement son ami mais un des plus grands coureurs du XXe siècle, impose son rythme dans ce 5000 mètres. Notre compatriote ne se laisse pas impressionner et place une belle accélération au quatrième kilomètre. Il creuse un écart d’une trentaine de mètres sur la piste détrempée. Loin de s’avouer vaincue, la « locomotive » tchécoslovaque réagit avec puissance dans la dernière ligne droite. Emil revient en force sur Gaston. Le suspense est total pour les 90 000 spectateurs debout sous une pluie battante. Reiff sent la crispation de la foule, s’accroche et résiste. L’or sera belge et il faudra attendre Gaston Roelants, en 1964, et Tia Hellebaut, en 2008, pour que cela se reproduise dans la discipline reine des jeux ! C’est bien dire que l’exploit est de taille.

Gaston Reiff est aussi un champion comme on les aime, chaleureux, modeste, participant à des épreuves sans enjeu pour le seul plaisir du sport. Il s’implique dans l’organisation sportive. Né le 24 avril 1921 à Braine-l’Alleud, il y deviendra échevin des sports et sera conseiller technique à l’ADEPS. Gaston Reiff est décédé en 1992.

C’est à la fois l’homme et le champion, qu’une quinzaine de coureurs amateurs ont voulu célébrer en amenant le drapeau olympique du Stade Gaston Reiff de Braine-l’Alleud jusqu’ au Complexe Sportif de Blocry à l’occasion de l’ouverture des jeux de Pékin. En 2008, 60 ans après son exploit, le drapeau olympique flottait sur la passerelle Gaston Reiff et cela, en présence de son épouse.

Y. Leroy

Classé dans : Le Blocry | L'Hocaille