Les rues de LLN
Auditoires Cyclotron
Cyclotron
Cyclotron (Auditoires) F8-F9
Cyclotron (chemin du) E8-E9-F9
Cyclotron (parking) E9-F9
Domaine universitaire (auditoires et parking). Conseil communal du 27 juillet 1972 et du 28 avril 2009 (chemin).
Toponyme créé (descriptif lié à la situation).
* Thème des toponymes descriptifs.
* Thème du passé universitaire.
Si le « chemin du Cyclotron » conduit effectivement à l’endroit dénommé, il est aussi un rappel du rôle pionnier joué par l’Université de Louvain dans le domaine de la physique nucléaire. Suite à la visite du roi de Suède à Louvain-la-Neuve, le 10 mai 2001, la rue conduisant au Cyclotron et au parking du même nom, a été rebaptisée « rue Louis de Geer », pionnier wallon de la métallurgie en Suède au XVIIe siècle. En 2009, le chemin s’est étendu à la voirie ceinturant le bâtiment.
* C’est en 1932 que James Chadwick (prix Nobel 1935) découvre le neutron, clef de notre compréhension de la constitution du noyau de l’atome. La même année, Ernest Lawrence (prix Nobel 1939) et Stanley Livingston inventent le cyclotron, accélérateur de particules. Ces particules à grande vitesse permettent de synthétiser des centaines de nouveaux noyaux atomiques radioactifs ou encore de provoquer la désintégration artificielle de ceux-ci en produisant notamment des quantités de neutrons bien supérieures à ce qui pouvait être produit à partir de sources radioactives naturelles telles que le radium.
À l’Université catholique de Louvain, ces deux caractéristiques suscitent, en 1937, l’intérêt du professeur Marc de Hemptinne pour ce genre d’équipement. Il était également très sensible aux progrès en thérapie du cancer par irradiation des tumeurs aux neutrons du cyclotron. Il rend visite à E. Lawrence et lui envoie ensuite deux de ses assistants, J.-M. Delfosse et P. Capron, pour se familiariser avec le cyclotron et revenir avec des plans pour en faire construire un par les ACEC (Ateliers de construction électrique de Charleroi). Un devis est préparé à la veille de la guerre ; il en résulte que le projet de cyclotron à l’Université catholique de Louvain est mis au frigo.
Il en ressort en 1947. Il n’y avait alors que quatre cyclotrons en Europe : deux en Angleterre, un à Paris et un à Zurich, mais un grand nombre aux États-Unis. Il faut se souvenir que durant la guerre 1940-1945, on avait poursuivi activement les recherches en physique nucléaire, principalement aux États-Unis. La priorité avait porté sur ses applications telles que les réacteurs nucléaires et les armes dites atomiques. La Belgique avait participé à cet effort de guerre comme fournisseur du minerai d’uranium extrait au Congo belge. Cela lui avait valu un financement important de la recherche nucléaire, que l’Université catholique de Louvain investira dans la construction du premier cyclotron belge. L’électro-aimant arrive des ACEC en janvier 1951 dans le nouveau bâtiment de l’Institut de physique nucléaire construit dans le parc d’Arenberg. Il se trouve actuellement comme monument sur la berme centrale du « boulevard Baudouin Ier », à quelques dizaines de mètres de son croisement avec le « chemin du Cyclotron », après avoir travaillé comme accélérateur jusqu’en juin 1971.
Pierre Macq est envoyé en 1957 par Marc de Hemptinne chez son ami E. Lawrence, au laboratoire de Berkeley, qui était alors « La Mecque » des accélérateurs. Il en revient convaincu qu’il est urgent de moderniser le cyclotron de l’Université catholique de Louvain par l’extraction de son faisceau et sa transformation future en cyclotron à secteurs. Les moyens financiers tardent à venir et la Belgique prend petit à petit du retard dans sa percée en physique nucléaire, au point qu’en 1964, les physiciens s’accordent pour mettre ensemble tous leurs moyens financiers et humains dans le projet d’un laboratoire national de physique nucléaire de « basses énergies » (les « hautes énergies » leur étaient accessibles dans le laboratoire européen de Genève, le CERN). Ce projet avorte mais renaît sous une autre forme en 1965. En effet, sous la pression du Walen buiten, l’Université catholique de Louvain, encore statutairement unitaire, envisage de désengorger la vieille ville en essaimant des candidatures et des laboratoires de recherche dans le canton de Wavre. Pourquoi ne pas commencer par un important laboratoire de physique nucléaire qui prendrait le relais du premier cyclotron ?
En décembre 1967 la décision est prise : on va acquérir un nouveau cyclotron, de performances up to date et l’installer sur le plateau de Lauzelle comme signe fort de la volonté d’implantation en Wallonie. En 1969, un contrat est signé entre Thomson-CSF, les ACEC et l’Université catholique de Louvain-Katholieke Universiteit Leuven ; ce contrat prévoyait l’hypothèse de l’érection des deux sections linguistiques de l’Université en personnalités juridiques distinctes, ce qui n’allait pas tarder.
Le 2 février 1971, le roi Baudouin, entouré de 13 de ses ministres et des représentants de 30 pays, assiste dans le grand hall du cyclotron de Louvain-la-Neuve à l’inauguration de la première pierre de l’Université catholique de Louvain « chassée » de sa ville d’origine. En 1972, CYCLONE (CYClotron de Louvain-la-NEuve) fournit ses premiers faisceaux.
La créativité et le dynamisme des ingénieurs, des physiciens et des techniciens feront de cet accélérateur, en perpétuelle actualisation, un catalyseur de collaborations interuniversitaires, internationales et interdisciplinaires, notamment en médecine. À l’aube du troisième millénaire, le Centre de recherche du cyclotron est le leader dans l’accélération par cyclotron de noyaux radioactifs utilisés notamment pour reconstituer en laboratoire des éléments de la genèse de la matière lors d’explosions stellaires.
La dynamique créée par ce Centre de recherche est, en 1986, à l’origine de la création par l’ingénieur en chef de CYCLONE d’une firme de renom international dans la construction d’accélérateurs : IBA (Ion Beam Application), installée dans le parc scientifique de Louvain-la-Neuve, près de CYCLONE.
P. Macq
→ Baudouin ; Hemptinne ; Geer.