Les rues de LLN

rue Jules-Arthur Vierendeels

rue Jules-Arthur Vierendeels
1348
Louvain-la-Neuve

Vierendeels

Vierendeels (rue Jules-Arthur)            [abandonné]

Conseil communal du (/).

Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).

* Thème des figures de nos régions.

* Thème des grands scientifiques, inventeurs et industriels.

* Thème du passé universitaire.

C’est en 1995 qu’il a été décidé d’appeler les différents quartiers du parc scientifique du nom d’une personnalité de renommée international et qui soit, si possible, également le nom d’une artère du quartier [PV 40]. On a tenu compte à cet égard des souhaits des entreprises installées dans les « parcs scientifiques », qui désiraient des noms de scientifiques ou d’industriels connus sur le plan international. « Rue Jules-Arthur Vierendeels », du nom d’un ingénieur et professeur de Louvain inventeur d’une célèbre poutre métallique, fut à l’époque proposée par la Commission, mais l’homme a été jugé trop peu connu [PV 43]. La culture n’est plus ce qu’elle était…

* Issu d’un milieu modeste (son père était un petit artisan serrurier-mécanicien), Jules-Arthur Vierendeel (1852-1940) fait de brillantes études à Grammont, où ses parents se sont installés. Au décès de son père, sa mère l’encourage à poursuivre des études à Louvain, où il conquiert en 1874 son diplôme d’ingénieur des arts, des manufactures, du génie civil et des mines. Il commence sa carrière aux Ateliers de La Louvière, où il assure la responsabilité de chef de service de 1876 à 1885. Il s’y illustre d’emblée en concevant la structure du nouveau Cirque Royal de Bruxelles, une des premières charpentes métalliques de Belgique : la hardiesse, pour l’époque, de la conception de l’ouvrage émeut l’opinion publique, mais le jeune ingénieur tient bon et impose son projet. Homme de terrain doué d’un sens de l’observation pénétrant et d’une intelligence toujours en éveil, il va constamment faire progresser les connaissances théoriques en matière de résistance des matériaux. C’est ainsi qu’après la réalisation du pont de Heumen, en Gueldre, où il passe plusieurs semaines à régler au son la tension des barres diagonales du pont, il entreprend des expériences de laboratoire destinée à modéliser la résistance et l’élasticité des barres de traction.

En 1885, sa carrière change d’orientation : il est recruté comme ingénieur en chef directeur du service technique provincial de Flandre occidentale, ce qui lui ouvre un large éventail d’activités d’ingénierie. Il s’y atèle avec détermination à la réalisation du programme de modernisation du réseau routier en transformant 2271 kilomètres de chemins vicinaux en routes pavées… En 1889, il est nommé professeur à l’Université catholique de Louvain, où il est chargé des chaires de résistance des matériaux et de stabilité des constructions et d’histoire de l’architecture. Il va y déployer une activité scientifique intense — on peut le considérer comme un des pionniers de la recherche expérimentale dans le domaine des construction —, qui va révolutionner l’art de construire. Dès 1889, il publie son cours de stabilité des constructions en huit volumes, dont les idées novatrices s’écartent des principes traditionnels et qui ne finiront par s’imposer qu’après des décennies de polémiques. En 1896, il est à nouveau objet de scandale dans le monde des savants et des ingénieurs, avec la mise au point d’une poutre à arcades — la « poutre Vierendeel » — qui rivalise désormais avec la poutre classique à triangulation, dont les calculs de résistance établi par le mathématicien italien Luigi Cremona (1830-1903) étaient considérés comme un dogme de la construction métallique. Malgré des résistances tenaces, son invention finira par s’imposer, en Belgique et au Congo d’abord, puis progressivement dans le reste du monde.

Moins connus, mais non moins importants, sont ses travaux en matière de stabilité des fondations (où il établit une théorie débouchant sur une nouvelle formule de calcul statique des pieux de fondation), et les bases de magnéto-élasticimétrie (une science nouvelle dont il fut le premier à jeter les bases, et qui énonce que « Toute traction, quelque minime soit-elle, qui agit sur une barre de fer ou d’acier, la transforme en aimant temporaire ou permanent ; la cohésion par traction est de nature magnétique »). Esprit curieux de tout, il s’intéressa également aux débuts de l’aviation et déposa, en 1909, un brevet pour des hélices de propulsion à deux ou plusieurs plans. Pendant la Première Guerre, il mettra ses loisirs forcés à profit pour rédiger une Esquisse d’une histoire de la technique (1921), avant de s’atteler, dans le cadre de son mandat à l’administration provinciale de Flandre occidentale, à la tâche immense de la reconstruction, puis au développement de l’éclairage public électrique. Après sa retraite de l’administration, il continuera son enseignement à Louvain jusqu’en 1935, enseignement vivant et attractif, malgré son grand âge (il quittera à 83 ans…).

Bibliographie : BN, t. XXXV, p. 730-742.

L. Courtois

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